mardi 28 mai 2013

La révolution trahie, par Nader Haddad

Les révolutions arabes, qui ont éclaté, il y a deux ans, ont exprimé les aspirations des peuples arabes, pour un avenir meilleur où la justice, la liberté et la dignité humaine l’emportent, après des décennies de tyrannie et de dégradation. Ces personnes n’ont pas été attirés dans la révolution par séductions étrangères des promesses de récompenses à la maison. Ils ont été inspirés par l’amour de leur pays d’origine qui avait été pillé sous l’emprise de la corruption et le népotisme, par sympathie pour ses semblables dont les droits ont été systématiquement maltraités, par la quête d’une vie digne qui avait été longtemps inaccessible à la majorité de la personnes sous les régimes dont les copains et flagorneurs ont tenu un monopole sur l’avantage et le privilège.

Le long règne de la cupidité et l’injustice avait suscité une vague massive de colère bouillonnante qui a éclaté au grand jour lorsque Mohamed Bouazizi s’est immolé devant un bâtiment municipal de Sidi Bouzeid, Tunisie. Dans l’accomplissement de cet acte ultime de frustration et de désespoir, Bouazizi n’avait pas réalisé qu’il allait déclencher une conflagration qui consommerait despotes en Tunisie et d’autres pays arabes. Mais c’est précisément ce qui s’est passé. Les gens ont surgi. Ils ont rempli les places publiques avec leurs exigences de liberté. Et régimes iniques renversé l’un après l’autre comme des feuilles d’automne. Un ressort s’était levé avec la promesse de changements profonds qui ouvrirait la voie à la réalisation des aspirations arabes longtemps caressés. Deux ans se sont écoulés depuis lors, et les fruits de ce printemps se sont avérées très dérisoire, surtout lorsqu’on les compare aux grands rêves qui avaient effectué les torches révolutionnaires.

Il est à espérer que les nouveaux régimes au pouvoir s’efforceront de restructurer les anciens systèmes de gouvernement et de gérer le processus de transformation démocratique, dans le cadre d’un processus plus large de la reconstruction de l’Etat dans le cadre de l’unité nationale, le consensus populaire et la primauté du loi. En d’autres termes, l’attente était pour la construction d’un Etat démocratique moderne à la manière de ceux qui a surgi en Europe de l’Est. Cet état serait alors superviser un renouveau économique, à la manière des économies émergentes d’Asie du Sud et du Sud-Est, ce qui porterait l’amélioration rapide des conditions de vie de la population, réduire la pauvreté et réaliser la justice sociale.

Sinon dit, il est à espérer que les nouveaux régimes réagiraient, si ce n’est à des degrés par rapport à la révolution des espoirs et des attentes arabes qui a été déclenchée par les révolutions du printemps arabe. Malheureusement, les développements sur le terrain se sont déroulés dans la direction totalement opposée aux aspirations.

S’il est vrai que l’Egypte a pris d’importantes mesures positives (il y avait généralement juste et honnête des élections législatives et présidentielles et l’armée est revenue à sa mission centrale de sauvegarder la sécurité nationale), la révolution a été la proie de dissensions et de division entre les forces révolutionnaires. Le chef facteur contribuant à la réussite de l’égyptien (et tunisienne) Révolution était l’unité qui avait lié tous les participants à Tahrir et des autres places révolutionnaires. Une fois que facteur crucial a disparu, la désintégration et le jeu de la discorde dans et friction montés comme des rivaux en compétition pour le pouvoir. En Egypte, les principaux prétendants sont les islamistes, représentés principalement par aile politique des Frères musulmans, le Parti de la Liberté et de la Justice, et ses alliés salafistes, et l’opposition libérale/laïc, tandis qu’une grande partie de la jeunesse révolutionnaire se tordit les mains sur leur rêves qui étaient partis en fumée.

La situation a ensuite pris un tour plus dangereux quand le président a émis sa déclaration constitutionnelle en Novembre l’année dernière, ce qui aggrave la polarisation de montage sur le processus de rédaction de la nouvelle constitution et la substance même de cette constitution. Par le deuxième anniversaire des 25 Janvier révolution, le pays était en feu à des manifestations, des émeutes et de la violence des niveaux sans précédent. C’était comme si une énorme boule de feu sautait du Caire à Alexandrie, de la place Tahrir à la mosquée Qaed Ibrahim, de Mahalla Al Kubra vers les villes du canal de Suez, et du palais présidentiel au quartier général des Frères Musulmans en Moqattam. Ne pouvaient les différentes initiatives de dialogue national parvenir à une percée qui pourrait mettre fin à la spirale de la violence. Les forces de l’impartialité, la rigidité et la méfiance étaient trop forts. Pendant ce temps, les forces contre-révolutionnaires ont profité de l’effondrement de sécurité pour parvenir à leurs fins, ce qui porte l’Egypte, le pays pivot dans la région, au bord de l’état d’un Etat en faillite et l’effondrement total.

La situation en Tunisie n’est pas très différent. Là aussi, la division et le conflit a prévalu parmi les forces révolutionnaires quand il est devenu de plus en plus évident que la coalition au pouvoir, dirigée par le mouvement islamiste Al-Nahda a été plié à affirmer le contrôle intégral du système politique. Même quand Hamadi Al-Jabali, Premier ministre tunisien et secrétaire général d’Al-Nahda, a déménagé à former un gouvernement de coalition de technocrates indépendants comme le seul moyen de sauver le pays de la faillite, Al-Nahda a rejeté cela et Al-Jabali a été contraint de démissionner, le 19 Février 2013. Mais le prochain gouvernement qui a été formé, sous le Premier ministre d’Ali Al-arides, a été accusé d’être un peu plus d’une reproduction de l’ancienne coalition au pouvoir, même si certains ministères souverains étaient neutralisés, et l’opposition a insisté lors d’une conférence de salut national. Pendant ce temps, le gouvernement demeure incapable d’affronter les salafistes radicaux, qui ont été de plus en plus impliqués dans des actes d’intimidation et de violence.

La révolution syrienne a atteint un carrefour. Les révolutionnaires n’ont pas réussi à renverser le régime de Bachar Al-Assad qui est fortement soutenue par la Russie, la Chine et l’Iran alors que les puissances occidentales sont restés réticents à intervenir militaire au nom des révolutionnaires, comme ils l’avaient fait en Libye, de peur que l’intervention serait précipiter une guerre régionale majeure. Ainsi, ce qui a commencé comme une révolution pacifique a dégénéré en guerre civile en raison de l’appel du régime syrien à une violence excessive. Le résultat fut la destruction de l’Etat syrien, et plus de 70.000 morts et environ un million de personnes déplacées.

En Libye, le gouvernement central est toujours incapable d’étendre son contrôle sur le pays et mettre en œuvre ses politiques, dans le contexte de la polémique en cours sur la loi d’isolement politique visant à interdire les membres de l’ancien régime de la vie politique. Dans les derniers développements sur ce front, des groupes de manifestants qui réclament la mise en œuvre de cette loi ont assiégé le siège du Congrès national général, des émeutes ont éclaté ailleurs dans le pays, il ya eu une tentative d’assassinat contre le président du congrès, et les citoyens libyens ont commencé à appeler à l’armée et à la police d’intervenir afin d’endiguer les milices armées. Ces évolutions indiquent que, plutôt que d’avancer vers la réalisation des objectifs de la révolution, la Libye est en train de cercles en place.

Yémen n’a pas dérogé à la règle générale des autres pays du printemps arabe. Il doit encore composer avec ces défis majeurs comme la nécessité de reconstruire l’armée et les agences de sécurité nationale de manière à garantir leur neutralité politique. Récemment, le président yéménite a appelé à un dialogue national préparatoire à l’établissement des principes généraux de la Constitution avant les élections ont lieu au début de 2014.

Sur le plan politique, dans son ensemble, les pays des révolutions arabes se caractérisent par un conflit interne intense et la piètre performance dans la gestion du processus de transformation démocratique.

Socialement et économiquement, ils s’en sortent aussi mal. Les principales revendications des révolutions arabes étaient essentiellement économiques. Les peuples arabes ont demandé la fin du chômage, des salaires plus élevés, et l’arrêt de la hausse des prix des biens et services essentiels. En bref, ils ont cherché la justice socio-économique. Encore une fois, les réalités se sont déroulés dans la direction diamétralement opposée. La détérioration des conditions de sécurité ont eu un impact catastrophique sur de nombreux secteurs économiques, notamment, les investissements étrangers, le tourisme, les banques et les marchés boursiers en Egypte et en Tunisie, le secteur pétrolier en Libye. Avec la baisse des niveaux de production, les taux de croissance économique ont plongé. Cette situation, à son tour, a engendré une crise financière majeure qui a pris la forme d’une pénurie de liquidités et de montage des déficits budgétaires. Dans le même temps, il ya l’énergie continue et les pénuries de carburant et les taux de chômage sont très élevés.

Dans l’espoir d’atténuer la gravité de la crise, l’Egypte cherche à renouveler ses pourparlers avec le FMI au début Avril afin de conclure un accord sur un prêt de 4,8 milliards de dollars, en dépit des conditions difficiles que l’Egypte sera obligé de répondre.

Le gouvernement tunisien a, pour sa part, n’a pas seulement été incapable de produire des solutions au problème de la montée du chômage, il a également réussi à introduire des réformes de l’emploi efficaces et d’améliorer le niveau des services publics.

En Syrie, l’infrastructure économique et physique du pays est en train de s’effondrer dans la mesure où il n’est même plus possible de parler de quelque chose qui s’appelle une économie syrienne, tandis que la recherche de larges segments de la population pour le pain est devenu partie intégrante de la lutte de la vie et de la mort.

En général, les gouvernements des pays des révolutions du Printemps arabe semblent manquer totalement une vision économique de leurs pays en crise. Le résultat est que ces pays qui ont accompli l’énorme exploit de renverser les régimes despotiques se trouvent maintenant patauger dans les bourbiers du conflit politique et les conflits, et le cercle vicieux de la mauvaise performance du gouvernement, aggravation de la crise économique, et la colère populaire renaissant et de frustration. Certes, une telle détérioration drastique aurait pu être surmontés, si elle n’est pas évitée, a l’esprit de consensus national ou «coalition nationale» été autorisé à emporter et conduire ces pays à la sécurité.

L’ordre arabe a également été victime de l’instabilité actuelle dans les pays des révolutions du printemps arabe et la baisse conséquente de leur capacité à influencer la région et du monde. En conséquence, ces pays sont devenus vulnérables à la pénétration croissante de la part de ces puissances régionales comme l’Iran et la Turquie. Les deux sont sur les côtés opposés de la question syrienne. Le premier a longtemps fait campagne pour étendre son influence dans la région par le biais du «croissant chiite», alors que ce dernier cherche à étendre son influence, mais à travers le déploiement de ses sources de «soft power» dans l’espoir de récupérer un élément de son état antérieur et de prestige dans les pays de l’ex califat ottoman.


Pourtant, nous nous retrouvons avec la question de savoir pourquoi la récolte du printemps arabe a été si maigre, en dépit de la chute des régimes oppressifs, le réveil des peuples qui avaient franchi la barrière de la peur, et la capacité accrue de l’opinion publique à diriger les événements.

Aussi difficile que cela est d’identifier toutes les réponses, nous pouvons aborder certains. On doit faire avec de grandes différences dans les perspectives des forces politiques qui, une fois l’objectif unificateur de renverser le régime a été accompli, brouillés pour profiter de ce qu’ils considèrent comme l’occasion historique de réaliser leurs propres objectifs particuliers et appliquer leur vision particulière sur le terrain. Peu de ces forces étaient prêts à faire des compromis dans ce qui est devenu un jeu à somme nulle, dont les effets se sont vite devenus évidents en spirale polarisation politique et la violence de montage. Dans le même temps, il est devenu évident que l’effondrement économique est la conséquence directe de l’instabilité politique et que c’est seulement par la restauration de la stabilité politique de ces pays pourrait s’engager sur la voie de la reprise économique et la réalisation des revendications révolutionnaires liés à la justice socio-économique.

Certes, il ya des puissances extérieures qui ont un intérêt dans la perpétuation de l’instabilité politique et économique dans les pays des révolutions du printemps arabe, afin de les garder malléable et inféodée aux intérêts de ces puissances extérieures. Dans le même temps, les forces de la contre-révolution sont certainement au travail, faire tout leur possible pour aggraver la crise et de contrecarrer les révolutions arabes.

Néanmoins, il faut garder à l’esprit que seulement deux ans se sont écoulés depuis les révolutions du printemps arabe a éclaté. C’est un temps très court dans la durée de vie moyenne des révolutions, même si à la conscience collective semble une éternité, surtout à la lumière des nombreuses et énormes sacrifices qui ont été faits de la cause révolutionnaire.

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