L'annulation de la grève générale prévue ce jeudi 13 décembre, suite à un deal entre l'UGTT et les islamistes, démontre que les Tunisiens ne doivent plus compter que sur eux-mêmes. Touhami Garnaoui analyse avec pertinence les multiples erreurs commises pour en arriver là, notamment la légalisation du parti Ennahda et l'organisation d'un simulacre d'élections dans des conditions défavorables aux forces progressistes. Citant un article d'Amin Ben Hadj, publié dans Nawaat, M.Garnaoui soutient que le soulèvement des Tunisiens était social et que des revendications populaires, il ne reste plus rien, les partis politiques ayant phagocytés cette dynamique. D'où la bipolarisation UGTT/Ennahda, les deux seules forces "politiques" bien organisées, qui était dans une certaine mesure rassurante...jusqu'à la décision de renoncer à la grève générale ! M.Touhami Garnaoui, qui appelle depuis des mois à la dissolution de l'ANC, est un intellectuel de gauche qui vit en Europe.
Durant des mois, entre 2011 et 2012, Chari’a oui, chari’a non. A la fin on a gazouillé à l’unisson: article 1 de la Constitution de 1959, cinquante trois ans en arrière. Chacun conservant son arrière pensée.
23 octobre 2012, fin de la légitimité des pouvoirs de la Constituante et de la Troïka qui en est l’expression oui, fin de la légitimité, non. A la fin on a gazouillé à l’unisson, non à la violence politique. Chaque camp, indiquant l’autre camp.
13 octobre 2012, grève générale oui, grève générale non. L’ordre est tombé : il faut rester vigilants, au nom de « l’intérêt suprême de la Nation »,
La Tunisie est divisée en deux factions, l’une armée et l’autre non, qu’on appelle, avec un certain euphémisme, bipolarisation, pendant que se prépare une guerre civile sur fond religieux, comme dans l’Algérie de la décennie noire commencée en 1991, et qui, en réalité, n’est jamais complètement terminée. Avec le même mentor Rached Ghannouchi, appuyé par des éléments de l’ancien régime, bien rôdés dans l’administration et dans les forces de sécurité.
Il y a dans le pays, un état insurrectionnel permanent, une situation prérévolutionnaire sans parti pour la guider, freinée par de multiples formations politiques embryonnaires où se sont également infiltrés des éléments de l’ancien régime qui sentent que leur carrière politique peut reprendre tranquillement, grâce aux relations qu’entretiennent les uns et les autres avec la France et l’Amérique. Où se situerait la bipolarisation, sur quel échiquier se jouerait-t-elle, et avec quel résultat ?
Les seules forces de masse, constituant cette bipolarisation, sont aujourd’hui Ghannouchi et son parti islamiste Ennahdha d’une part, Houcine Abassi et le syndicat UGTT dont il est le nouveau secrétaire général. On connait leur genèse, et leur développement, avant et après le coup d’Etat du 14 janvier, suite à des révoltes populaires exigeant du pouvoir travail, libertés, et dignité, révoltes habilement amplifiées et coordonnées, dénommé par les américains « printemps arabe », aussitôt repris à l’unisson sur la scène politique et sociale en Tunisie, et dont le cours, à les croire, se poursuit et se poursuivra.
Amin Ben Hadj écrit sur Nawaat du 9 décembre 2012 : « La première manœuvre des deux gouvernements, qui se sont succédé après la fuite de Ben Ali, a été de politiser la révolution et lui ôter son âme de revendications sociales et de lutte ouvrière, en excluant l’UGTT, et en encourageant les partis politiques à prendre le devant de la scène, et les impliquant d’avantage. » Non seulement, mais ils ont permis le retour, sans un régulier procès, de Ghannouchi et la légalisation de son parti religieux, en dépit et contre la loi du pays sur les partis, tout en sachant que c’est le seul parti structuré, solidement établi à l’intérieur et à l’extérieur de la Tunisie, disposant de grandes ressources humaines et financières de dimension et d’origine mal contrôlées. Les attaques concentrées portées contre l’UGTT par les partis politiques et Ennahdha, ont amené l’UGTT à se repenser et à se donner une nouvelle direction, avec Houcine Abassi, secrétaire général.
Après les élections entachées de graves irrégularités du 23 octobre 2011, les escarmouches se sont multipliées entre Ennahdha et l’UGTT : à l’université, au « Congrès du dialogue », aux évènements récents qui ont marqué la célébration de la fêté à la mémoire de Ferhat Hached, celui qui a créé le premier syndicat africain contre la volonté de la gauche française, qui aujourd’hui fait les doux yeux à la Tunisie. Non à la Syrie.
Avec la décision d’annuler la grève de demain 13 décembre, la bipolarisation semble vouloir prendre du temps pour souffler. Nous pensons que c’est la deuxième grave erreur de jugement commise au regard de Ghannouchi, après celle de son retour au pays. Pour une raison bien simple. Ghannouchi ne se soucie guère de l’intérêt général, et l’avait clairement exprimé à plusieurs reprises, comme dans la fameuse vidéo où il expliquait à ses élèves salafistes, les techniques de prendre le pouvoir pour l’islamisation de la Tunisie selon la doctrine wahabite en vue d’établir le califat, ou en termes américains, de créer un Nouveau Grand Moyen Orient, pour lequel des sommes pharaoniques en dollars ont été jusqu’ici dépensées.
Ghannouchi est déterminé dans son dessein et ne voudrait pas qu’il échoue comme en Algérie à la fin du siècle dernier. Sa guerre en préparation en Tunisie sera conduite avec moins d’improvisation et plus de moyens politiques et financiers. En face de lui il y a des nains qui jouent avec le destin de la nation. J’appelle les tunisiens au moins à sortir de leur enfantillage et à méditer. La Tunisie est à un croisement de chemin : ou bien le peuple saura reprendre d’urgence son destin en main, par l’occupation de l’ANC et la désignation d’un Comité civil de salut public dont on a expliqué ailleurs la mission, ou la Tunisie s’enfoncera dans la guerre civile.
http://www.tunisie-secret.com
Touhami Garnaoui
23 octobre 2012, fin de la légitimité des pouvoirs de la Constituante et de la Troïka qui en est l’expression oui, fin de la légitimité, non. A la fin on a gazouillé à l’unisson, non à la violence politique. Chaque camp, indiquant l’autre camp.
13 octobre 2012, grève générale oui, grève générale non. L’ordre est tombé : il faut rester vigilants, au nom de « l’intérêt suprême de la Nation »,
La Tunisie est divisée en deux factions, l’une armée et l’autre non, qu’on appelle, avec un certain euphémisme, bipolarisation, pendant que se prépare une guerre civile sur fond religieux, comme dans l’Algérie de la décennie noire commencée en 1991, et qui, en réalité, n’est jamais complètement terminée. Avec le même mentor Rached Ghannouchi, appuyé par des éléments de l’ancien régime, bien rôdés dans l’administration et dans les forces de sécurité.
Il y a dans le pays, un état insurrectionnel permanent, une situation prérévolutionnaire sans parti pour la guider, freinée par de multiples formations politiques embryonnaires où se sont également infiltrés des éléments de l’ancien régime qui sentent que leur carrière politique peut reprendre tranquillement, grâce aux relations qu’entretiennent les uns et les autres avec la France et l’Amérique. Où se situerait la bipolarisation, sur quel échiquier se jouerait-t-elle, et avec quel résultat ?
Les seules forces de masse, constituant cette bipolarisation, sont aujourd’hui Ghannouchi et son parti islamiste Ennahdha d’une part, Houcine Abassi et le syndicat UGTT dont il est le nouveau secrétaire général. On connait leur genèse, et leur développement, avant et après le coup d’Etat du 14 janvier, suite à des révoltes populaires exigeant du pouvoir travail, libertés, et dignité, révoltes habilement amplifiées et coordonnées, dénommé par les américains « printemps arabe », aussitôt repris à l’unisson sur la scène politique et sociale en Tunisie, et dont le cours, à les croire, se poursuit et se poursuivra.
Amin Ben Hadj écrit sur Nawaat du 9 décembre 2012 : « La première manœuvre des deux gouvernements, qui se sont succédé après la fuite de Ben Ali, a été de politiser la révolution et lui ôter son âme de revendications sociales et de lutte ouvrière, en excluant l’UGTT, et en encourageant les partis politiques à prendre le devant de la scène, et les impliquant d’avantage. » Non seulement, mais ils ont permis le retour, sans un régulier procès, de Ghannouchi et la légalisation de son parti religieux, en dépit et contre la loi du pays sur les partis, tout en sachant que c’est le seul parti structuré, solidement établi à l’intérieur et à l’extérieur de la Tunisie, disposant de grandes ressources humaines et financières de dimension et d’origine mal contrôlées. Les attaques concentrées portées contre l’UGTT par les partis politiques et Ennahdha, ont amené l’UGTT à se repenser et à se donner une nouvelle direction, avec Houcine Abassi, secrétaire général.
Après les élections entachées de graves irrégularités du 23 octobre 2011, les escarmouches se sont multipliées entre Ennahdha et l’UGTT : à l’université, au « Congrès du dialogue », aux évènements récents qui ont marqué la célébration de la fêté à la mémoire de Ferhat Hached, celui qui a créé le premier syndicat africain contre la volonté de la gauche française, qui aujourd’hui fait les doux yeux à la Tunisie. Non à la Syrie.
Avec la décision d’annuler la grève de demain 13 décembre, la bipolarisation semble vouloir prendre du temps pour souffler. Nous pensons que c’est la deuxième grave erreur de jugement commise au regard de Ghannouchi, après celle de son retour au pays. Pour une raison bien simple. Ghannouchi ne se soucie guère de l’intérêt général, et l’avait clairement exprimé à plusieurs reprises, comme dans la fameuse vidéo où il expliquait à ses élèves salafistes, les techniques de prendre le pouvoir pour l’islamisation de la Tunisie selon la doctrine wahabite en vue d’établir le califat, ou en termes américains, de créer un Nouveau Grand Moyen Orient, pour lequel des sommes pharaoniques en dollars ont été jusqu’ici dépensées.
Ghannouchi est déterminé dans son dessein et ne voudrait pas qu’il échoue comme en Algérie à la fin du siècle dernier. Sa guerre en préparation en Tunisie sera conduite avec moins d’improvisation et plus de moyens politiques et financiers. En face de lui il y a des nains qui jouent avec le destin de la nation. J’appelle les tunisiens au moins à sortir de leur enfantillage et à méditer. La Tunisie est à un croisement de chemin : ou bien le peuple saura reprendre d’urgence son destin en main, par l’occupation de l’ANC et la désignation d’un Comité civil de salut public dont on a expliqué ailleurs la mission, ou la Tunisie s’enfoncera dans la guerre civile.
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La rédaction