Le journaliste Anglais Robert Fisk va sans doute à son tour être classé dans la catégorie des nazillons salafisto-révisionnistes par les Red Skins (qui se disent militants prolétariens) qui ont déjà taillé ce costar à Michel Collon, un auteur bien connu qui nous vient d’Outre Quiévrain.
C’est sûr, les gens comme Michel Collon gênent ceux qui pensent qu’il est temps d’avoir un gouvernement mondial qui ne peut être assumé, soyons réalistes, que par l’OTAN, cette organisation constituée de pays exemplaires à tous points de vue. C’est vrai, dans les pays OTAN, tu peux tout dire (quoique), te mettre une plume dans le derrière un jour de gay pride. Que des gentils quoi.
Dommage, il y a tous ces méchants : le dictateur Syrien (qui est carrément Hitler pour ce pitoyable François Hollande qui pense cependant que les FFI ont libéré Paris d’un autocrate Français), le Guide Libyen (quoique ce denier a succombé devant la gentillesse de l’OTAN), Mugabe au Zimbabwe qui veut garder pour lui tout son or, Hugo Chavez au Venezuela et, comble de l’horreur le Hezbollah libanais et le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad dont on dit depuis 20 ans que son pays va avoir la bombe dans six mois.
Et comme c’est l’OTAN qui dit qui est méchant et qui ne l’est pas, on a eu Benali qui était gentil (demandez à Bertrand Delanoe) avant de devenir méchant, et Moubarak qui était très très gentil avant lui aussi de devenir méchant.
Et si on repense à kadhafi, c’était le meilleur lui : il était très très méchant, avant de devenir gentil puis de redevenir horriblement méchant.
Et les barbus djihadistes qui étaient gentils au moment où les Soviétiques étaient en Afghanistan (on en avait trouvé un de présentable, Ahmed Shah Massoud), étaient ensuite devenus maléfiques avec Ben Laden mais redeviennent gentils aujourd’hui (quelqu’un a même trouvé un article sur ce djihadiste tunisien qui fume pendant le jeune de Ramadan, et est branché musique. Parce que le djihad selon l’OTAN, c’est cool maintenant.
J’en reviens à Fisk qui s’attache à rétablir ou à établir quelques vérités non dites ; oui, il y a un complot contre la Syrie qui a commencé à être exécuté dès le début des revendications légitimes de la population. Et oui, il faut une solution politique pour arrêter morts et destructions mais chacun peut voir qui, comme en Libye précédemment, fait obstruction à toute discussion.
Mais dans le monde des bisounours, il suffit que Mme Clinton, David Cameron et Laurent Fabius disent «Bachar dégage » pour que tout soit réglé.
Misère de la pensée.
Mais il est vrai que dans le monde de bisounours de certains il n’y a jamais de complot, parce qu’il y a seulement des gentils et des méchants, et le méchant on le reconnaît au premier coup d’œil puisque c’est pratiquement toujours un Arabe ou un Africain ou les deux comme Kadhafi, en tout cas quelqu’un que les Américains n’aiment pas.
PS: je ne suis que très partiellement voire pas d'accord sur le parallèle qu'il fait entre la situation syrienne et la guerre civile en Algérie, non plus que sur le parallèle historique mais ce n'est pas vraiment l'objet du post. De même, ni le régime syrien, ni le régime algérien ne peuvent être qualifiés de laïques, ce sont des régimes sécularisés (en anglais on dit secular).
Ceux qui essayent de renverser Assad ont surpris l’armée par leur puissance de feu et leurs tactiques brutales
Par Robert Fisk, The Independent (UK) 26 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Quelques heurs après le commencement des attaques féroces conduites le mois dernier à Damas par l’Armée Syrienne Libre (ASL), le nouveau ministre Syrien de l’information, Omran Zouhbi, s’adressait aux journalistes présents dans la capitale. «Que faites-vous ici à Damas ? » avait-il rugi. Vous devriez être à l’extérieur avec nos soldats !»
Et en l’espace d’une journée, les images usées d’un président Bachar al-Assad au sourire pincé et de soldats Syriens embrassant joyeusement des enfants avaient été remplacées par des séquences d’actualités brutes – et authentiques – montrant des commandos forçant le passage dans la rue de Bagdad sous le le feu des opposants au régime au visage sale, courant d’un coin de rue à un autre, tirant en se couvrant derrière des murs ou des terrasses. « Nous avons nettoyé par ici, » déclare un militaire fatigué mais très en colère. «Alors maintenant, nous allons avoir le reste de ces salauds.» Jamais auparavant – pas même pendant la guerre de 1973 quand l’armée syrienne avait pris d’assaut la crête de l’Observatoire sur le plateau du Golan – le public syrien n’avait pu assister à quelque chose d’aussi réel sur ses écrans de télévision [bon, il a ça dans ses rues ou chez lui, note de Djazaïri].
Et – malgré des histoires fantaisistes sur sa présence dans chaque village ravagé – la bataille pour Damas a réellement été conduite par l’impitoyable 4ème division de Maher al-Assad. Les soldats fidèles au plus jeune frère de Bachar n’ont pas fait de quartier. «Ce fut un massacre, un massacre,» m’a dit un Syrien qui a une excellente connaissance de l’armée. Beaucoup de cadavres avaient déjà gonflé au bout de quelques heures, mais on pouvait dire que certains d’entre eux n’étaient pas Syriens ; il y avait des Jordaniens, des Palestiniens, des Egyptiens, un Turc, des Soudanais… » Il a compté 70 cadavres à un endroit, dont 42 non arabes. L’ASL a signalé avoir perdu seulement 20 hommes et a affirmé que le gouvernement syrien avait insisté sur le nombre de «combattants étrangers» découvert au milieu des tués. «les soldats Syriens n’aiment pas l’idée qu’ils tirent sur leurs compatriotes – ils se sentent plus à l’aise s’ils croient qu’ils son en train de tirer sur des étrangers,» explique le jeune homme.
Les statistiques de la guerre en Syrie seront toujours l’objet de disputes – chaque camp minimisera ses pertes tant que dureront les combats et exagèrera le nombre de ses «martyrs» une fois le conflit terminé ; nous ne saurons pas non plus le véritable nombre de civils tués, pas plus que l’identité de ceux qui les auront tués. Malgré l’accès inédit que nous avons eu la semaine dernière à des généraux et à des majors que l’Occident accuse de crimes de guerre, je n’ai trouvé qu’un officier qui a reconnu partiellement l’existence des shabiha, cette milice meurtrière à laquelle on impute des atrocités dans des villes et villages en majorité sunnites. «Les shabiha n’existent pas,» m’a-t-il dit. «C’est un produit de l’imagination. Ce sont des ‘défenseurs’ villageois qui gardent certains secteurs… »
Et c’est bien sûr exactement ce que le shabiha prétendent être, des civils Syriens qui protègent leurs maisons contre les ennemis du gouvernement. Il en a existé en Algérie pendant le conflit barbare entre la dictature d’Alger et les rebelles islamistes dans les années 1990, protégeant leurs familles tout en commettant des atrocités dans les villes et villages considérés comme étant utilisés par – ou sympathisants avec – leurs ennemis « terroristes» musulmans. En Algérie aussi, les opposants au régime étaient appelés des combattants étrangers, des hommes qui avaient combattu contre les Russes en Afghanistan et qui étaient rentrés pour continuer leur guerre sainte contre le régime «laïque» de l’ancienne colonie française. Maintenant, c’est une autre ancienne colonie française «laïque» - quoique dominée par les Alaouites - dont le pouvoir dit qu’il combat des hommes venus d’Afghanistan, ne faisant aucune distinction entre les brigades de l’Unité des Frères Musulmans, les salafistes ou tout simplement l’ASL. Personne ne sera surpris d’apprendre qu’il y a toujours eu des relations très étroites entre les renseignements militaires syriens et algériens.
Mais la bataille de l’armée gouvernementale contre ses antagonistes Syriens et étrangers n’a pas toujours été sans anicroches comme le régime voudrait le faire croire au monde. En dépit du récit des évènements en vigueur aujourd’hui en Occident, des hommes armés étaient présents dans les rues des villes et des villages dès les tout premiers jours de la mobilisation en Syrie il y a 18 mois. Certes, le printemps arabe a d’abord pris la forme de défilés pacifiques de dizaines de milliers de manifestants non armés dans les grandes villes de Syrie, mais une équipe de tournage d’al Jazeera avait pu filmer des hommes armés attaquant des soldats Syriens près du village de Wadi Khallak en mai 2011. Le même mois, lé télévision syrienne avait obtenu une séquence filmée avec des hommes armés de Kalashnikovs près d’une foule de manifestants Syriens non armés à Deraa, où la révolte avait commencé après que des agents de la police secrète eurent torturé à mort un garçon âgé de 13 ans.
Pourtant, il semble que quand les officiers Syriens et leurs soldats ont pénétré pour la première fois à Deraa, ils ne pensaient pas se retrouver face à des opposants armés. «Nous avions sécurisé 60 % de la ville en un seul jour,» affirme un Syrien bien au courant de cette opération. «Nous n’avions envoyé sur place que 1100 soldats – ça n’arriverait pas maintenant – parce qu’on ne pensait pas qu’il y avait des groupes armés là-bas. Mais après les cinq jours qu’il nous avait fallu pour reprendre le reste de la ville, nous avions perdu 17 de nos hommes victimes de tireurs embusqués». Ce ne fut pas la seule surprise : avec le début des batailles rangées plus tard dans l’année, l’armé syriennesera étonnée par la puissance de feu de ses opposants.
«A Homs, l’armée se trouvait dans un immeuble qui a reçu des centaines – littéralement des centaines – de roquettes RPG, » déclare un Syrien bien au courant des opérations [à Homs]. «Il y au des milliers d’explosions et finalement nous avions dû évacuer l’ensemble du bâtiment parce qu’il allait s’écrouler. Quand les soldats en sont sortis, ils on dû faire sauter toute la structure avant qu’lle s’effondre.» Et, pour une armée stigmatisée pour sa propre cruauté au combat, les soldats Syriens ont été surpris par la brutalité de ceux qu’ils affrontaient.
A Andan, un checkpoint de l’armée lourdement défendu avait été balayé à la fin de l’an dernier quand la Liwa Tawhid, la Brigade de l’Unité, avait attaqué la position et tué jusqu’au dernier les 75 soldats et les 4 officiers. Dans une embuscade ultérieure à Shughour, 120 soldats avaient été tués. Les registre de l’armée notent l’assassinat de neuf agents de police au poste de polide d’al-Hadr dans la province de Hama, de huit policiers dans un autre poste de la même province. A Salkin, une autre ville de la province de hama, un ancien employé civil de l’armée qui conduisait des camions pour le service de transport de l’armée avait été agressé par une foule de civils. Cet homme, Abdul Fatah Omar Abdul Fatah était accusé d’être un membre des shabiha, dénudé et pendu, puis son cadavre avait été bombardé de chaussures et décapité. A Duma, un responsable de mosquée [imam ?] avait dit aux fidèles : « Parmi nous, il y a un Awaini,» un traître. L’homme avait été battu à mort. Il est enregistré sous le nom d’Abu Ahmed Akera.
Quand l’ASL a f ait suivre son attaque contre Damas d’une offensive sur Alep, les autorités ont constaté que le premier objectif de leurs ennemis était l’école d’artillerie. Plus de 70 cadets ont réussi à résister jusqu’à l’arrivée de renforts. Il se dit que toutes les équipes chargées des batteries de missiles sol-air avaient été évacuées à la hâte d’Alep pour éviter le risque de capture et préserver les capacités de défense tactique en cas de possible attaque par Israël ou l’OTAN.
Le soldats Syriens qui ont forcé leur passage à travers les ruelles sinueuses de la vieille ville d’Alep cette semaine choisiront peut-être de se souvenir d’un jeune étudiant Egyptien qui avait passé des mois à Alep dans les années 1990 pour travailler sur une thèse en urbanisme qui portait précisément sur le champ de bataille où combat l’armée en ce moment : c’était Mohamed Atta, le chef des pirates de l’air du 11 septembre aux Etats Unis. Certains attaques sur des officiels Syriens ont été planifiées tès soigneusement ; des scientifiques du Centre de Recherche Scientifique près de Damas ont été assassinés. Bien avant le premier recours à l’aviation dans les combats – l’armé affirme que c’était en juin – sept pilotes avait été tués l’an dernier par des rebelles. L’armée affirme n’avoir commencé à utiliser l’artillerie – face aux mortiers – qu’en février.
Pour le gouvernement, les temps à venir s’annoncent difficiles. L’armée pense qu’Idlib – signalée comme étant un bastion d’al Qaïda – sera une des batailles les plus décisives pour la guerre. On a les témoignages de conscrits effrayés capturé ans un autobus civile en Syrie centrale et à qui on a donné le choix suivant : soit leurs parents donnent 450 000 livres syriennes (8 000 €) à l’ASL, soit les jeunes hommes doivent rejoindre les rebelles. Dans le village de Rableh, près d’al Qusayr, une population en majorité chrétienne de 12 000 âmes serait retenue comme boucliers humais par les rebelles, quoique l’armée semble avoir décidé qu’il serait trop coûteux de pendre le village.
Le régime de Bachar al-Assad est devant un ennemi brutal et plein de ressources dont les soutiens islamistes reçoivent de l’aide de l’Occident – exactement comme les moudjahidine étaient financés et armés par l’Occident quand ils combattaient les Russes dans les années 1980. Avec environ 50 000 hommes en armes [l'armée syrienne compte en fait 300 000 hommes] et peut-être 4 000 chars de combat, l’armée syrienne en tant que telle ne peut pas perdre.
Mais peut-elle gagner ?
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La rédaction