vendredi 30 novembre 2012

Union générale tunisienne du travail




Le congrès constitutif de la centrale syndicale a lieu le 20 janvier 1946 au siège de la Khaldounia. 58 congressistes sont présents et répartis ainsi :
29 représentant les syndicats du Sud ;
18 représentant les syndicats des fonctionnaires ;
11 représentant les syndicats du Nord.

Mohamed Fadhel Ben Achour est élu président de l'UGTT et Farhat Hached secrétaire général alors que, parmi les membres, on cite Habib Achour, Sahbi Farhat, Béchir Ben Brahim, Béchir Bellagha, Salem Cheffi, etc.

Le second congrès a lieu du 19 au 21 décembre 1947. Ben Achour n'y assiste pas et le poste de président est supprimé. Le bureau exécutif élu est le suivant :
Secrétaire général : Farhat Hached ;
Secrétaires généraux adjoints : Nouri Boudali et Mahmoud Khiari ;
Trésorier : Béchir Ben Brahim ;
Trésoriers adjoints : Tahar Ben Saïd et Abderrahman Bellalouna ;
Secrétaires : Salah Boulakbeche, Abdelwahed Dekhil et Tahar Amira (archives) ;
Membres : Tahar Borsali, Béchir Bellagha, Mohamed Chelly, Sadok Chaïbi, Amor Riahi, Ahmed Tlili, Habib Achour, Ahmed Amara, Ismaïl Ben Dhrayef, Tahar Khasser, Salem Cheffi et Habib Ben Gouader.

Hached est réelu en 1949 et en 1951. Après son assassinat, c'est Ahmed Ben Salah qui est élu secrétaire général en 1954. La composition de la direction issue du 5 econgrès est la suivante :
Secrétaire général : Ahmed Ben Salah ;
Secrétaires généraux adjoints : Ahmed Tlili et Mohamed Kraïem ;
Trésorier : Abdallah Farhat ;
Trésoriers adjoints : Amor Riahi et Salem Cheffi ;
Secrétaires : Mahmoud Ben Ezzedine, Mustapha Filali et Habib Mekki (archives) ;
Membres : Mahmoud Messadi, Mohamed Erray, Habib Ben Ghozzia, Ezzedine Abbassi, Ahmed Ben Hmida, Ahmed Abdesselem, Habib Tliba, Mahmoud Ghoul, Mohamed Guettat, Mabrouk Ben Ameur, Hassouna Ben Tahar et Mohamed Chelly.

Ben Salah est réélu en 1955 et 1956. Mais, en prévision de sa nomination au gouvernement, il cède son poste à Ahmed Tlili, trois mois après lors du 6e congrès. Par ailleurs, en 1951, une femme, Cherifa Messaadi est élue membre du bureau exécutif, un fait qui ne se renouvelle pas par la suite.

L'UGTT devient, au lendemain de l'indépendance en 1956, une composante importante du Front national réuni autour du parti au pouvoir et adhère totalement à son programme pendant une quinzaine d'années avant de devenir le principal contre-pouvoir au régime de parti unique1. L'omnipotence du Parti socialiste destourien et l'absence d'une opposition structurée et dynamique contraignent la centrale syndicale à servir d'espace de contestation1. Durant les années 1970, le secrétaire général Habib Achour n'hésite pas à rejeter les décisions du gouvernement au nom de l'intérêt des travailleurs2.

Elle ne tarde pas à essuyer les foudres du régime : les crises de 1978 et de 1984-1985 tournent à la confrontation ouverte avec le pouvoir et affaiblissent l'organisation1. Au congrès de Sousse, en 1989, la centrale finit par se doter d'une direction proche du gouvernement : Ismaïl Sahbani, réélu au secrétariat général en 1994 et 1999 à l'issue de congrès controversés et fort de l'appui du régime, s'aligne systématiquement sur les positions officielles et sur celles du patronat1. Accusé de malversations et de mauvaise gestion, il est contraint à la démission en septembre 2000 puis traduit en justice et condamné, en octobre 2001, à treize ans de prison ferme et à de fortes amendes ; il est amnistié en 20031.

C'est dans ces conditions qu'Abdessalem Jerad prend en main les rênes de l'organisation1. Contesté par une partie de la classe ouvrière, cet ancien agent de la Société nationale de transport est confirmé à son poste au congrès de Djerba, en février 2002, par 307 voix sur 4571. À défaut de légitimer son leadership, il parvient à s'imposer à la tête du bureau exécutif où siègent neuf de ses partisans ainsi que trois élus sur une liste rivale emmenée par Ali Romdhane1. Au sortir d'une longue traversée du désert, ce dernier devient le numéro deux de l'organisation1. En 2004, le soutien de l'UGTT à la candidature du président Ben Ali pour un quatrième mandat est âprement discuté au sein de la commission administrative ; la majorité finit par accepter une motion de soutien présentée par le bureau exécutif mais certaines structures régionales, plusieurs fédérations (dont celles de l'enseignement supérieur et de la santé) et des syndicats nationaux y sont hostiles2. En juillet 2005, l'organisation refuse toutefois de présenter des candidats à l'élection de la nouvelle Chambre des conseillers et critique l'invitation faite au Premier ministre israélien Ariel Sharon de participer au Sommet mondial sur la société de l'information tenu à Tunis en novembre de la même année ; elle s'élève aussi contre l'interdiction du congrès de la Ligue tunisienne des droits de l'homme2. À cela s'ajoute les grèves, organisées dans l'enseignement, la santé publique et de nombreuses entreprises publiques et privées, et les tensions provoquées par les négociations sociales qui peinent à aboutir dans certains secteurs2. En effet, les augmentations de salaires sont calculées sur la base de l'indice des prix officiel. Or, l'augmentation des prix de l'énergie, l'affaiblissement du dinar, l'abandon des mécanismes de compensation et la marchandisation de certains services jadis ­gratuits, comme l'éducation et la santé, grèvent le budget des ménages selon l'UGTT2.

Le congrès de décembre 2006 aboutit à la reconduction de Jerad à la tête du syndicat3. Suite à la révolution tunisienne, l'UGTT accepte le 17 janvier de participer à un « gouvernement d'union nationale » conduit par le Premier ministre sortant Mohamed Ghannouchi. Ainsi, les trois syndicalistes Houssine Dimassi, Abdeljelil Bédoui et Anouar Ben Gueddour sont respectivement nommés ministre de la Formation et de l'Emploi, ministre sans portefeuille et secrétaire d'État auprès du ministre du Transport et de l'Équipement. 24 heures plus tard, ces derniers démissionnent face à la colère de la population refusant la présence de ministres membres du Rassemblement constitutionnel démocratique, aux postes clés4. Poussée par sa base, l'UGTT se montre inflexible et refuse désormais tout compromis avec l'ancien parti présidentiel5.

Le 1er février 2011, une scission au sein de l'UGTT voit le jour : la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT) est créée par Habib Guiza, ancien cadre de l'UGTT6. Pour sa part, l'ancien secrétaire général Ismaïl Sahbani annonce le 1er mai la création de l'Union des travailleurs de Tunisie7. À l'occasion du 22e congrès, tenu du 25 au 29 décembre 2011, plus de soixante syndicalistes présentent leurs candidatures pour le bureau exécutif, mais 38 seulement répartis sur trois listes conservent leurs candidatures8. C'est la liste dite « consensuelle », élaborée par 17 régions et près de quinze secteurs et fruit de l'alliance entre les syndicalistes fidèles à la ligne de Jerad et ceux du Mouvement des patriotes démocrates partisans d'Abid Briki, qui est élue. Ces derniers, avec l'apport de Hfaiedh Hfaiedh qui s'est porté candidat malgré l'opposition de son parti — le Parti communiste des ouvriers de Tunisie — qui a présenté une candidate, Naïma Hammami, permettent pour la première fois dans l'histoire de l'UGTT à l'extrême gauche d'être majoritaire au sein du bureau exécutif. Jerad laisse le secrétariat général à Houcine Abassi9.

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