jeudi 23 août 2012

Au menu de nos ancêtres : carcasses, écorces et baies

Publié le 08/08/2012 | 20:50 , mis à jour le 08/08/2012 | 20:51
Une sculpture d'australopithèque présentée lors d'une exposition à Houston (Etats-Unis).

Une sculpture d’australopithèque présentée lors d’une exposition à Houston (Etats-Unis).

(DAVE EINSEL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Ecorces, carcasses d’animaux et baies régalaient nos ancêtres. C’est ce que révèle une équipe de chercheurs français publiée mercredi 8 août par la revue britannique Nature. Elle a reconstitué les tendances alimentaires de trois genres d’hominidés d’Afrique du Sud grâce à l’analyse chimique de dents fossiles.
L’équipe de Vincent Balter, du laboratoire de géologie de Lyon (CNRS/ENS), et José Braga, du laboratoire d’anthropologie moléculaire de Toulouse, s’est penchée sur des australopithèques, paranthropes et Homo.
Trois régimes différents
Les australopithèques, ancêtres communs des paranthropes et Homo, qui ont vécu entre 4 et 2 millions d’années avant notre ère, “étaient beaucoup plus opportunistes”, relève Vincent Balter. Ils avaient une alimentation beaucoup plus variée que les deux autres genres d’hominidés. Ils se mettaient sous la dent “ce qu’ils trouvaient dans la nature“ : baies, fruits et éventuellement des carcasses d’animaux morts. Une étude de chercheurs allemands et américains, publiée fin juin dans Nature, avait déjà montré qu’Australopithecus sediba (Afrique du Sud) se nourrissait aussi de bois et d’écorce.
Il y a environ 2 millions d’années, les australopithèques ont laissé la place aux paranthropes et aux Homo, chacun étant plus “spécialiste” que leur ancêtre commun. Les paranthropes (environ 2,5 à 1,2 million d’années) consommaient uniquement des végétaux. “On les imagine manger des racines, de l’écorce, des choses assez dures à broyer”, commente Vincent Balter.
Les Homo, genre qui réunit l’Homme moderne et les espèces apparentées, apparu il y a environ 2,3 à 2,4 millions d’années, était lui “beaucoup plus ‘viandard’”. Probablement aidés par leurs outils, ils se nourrissaient principalement de la chasse. “Ils avaient besoin de cette viande pour subvenir aux demandes énergétiques d’un cerveau qui ne cessait de grossir”, analyse Vincent Balter.
Des petits trous dans les dents
L’équipe française a mis en évidence ces différents régimes grâce à la mesure d’“éléments traces” prélevés sur des dents fossiles conservées au Muséum du Transvaal (Pretoria, Afrique du Sud) “cassées ou déjà coupées en deux”. Elle s’est intéressée à deux éléments chimiques : le strontium et le baryum, tous deux contenus dans l’émail dentaire, mais aussi deux marqueurs de la position des mammifères dans la chaîne alimentaire.
Les chercheurs ont utilisé un laser pour y faire de minuscules trous avant d’analyser la composition chimique de l’émail dentaire. L’utilisation du faisceau-laser a permis de réaliser des “profils” suivant la croissance de l’émail et d’enregistrer, “pour chacune des dents, une tranche de vie et l’évolution du régime alimentaire pendant cette tranche de vie”, a expliqué Vincent Balter.
Cette étude vient compléter d’autres travaux sur le régime alimentaire des hominidés, à partir de l’analyse du carbone des dents fossiles, ou encore de l’usure de l’émail dentaire. “On a un schéma qui commence à devenir cohérent avec ce que les anatomistes et les archéologues attendaient”, a-t-il ajouté.
FTVi avec AFP

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