Cette question volontairement provocatrice est la résultante des commentaires hallucinants qui sont entendus ici et là dans les médias israéliens suite au discours de Khaled Meshaal à Gaza. En épluchant les archives politiques, diplomatiques et journalistiques des années de l’entre deux-guerres on ne sera pas surpris de voir que de nombreux acteurs-clé de l’époque ne prirent pas non plus au sérieux les déclarations d’Adolf Hitler et minimisèrent voire nièrent ses intentions génocidaires, ceci malgré ses discours enflammés et en dépit de « Mein Kampf » dans lequel il avait pourtant consigné tous ses sombres desseins, concernant les juifs tout particulièrement. Alors que l’on sait que le tyran nazi a mis en applications les projets dont il ne faisait pas secret, nous sommes parfois comme anesthésiés face à l’antisémitisme d’aujourd’hui, dans lequel le croissant a remplacé la croix gammée.
La tragique expérience vécue par le peuple juif aurait dû le vacciner définitivement contre le déni de la réalité et son optimisme obsessionnel face à ceux qui ourdissent ouvertement contre lui. Mais il n’en est rien. Quatre vingt ans après l’accession au pouvoir des nazis, des juifs peuvent encore écouter des discours génocidaires en feignant de croire qu’il ne s’agit que de propos opportunistes sans réelle portée.
Or, dans son discours acclamé par la foule, le chef du Hamas Khaled Meshaal s’est placé dans la droite ligne de la haine antijuive radicale issue de l’idéologie des Frères Musulmans dont on sait les connexions étroites avec l’idéologie nazie, depuis leur fondation en 1928 par Hassan Al-Bana, grand-père de Tarik et Hani Ramadan. Cette haine qui animait le Mufti de Jérusalem Hadj Amin Al-Husseini, ami d’Hitler, et qui fut à l’origine de l’invention du « mouvement national palestinien », toutes tendances confondues. Les choses étaient pourtant dénuées de toute ambigüité dans les propos emphatiques du chef du Hamas : poursuite du terrorisme, lutte jusqu’à la disparition de « l’entité sioniste illégitime », établissement de la Palestine « de la Mer au Jourdain » et « libération de Jérusalem de la main des juifs ». Que faut-il de plus ??!
Or, dimanche matin, sur Galei Tsahal, lors d’une rubrique consacrée à ce sujet, les auditeurs ont pu entendre des propos surréalistes à ce sujet. A son premier invité, l’ancien ministre de la Défense Prof. Moshé Ahrens, la journaliste Talia Lipkin-Shahak posait d’emblée la question : « Les propos de Khaled Meshaal ne sont-ils pas juste de la rhétorique d’un politicien » ? Ahrens, interloqué, lui répondait « que les Israéliens avaient certes coutume de minimiser ce genre de propos, mais que si Meshaal disait qu’il voulait éliminer l’Etat d’Israël, c’est qu’il le pensait réellement ». La journaliste de gauche n’en démordait cependant pas : « Mais peut-être qu’en raison des luttes internes aux Hamas et de la situation internationale, les déclarations de Meshaal n’avaient d’autre but que le combat politique interne à son mouvement, et qu’il fallait donc relativiser ses propos et prendre plutôt en compte des déclarations plus modérées faites récemment par d’autres dirigeants palestiniens» !! On croit rêver…
Après Moshé Ahrens, la journaliste interviewait Ziyad Abou Ziyad, ancien responsable du Fatah, qu’elle décrivait comme « une personnalité de premier plan » et « membre du camp de la paix » (sic). Là également, la même question fut posée quant au contenu du discours de Khaled Meshaal. Malgré les pirouettes du terroriste, la journaliste se contenta d’accepter sa réponse selon laquelle « Meshaal n’exprimait pas ce qu’il pensait réellement mais avait uniquement dit ce que son public attendait de lui » !! Nous voilà rassurés…
Le cas de Talia Lipkin-Shahak n’est de loin pas isolé. Il est symptomatique de l’idéologie en vogue dans la gauche « bien pensante » qui refuse toujours d’admettre que les mouvements palestiniens ont réellement pour but de faire disparaître l’Etat d’Israël, ou qui attribuent à la politique israélienne et au « désespoir palestinien » « une extrémisation inévitable du discours de ses dirigeants ».
Ce déni total de la réalité a été une nouvelle fois exprimé dimanche matin par le président Shimon Pérès, qui lors d’une conférence a dénoncé le discours du chef du Hamas…tout en appelant Israël à « négocier sans délai avec l’alternative qui s’appelle Abou Mazen, qui est un leader modéré, opposé au terrorisme et qui a choisi la voie de la négociation »(sic).Une semaine après le vote à l’ONU, et au vu des déclarations en langue arabe des leaders du Fatah, on se demande si Pérès est atteint d’une maladie dégénérative de la mémoire ou si c’est encore le syndrome d’Oslo qui brouille son esprit.
Dans son excellente préface au livre « Jihad et haine des juifs », de Matthias Küntzel (à lire absolument), Pierre-André Taguieff, après avoir décrit cet ouvrage comme devant « réveiller les esprits dangereusement assoupis face à la menace islamiste », écrit notamment ceci : « L’inquiétant, c’est bien plutôt l’apathie, la fuite devant le danger, le refus de voir la menace islamiste, d’en prendre sa juste mesure. Les aveugles volontaires cherchent des arguments pour se justifier d’être tels qu’ils sont, de penser ce qu’ils pensent. Et ils les trouvent aisément, car les offres médiatiques de réconfort ne manquent pas ».
Parfaite description d’une attitude suicidaire d’un Occident rongé par la vague verte, mais qui pointe aussi du doigt certains réflexes impardonnables en Israël, après que le peuple juif ait perdu plus d’un tiers de sa population par un régime totalitaire qui a mis en application avec méthode ce qu’il avait annoncé durant des années auparavant.
לא ארץ נכריה לקחנו, ולא ברכוש נכרים משלנו, כי אם נחלת אבותינו אשר בידי אויבינו בעת מן העתים בלא משפט נכבשה, ואנחנו כאשר הייתה לנו עת – השיבונו את נחלת אבותינו »
Par Shraga Blum – JSSNews
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