La chancelière allemande Angela Merkel a tenté jeudi à Pékin de calmer l'"inquiétude" du Premier ministre chinois sur la zone euro, obtenant de Wen Jiabao la promesse que la Chine continuerait d'y investir.
Cet engagement chinois s'est s'ailleurs immédiatement illustré par la signature d'un contrat d'acquisition de 50 Airbus, un achat de 3,5 milliards de dollars conclu entre l'avionneur européen et la banque d'Etat chinoise ICBC.
Venue à la tête d'une importante délégation de ministres et d'hommes d'affaires, Mme Merkel a détaillé à son homologue chinois les politiques prises par l'Europe pour vaincre sa crise des dettes souveraines, en insistant sur la "volonté absolue" de consolider la monnaie unique.
"J'ai expliqué au Premier ministre Wen que de nombreuses réformes sont en cours (actuellement en Europe) et qu'il y a une volonté politique absolue de replacer l'euro parmi les monnaies fortes", a-t-elle souligné.
La Chine, dont la croissance connaît un net ralentissement et dont la bourse est à son plus bas niveau depuis trois ans et demi, subit les contrecoups des difficultés de l'Union européenne, premier marché pour les exportations chinoises.
"Le fait de l'avoir écoutée a regonflé ma confiance. Mais je dois dire en toute honnêteté que la mise en oeuvre de ces mesures ne sera pas un long fleuve tranquille", a déclaré ensuite Wen Jiabao.
"La crise de la dette européenne a récemment continué de s'aggraver, causant de fortes inquiétudes au sein de la communauté internationale. Franchement, je suis également inquiet", a-t-il confié dans une conférence de presse organisée au Grand palais du peuple, place Tiananmen, au coeur de la capitale chinoise.
"Il y a deux préoccupations principales: d'abord de savoir si la Grèce va quitter la zone euro. Ensuite de savoir si l'Italie et l'Espagne vont prendre des mesures de redressement complètes", a souligné le chef du gouvernement chinois.
L'Allemagne représente près de la moitié des exportations européennes vers la Chine. Et près d'un quart des exportations chinoises vers l'Union européenne ont pour destination l'Allemagne.
La chancelière allemande doit se rendre vendredi dans la ville chinoise de Tianjin (nord) pour y visiter l'usine d'assemblage d'Airbus, alors que la Chine et l'Allemagne, les deux premiers exportateurs mondiaux, comptent approfondir encore leurs relations commerciales.
De nouvelles annonces de contrats étaient d'ailleurs attendues lors de la visite de Mme Merkel.
Les échanges bilatéraux entre les deux puissances ont atteint 169 milliards de dollars en 2011, en hausse de 18,9% par rapport à l'année précédente.
Il s'agit de la deuxième visite en Chine de Mme Merkel en 2012. Selon des analystes, Pékin considère que l'Allemagne a un rôle de plus en plus décisif à jouer dans la crise de la zone euro. Berlin s'impose donc comme l'interlocuteur incontournable pour en discuter.
Les dirigeants chinois "estiment qu'ils n'ont pas vraiment d'autre choix que de passer par l'Allemagne pour aborder l'Europe", a expliqué à l'AFP Hans Kundnani, chercheur à l'European Council on Foreign Relations (ECFR).
Lors de sa précédente visite à Pékin en février, la chancelière allemande s'était déjà efforcée de convaincre ses hôtes de la solidité de l'euro et de la capacité de l'Europe à surmonter ses difficultés actuelles.
Son sixième déplacement en Chine pourrait également permettre à la chancelière de parler de la Syrie et de l'Iran, dossiers difficiles entre la Chine et l'Occident.
Selon un responsable allemand, le sujet sensible des droits de l'Homme fait également partie du menu des discussions d'Angela Merkel à Pékin, notamment la situation dans les régions tibétaines théâtres d'une vague sans précédent d'immolations par le feu pour protester contre la tutelle de la Chine.
Enfin, les journalistes allemands exerçant en Chine, qui dénoncent des entraves de plus en plus régulières à l'exercice de leur métier, ont appelé Angela Merkel à évoquer le sujet avec ses interlocuteurs chinois.
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La rédaction