vendredi 19 avril 2013

Maroc : La peine de mort recommandée pour les apostats

 La publication par un quotidien marocain (Akhbar Al-Yaoum) d'une fatwa du Conseil supérieur des oulémas, qui représente l'islam officiel au Maroc, requérant la peine de mort contre tout musulman qui apostasie sa religion a suscité une controverse au Maroc.
Maroc : La peine de mort recommandée pour les apostats
« Celui qui renonce à sa religion est apostat et il doit retourner à sa religion. S'il refuse, il perd la vie et l'au-delà et il doit être condamné à la peine de mort », précise le Conseil supérieur des oulémas. La fatwa rappelle aux musulmans de « rester dans leur religion et d’appliquer la sage loi de Dieu, car toute personne née de parents musulmans, ou de père musulman uniquement, est considérée comme musulmane à son tour et liée par un acte de foi et un pacte social à la nation d’islam ; l’islam ne permet en aucun cas à ces personnes de quitter leur religion ou de renoncer au pacte social qui les lie. Faire cela est un acte d’apostasie et de déloyauté, et expose son auteur à des peines spéciales ».

« Ladite fatwa remonte à plusieurs années et vient d’être publiée dans le recueil édité par le Conseil supérieur des oulémas reproduisant l’ensemble des fatwas émises entre 2004 et 2012. Celle concernant l’apostasie a été faite en réponse à une demande du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Le recueil a été d’ailleurs publié en 2012 », clarifie un membre du Conseil régional des oulémas du Grand Casablanca.



Cet avis du Conseil supérieur des oulémas n'a pas manqué de susciter une nouvelle polémique au Maroc. « Personne ne peut plus accepter ce genre d’avis religieux. C’est un retour vers le Moyen âge », s’offusque Abdelhamid Amine, vice-président de l’Association Marocaine des droits humains (AMDH). Pour lui, « fatwa ou pas fatwa, ce texte publié par le Conseil supérieur des oulémas, qu’il soit émis dans le passé ou récemment, ne change rien en ce sens qu’il est contraire à toutes les conventions internationales relatives aux droits humains que le Royaume a ratifié par le passé, dont, en 1979, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. C’est totalement contraire aux pactes signés par le Maroc, qui, tous, préconisent la liberté de croyance ».

De son coté, Ahmed Assid, le chercheur et militant des droits de l’Homme et de la liberté de conscience déclare : « Nous sommes là face à un avis juridique englué dans l’extrémisme et le sous-développement, faisant de ses auteurs des personnes vivant en marge du siècle qui est le nôtre ; ce sont ce genre de fatwas qui incitent les gens à fuir la dureté de cette jurisprudence arriérée et moyenâgeuse, pour épouser les référentiels internationaux en matière de droits de l’Homme qui les protègeront contre l’obscurantisme des Oulémas et de leurs semblables que l’on peut qualifier de préhistoriques, d’hommes des cavernes ». Pour lui, « cette fatwa ne tient aucun compte de la signification moderne de la citoyenneté qui considère que toute personne est libre de ses choix et qu’elle peut agir comme elle l’entend pour mener sa vie, à la condition qu’elle respecte la liberté des autres. Parmi ces droits figure en bonne place la liberté de conscience sans laquelle il est impossible d’édifier un Etat de droit ou d’instaurer un système démocratique ».

Certains ne voient pas dans cette fatwa une matière à débattre et encore moins à polémiquer. Pour eux, les sources religieuses sont claires à ce sujet et stipulent que tout musulman qui renie sa religion doit être lapidé jusqu’à ce que mort s’en suive. Ceci est l’avis de Cheikh Mohamed Fizazi, connu pour son appartenance à la Salafiya et considéré comme un des prêcheurs les plus radicaux du Maroc, qui préfère y voir une fatwa "normale". Pour ce Cheikh condamné après les Attentats du 16 mai 2003 à Casablanca à 30 ans de prison pour son influence idéologique sur les responsables des attentats et libéré de prison le 14 avril 2011 après une grâce royale, « cela se trouvait déjà dans le Saint-Coran et la Sunna. Inutile de polémiquer. Je dis même que la fatwa n’a pas de raison d’être, sauf s’il s’agit d’expliquer la portée ».

Le code pénal marocain ne prévoit pas explicitement l'apostasie, mais la prévoit implicitement en s'attaquant à ses signes ostentatoires.

L'article 220 du code pénal marocain stipule qu'il « est puni de la même peine (emprisonnement de six mois à trois ans et amende de 200 à 500 dirhams), quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l’établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois années ».

De son coté, l'article 222 du même code prévoit que « Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de 12 à 120 dirhams ».

De la sorte, le droit marocain condamne les apostats du Maroc à vivre en cachette leur apostasie, ne jamais exprimer leur opinion, leurs désaccords avec la religion islamique, ne rien dire sur les causes qui animent leur rejet de l'islam, devenir des hypocrites qui montrent qu'ils sont "musulmans" alors qu'en réalité, ils sont loin de l'être.

Aujourd'hui, le Conseil supérieur des oulémas (CSO) a appelé à l'assassinat de tout musulman qui apostasie sa religion. La prochaine fatwa, ça va être quoi ?! Un appel à battre tout musulman qui rase son moustache conformément à l'avis de l'imam Malik (*) ?!

(*) On demandé à l’imam Malik : « Que pensez-vous de ceux qui se rasent la barbe ? ». L’imam Malik a répondu : « A mon avis, il faudrait les battre ».


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