Ziad Takieddine, né le 14 juin 1950 à Baakline, village druze de la montagne du Liban, est un homme d'affaires, un intermédiaire dans des contrats internationaux, dont le nom a souvent été mêlé à des scandales politico-financiers. À l'été 2011, il est au centre de révélations du journal en ligne Mediapart le reliant à plusieurs dossiers impliquant plusieurs responsables ministériels français.
En 1994, lui et son compatriote Abdulrahman El-Assir, sont mandatés au dernier moment par la France pour mener à bien les négociations pour deux importantes ventes d'armes : l'opération Sawari II avec l'Arabie saoudite portant sur la livraison de frégates et le contrat Agosta portant sur la vente de sous-marins au Pakistan pour 5,4 milliards de francs1.
Ses relations avec Claude Guéant débutent en 2003 concernant le projet de vente d'un système de surveillance des frontières de l'Arabie saoudite. Le contrat dit « Miksa » soutenu par le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy (alors que c'est une affaire devant relever du ministère des Affaires étrangères) prévoit une commission de 350 millions d'euros à l'intermédiaire libanais, qui est bloquée in extremis, début 2004 par le président Jacques Chirac craignant alors un possible financement politique occulte de son rival2.
Il est le principal entremetteur, en lien avec Claude Guéant de la négociation de contrats en lien avec l'entourage de Nicolas Sarkozy avec le régime libyen de 2005 à 20072 puis avec le régime syrien3.
Sa grande proximité avec des dirigeants politiques et certains de ses soutiens dans le monde des médias et des affaires est illustrée4 quand Thierry Gaubert et Jean-François Copé, alors ministre délégué auprès de Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, ont organisé l'hospitalisation et le rapatriement d'urgence de Ziad Takieddine, victime d'un accident dans l'archipel des Grenadines en avril 2004, pendant les négociations du contrat « Miksa », qui aurait été une tentative d'assassinat où la responsabilité d'Alexandre Djouhri, ami proche de Dominique de Villepin, a été évoquée. Évacué d'urgence à la Barbade, il note dans une synthèse des événements: « à la demande de Jean-François Copé, un médecin français (…) est arrivé après cette intervention chirurgicale qui m'a sauvé »5.
Le 19 décembre 2002, Marc Lassus, ancien président fondateur de Gemplus démissionne du conseil d'administration, de même que son allié Ziad Takieddine. Cette annonce intervient juste avant un vote de l'assemblée générale extraordinaire du groupe. La direction demande la révocation des deux administrateurs accusant Marc Lassus de ne pouvoir débourser un prêt de 78 millions d'euros accordé par la société, et accuse M. Takieddine d'avoir critiqué des décisions prises au sein du Conseil6.
Isola 2000[modifier]
Ziad Takieddine était depuis le début des années 1980 le gérant de la station de sports d'hiver Isola 20007. Il y avait fait la connaissance entre autres de François Léotard, qui deviendra ministre de la Défense en 1993 alors que le contrat Sawari traînait en longueur depuis quatre ans, parce que les Saoudiens, justement, voulaient un « contrat propre ». C'est alors que Ziad Takieddine est devenu leur conseiller8.
Karachi[modifier]
Article connexe : Affaire des frégates d'Arabie saoudite et des sous-marins du Pakistan.
Dans l'Affaire Karachi, Ziad Takieddine est accusé d'avoir joué l'entremetteur entre la classe politique française et le Pakistan pour assurer la vente de frégates françaises. Celui-ci aurait été imposé dans les négociations à la dernière minute, et aurait empoché une somme d'argent anormalement élevée pour son rôle d'intermédiaire. En 2010, l'homme d'affaires riposte, accuse le camp Chirac et porte plainte pour tentative d'assassinat9.
Signé le 21 septembre 1994, le contrat Agosta dessine selon le journaliste Guillaume Dasquié un « schéma de corruption [qui] profite en particulier à Ali Zardari - époux du Premier ministre de l'époque Benazir Bhutto, avant de devenir plus tard président du Pakistan10».
Le 24 avril 2012, Ziad Takieddine doit désormais faire face à une nouvelle mise en examen : il est accusé de "blanchiment et recel d'abus de biens sociaux aggravés", dans l'enquête sur une possible corruption en marge de la présidentielle de 199511.
Le 3 septembre 2012, il porte plainte contre l'ex-Premier ministre Édouard Balladur devant la Cour de justice de la République pour complicité et recel d'abus de biens sociaux dans le cadre de cette affaire12.
Contrat « Miksa »[modifier]
Entre 1997 et 1998, il perçoit 91 millions d’euros pour la vente de frégates à l’Arabie saoudite, validée en novembre 1994 par Nicolas Sarkozy en tant que ministre du budget4.
Après avoir engagé un processus arbitral, fin 1996, il a pu ainsi obtenir, en trois versements, 130 millions de dollars sur le « compte secret » n° 3585 ouvert à la banque de la Méditerranée à Beyrouth: 75 millions le 7 avril 1997, 25 millions le 31 décembre 1997 et 30 millions le 31 mai 19984. De ces sommes, 11 863 176 euros de « paiement secrets » échelonnés de 2003 à 2008, « avec des pointes autour de 4,5 millions en 2005 et 2006, années pré-électorales » selon Rue 8913.
Libye[
Après la levée de l'embargo militaire sur la Libye en 2004, Ziad Takieddine est devenu l'intermédiaire privilégié de la France pour négocier du matériel de guerre avec le régime de Mouammar Kadhafi. Avec Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministre de l'intérieur, puis secrétaire général de l'Élysée, Ziad Takieddine est le pivot d'accords financiers entre la France et la Libye entre 2005 et 2007 selon les révélations de Mediapart2. Grâce à l'appui du ministère français de l'intérieur, il obtient en avril 2007 des commissions occultes sur un marché de matériel de chiffrement des communications2.
Le 22 septembre, douze jours plus tard, Ziad Takieddine envoie ainsi une nouvelle à Claude Guéant, directeur de cabinet au ministère de l'intérieur, au sujet de sa visite préparatoire où l'intermédiaire évoque parle des possibles contrats relatifs à la «protection des frontières effectuée par le pôle de sécurité française dirigé par Sagem et le "refit" des Mirage, Sukhoï (170 en tout)», sujets normalement de la compétence du Ministère de la défense. Si ces contrats sont bloqués par la Présidence de la République, celui de 33 millions d’euros conclu en avril 2007 avec une filiale de Bull apporte à Ziad Takieddine 4,5 millions d’euros de commissions, que la loi française proscrit depuis 20002.
Sa proximité avec le régime libyen lui permet de négocier avec le journaliste du Journal du dimanche Laurent Valdiguié un entretien exclusif avec Mouammar Kadhafi, alors que la Libye est touchée par la Guerre civile libyenne de 2011. Les conditions de cet entretien sont soumises à controverse, les douanes françaises ayant retrouvé plus de 1,5 millions d'euros en liquide dans le jet privé de Ziad Takieddine qui ramenait le journaliste Laurent Valdiguié sur le sol français14.
C'est grâce à cette position d'entremetteur privilégié entre Paris et Tripoli qu'il reçoit 6,9 millions d'euros de la part de l'entreprise pétrolière française Total dans le cadre de la négociation d'un contrat gazier15,16.
En avril 2012, il affirme que le document publié par Mediapart concernant un possible financement de la campagne électorale de Sarkozy en 2007 par la Libye est « crédible ». Il s'agissait d'une note, signée par Moussa Koussa, alors chef des services secrets libyens, dans lesquels Tripoli promettait « 50 millions d'euros » à Sarkozy ; elle ne précise pas si ces fonds ont été versés. Le président Sarkozy et son entourage ont qualifié la note de « faux » et le siteMediapart d' « officine de la gauche ». Mediapart est un site indépendant17.
Relations avec des personnalités politiques françaises
Selon les photos et documents publiés par Mediapart et l'interview diffusée sur France Inter, Ziad Takkiedine est un ami proche de personnalités politiques liées à Nicolas Sarkozy : l’ancien ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy mêlé au scandale du 1 % logement18 Thierry Gaubert, le secrétaire général de l’UMP et ex-ministre du budget Jean-François Copé et Dominique Desseigne, propriétaire du restaurant le Fouquet's19,4. Après la victoire de la droite en 2002, il organise une fête le 27 juin 2002 rassemblant les anciens partisans d'Édouard Balladur en 1995 dont Renaud Donnedieu de Vabres, ex-ministre aux affaires européennes et futur ministre de la culture; Jean-François Copé (qui confirme plusieurs autres invitations dans sa villa du cap d'Antibes et à l'étranger), secrétaire d’État aux relations avec le Parlement; Brice Hortefeux, alors membre du cabinet du ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy; Christian Estrosi alors député; Thierry Gaubert et Étienne Mougeotte, alors vice-président de TF14.
Les documents obtenus par Mediapart font apparaître à la date du 7 avril 2004, un « avoir de la famille Copé » de 19 050 euros dans les comptes de l’intermédiaire, au moment où Ziad Takieddine s’emploie à décrocher des marchés d’État au ministère de l’intérieur, alors dirigé par M. Sarkozy, dont le contrat « Miksa » de protection des frontières de l’Arabie Saoudite, suivi en direct par Brice Hortefeux et Claude Guéant, en relation étroite avec Ziad Takieddine4. Pour améliorer son image, une interview au Figaro, qualifiée de « remarquablement menée par M. Mougeotte » selon Ziad Takieddine, présente Bachar el-Assad sous un jour favorable alors que sont négociés des contrats militaires et pétroliers.
Le 27 mars 2012, Ziad Takieddine annonce sur BFM TV qu'il votera François Hollande à l'élection présidentielle de 201220.
Le 24 avril 2012, Ziad Takieddine accuse et dénonce ce qu'il appelle « le système Sarkozy ».
Affaire de la non-imposition
Résident fiscal français, il contrevient selon Mediapart à l'obligation de déclarer son patrimoine et dissimule ses biens au point de ne pas être imposable. Il cache les commissions perçues sur les ventes d'armes à l'Arabie saoudite, les 91 millions d'euros encaissés sur le contrat des frégates Sawari 2 en 1997 et 1998 étant répartis sur plusieurs comptes offshore, déconnectés de ses comptes bancaires officiels. Il ne déclare qu'un salaire versé par une société libanaise qu'il contrôle de 347 000 euros en 2002, de 150 443 euros en 2007, sommes dont étant déjà imposé au Liban, il n'acquitte aucune somme en France. Sa déclaration de patrimoine signée le 23 octobre 2008 dans le cadre d'une demande de prêt bancaire évalue pourtant ses biens à 97,2 millions d'euros, dont plus de 40 millions localisés en France21. Le porte-parole du PS Benoît Hamon demande alors à la ministre du Budget, Valérie Pécresse, des « éclaircissements » sur cette situation, alors que le président socialiste de la commission des finances de l'Assemblée Jérôme Cahuzac annonce vouloir exercer son « pouvoir de contrôle13. » le député Olivier Dussopt interroge également la ministre du budget par une question écrite
source wikipedia
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