jeudi 23 août 2012

Loin des plages, un voyage intérieur à Bali


Une statue d'animal mise à feu durant une cérémonie à Ubud, Bali.

Bali évoque souvent des images de surfeurs et de fêtes sur la plage. Pourtant à Ubud, 25 kilomètres au nord de la capitale Denpasar, au cœur de l’île hindouiste de l’archipel indonésien où vivent 3,5 millions d’habitants, les planches de surf ont disparu. Dans la salle du Yoga Barn, ouverte sur une rizière verdoyante, l’ambiance est à la concentration. “Prenez la posture du chien renversé”,demande en anglais une instructrice blonde, avant d’entamer un monologue sur le sens du passé et les démons balinais.

Ubud est devenue la Mecque des Occidentaux, surtout depuis que l’AméricaineElizabeth Gilbert a évoqué la cité dans Mange, prie, aime (éd. Le Livre de poche, 2009), son best-seller international. Ici, pas de maillots de bain, mais des pantalons de chanvre portés par des végétariens armés d’ordinateurs portables dernier cri. Il suffit pourtant de se promener dans cette ville de quelque 10 000 habitants, bruissant d’activités, pour succomber à son charme ; sa forte identité continuant d’exercer sa magie. Dans les temples, les habitants déposent chaque jour offrandes de fleurs et nourriture. Et il n’est pas rare d’assister à une procession en l’honneur des divinités – l’île compterait autant de dieux que d’habitants…
Surtout, la cité offre d’innombrables galeries. Elle s’est imposée au fil des siècles comme le foyer culturel de Bali : ses danses traditionnelles, dont le gracieux legong, ses peintres et ses sculpteurs. Le lieu a attiré très tôt des artistes européens, qui y ont laissé leurs traces. Dans les années 1920, l’Allemand Walter Spies a été conquis. Il y est resté et a œuvré pour faire connaître l’art balinais. On peut, notamment, admirer les œuvres du style d’Ubud au Musée Puri Lukisan, au centre de la ville. Preuve que les paysages et la douceur de vivre de la cité inspirent toujours le monde des arts, un festival international d’écrivains s’y déroule chaque année.
Une fois rassasié de cette agitation, on peut se réfugier dans une ambiance plus sereine. Ubud est située idéalement à la croisée des chemins de l’île. On y rejoint, au nord, le mont Batur, un volcan en activité dont on gravit le cratère moyennant marchandage avec les guides locaux. On peut aussi choisir une route moins touristique en direction du nord-ouest. En quelques heures, serpentant au milieu des plantations de café, on atteint Munduk.
UN TABLEAU DE WILLIAM TURNER
Ici, pas de palais majestueux ni cours de yoga : on ne s’en plaindra pas après l’offre pléthorique d’Ubud. Munduk est un petit village d’altitude tout en pentes qui offre un panorama splendide. Depuis le haut des collines ou de l’une des terrasses des restaurants, on aperçoit les plages de la côte nord, vers Lovina. A la nuit tombée, ce décor ressemble à un tableau de William Turner. A des dizaines de kilomètres de là, le ciel se fond dans l’océan, tandis que les rizières alentour se parent alors de rose.
Passé ces longues phases de contemplation, on peut s’adonner à la randonnée. La région fait partie d’un programme de protection environnementale. “La majorité de la population vit de l’agriculture : cacao, riz, clous de girofle, vanille…”, détailleMade Ria Wiwarman, un guide local. Où que l’on pose son regard, la terre est fertile, donnant au lieu des allures de paradis terrestre.
Et pour ultime découverte on peut assister à des cours de legong. N’hésitant pas àcorriger les postures imparfaites d’une voix sèche, le professeur de danse traditionnelle Nyoman Suriawan, accueille les enfants plusieurs fois par semaine, dans l’un des hôtels du village. Mouvements du regard, des sourcils, ballet de mains agiles, la chorégraphie est rigoureuse. “Il faut des années d’apprentissage, mais les enfants y tiennent, ils s’exercent devant la télévision”, explique le professeur. A mille lieues des foules, Munduk enchante. Tant et si bien que l’on rêve d’y rester pour de bon. Et tant pis pour la plage et le surf.
Marie-Morgane Le Moel

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