jeudi 8 août 2013

Saddam Hussein, le parcours d'un homme d'État




Saddam Hussein Abd al-Majid al-Tikriti (arabe : صدام حسين عبد المجيد التكريتي) est un homme d'État irakien, présumément né le 28 avril 1937 et exécuté par pendaison le30 décembre 2006 à Bagdad.

Il est vice-président (1968-1979), puis le président de la République d'Irak à partir de 1979. Il est renversé en 2003, lors de l'invasion de l'Irak par les États-Unis, le Royaume-Uni et une coalition d'autres pays.

Des gouvernements et ONG l'ont accusé de crimes de guerre, meurtres, crimes contre l'humanité et de génocide envers les Kurdes. Arrêté en décembre 2003, il est condamné àmort pour le massacre de Doujaïl de 148 villageois chiites en 1982, et pendu le 30 décembre 2006.



Saddam Hussein en compagnie d'étudiants baasistes pendant ses études au Caire de 1959 à 1963

On ne sait que peu de choses sur les premières années de sa vie. Il serait né le 28 avril 1937 dans une famille très pauvre de paysans sans terre du village d'Al-Aouja, non loin de Tikrit. Selon sa biographie officielle, son père, Hussein Abd al-Majid serait mort, peu avant ou peu après sa naissance, mais selon d'autres biographies, non officielles et généralement écrites par des opposants, son père aurait en fait abandonné sa femme et ses enfants.

Le petit Saddam aurait été élevé par le nouvel époux de sa mère, un homme qui aurait été brutal et illettré, et qui l'aurait traité rudement1. Il aurait alors vécu dans une petite maison en torchis, qui n'aurait été composée que d'une pièce et où, comme dans la quasi totalité des demeures irakiennes de l'époque, il n'y aurait pas eu l'électricité. Dès l'âge de six ans, il aurait commencé à travailler comme berger. Sa famille n'ayant pas les moyens de lui payer des chaussures, il serait allé travailler dans les champs pieds nus. À l'âge de huit ans, il aurait fui le domicile familial, et aurait été recueilli à Bagdad par un oncle maternel, Khairallah Talfah, ancien officier qui aurait soutenu la révolution de Rachid Ali al Gaylani et qui serait devenu maître d'école. Avant de le connaître, Saddam Hussein aurait été appelé ibn aziqaou littéralement, « fils des ruelles ». Son oncle l'aurait scolarisé dans l'école municipale ; Saddam Hussein aurait alors été l'élève le plus âgé de sa classe. Khairallah serait ensuite parti pour Bagdad avec le jeune Saddam où, en plus d'aller à l'école, il aurait exercé de petits métiers, comme celui d'assistant de chauffeur de taxi et de vendeur de cigarettes à la criée. Son oncle lui aurait également appris le maniement des armes, et l'aurait instruit sur l'histoire de l'Irak, Nabuchodonosor pour l'histoire antique de l'Irak, et Saladin pour l'histoire médiévale de l'Irak2.



L'ouverture de la phase préliminaire de son procès a eu lieu à Bagdad au début du mois de juillet 2004. C'est un tribunal d'exception, le Tribunal spécial irakien (TSI), qui le jugera pour génocide,crime contre l'humanité et crime de guerre, avec plusieurs autres membres importants du parti Baas.

Mille cinq cents personnes dont vingt-deux avocats principaux venant d'Irak, de Jordanie, de Libye, de France et des États-Unis se sont proposés pour assurer la défense de Saddam Hussein.Jacques Vergès et Roland Dumas sont quelques-uns de ces nombreux avocats. Le 7 juillet 2005, Ziad al-Khasawneh, le principal avocat de Saddam Hussein, démissionne, après des pressions d'avocats américains, voulant l'empêcher de prendre position pour la résistance irakienne et contre l'invasion armée. Le 8 août 2005, tous ses avocats commis d'office par le Tribunal, sauf un Irakien, Khalil al-Doulaïmi, sont récusés par la famille Hussein, qui les accuse de s'être autoproclamés défendeurs de Saddam Hussein sans avoir été mandatés.




 Le 4 septembre, le porte-parole du gouvernement irakien annonce que l'ouverture d'un premier procès aura lieu le 19 octobre, soit juste après le référendum sur le projet de Constitution, prévu le15 octobre. Ce procès concernera uniquement la condamnation à mort par un tribunal irakien et l'exécution de 148 chiites du village de Doujaïl en 1982 (le motif invoqué pour la plupart des accusés fut d'avoir été membre de l'organisation secrète islamiste qui avait organisé la tentative d'assassinat de Saddam Hussein, sans pourtant avoir eux-mêmes participé activement à la tentative d'assassinat), la destruction de propriétés privées et l'exil interne, pendant quatre ans, des 14 000 habitants de cette ville. Le porte-parole du gouvernement a également déclaré que si Saddam Hussein était condamné à la peine de mort, la sentence pourrait être exécutée sans attendre les jugement relatifs aux autres procès qui étaient prévus, relatifs à d'autres actes d'accusations portées à l'encontre de Saddam Hussein. La peine de mort avait été abolie en Irak par l'administrateur civil de l'Irak Paul Bremer ; elle semble y avoir été réintroduite à la suite de l'arrestation de Saddam Hussein.

Le 19 octobre, jour d'ouverture du procès, Saddam Hussein défie le tribunal, en ne reconnaissant pas son autorité et plaide non coupable pour le massacre de Doujaïl. Des témoins programmés au procès, ayant trop peur d'être des témoins publics, ne sont pas venus à Bagdad. Le premier procès de Saddam Hussein est alors ajourné pour permettre d'entendre ces derniers dans des conditions de sécurité satisfaisantes. La prochaine audience était prévue le 28 novembre, mais elle a été encore une fois reportée au 5 décembre. Le 6 décembre, Saddam Hussein continue de « perturber » le procès.

Le 23 janvier 2006, le président du Tribunal Rizgar Mohammed al-Amin démissionne. Il est remplacé par Raouf Abdul Rahman.

Le 15 mars, Saddam Hussein est appelé par l'accusation en tant que témoin. À la barre, il a fait une déclaration politique, affirmant notamment qu'il se considérait toujours comme le président de l'Irak, appelant les Irakiens à cesser les violences entre eux et à combattre les troupes américaines. Le juge a alors coupé son microphone et la suite de l'audience s'est déroulée à huis clos7.

Le 15 mai, il est formellement accusé de « Crime contre l'humanité » pour le massacre de Doujaïl, et refuse de plaider, trois de ses avocats ayant été assassinés lors des premiers jours du procès et Saddam Hussein ayant récusé tous ceux, commis d'office, que le tribunal spécial irakien lui proposait en remplacement, en ajoutant qu'« il n'y avait aucune possibilité de juger le Président de l'Irak », ou que « le tribunal spécial irakien n'a pas autorité, au terme de la Constitution de la République irakienne, pour juger le Président de l'Irak » (Saddam Hussein ne reconnaissait pas la nouvelle Constitution irakienne adoptée le 15 octobre de l'année précédente, sous prétexte qu'elle avait été « imposée » à l'Irak par les forces d'occupation étrangères).

Ses avocats boycottent le procès, accusant le tribunal de partialité et de manque d'indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Saddam Hussein refuse également d'être présent lors des auditions. Le président du tribunal ordonne alors sa convocation d'office. Des témoins appelés par la défense, suspectés d'avoir mentis à la cour, sont emprisonnés.



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Saddam Hussein a été exécuté,sur Wikinews

Le 29 décembre 2006, le député Sami al-Askari (en), collaborateur du Premier ministre Nouri al-Maliki, annonce que Saddam Hussein sera exécuté dans la nuit du 29 au 30 décembre2006 ou, au plus tard, le 4 janvier 2007 (après l'Aïd el-Kebir, la fête sacrée du calendrier musulman).

Le 30 décembre 2006, l'ancien président irakien est finalement exécuté dans la base militaire de Kadhimiya (en) dans la banlieue nord de Bagdad à 6 h 5, heure locale (3 h 5 GMT). Livré par les Américains aux autorités irakiennes, ce sont des Irakiens qui exécutent la sentence. Saddam Hussein est mené au gibet, les bras et les pieds entravés, et lit des versets duCoran. Il lui est proposé d'avoir la tête cagoulée, ce qu'il refuse. Il accepte le foulard qui lui est proposé pour éviter les blessures occasionnées par la corde. Pendant la préparation de son exécution, des officiels chiites présents sur le lieu de l'exécution l'insultent, ou scandent : « Moqtada, Moqtada », par référence à Moqtada al-Sadr, le chef de l'Armée du Mahdi, dont le père avait été exécuté sur l'ordre de Saddam Hussein. La scène de l'exécution a été filmée illégalement, et diffusée sur internet9. Elle a été reprise par de nombreuses chaînes de télévision de par le monde, chaînes qui semblent avoir, pour la plupart, tout censuré ou une partie de la bande son.

La pendaison de Saddam Hussein mit fin à toutes les actions judiciaires contre lui, dont sept susceptibles de conduire à une condamnation à mort.

Après son exécution, le corps fut amené en « zone verte », le périmètre de sécurité de Bagdad, dans la résidence du premier ministre, où fut organisée une fête entre amis pour fêter la pendaison. Il a ensuite été remis aux proches de l'ex-président. Le 31 décembre, il est enterré à 4 h 0 (1 h 0 GMT) dans un bâtiment construit au cours de sa présidence et destiné à honorer les morts, dans le centre d'Aouja, à 180 km au nord de Bagdad et 4 km au sud de Tikrit. Il repose avec son oncle et ses fils Oudaï et Qoussaï.

L'annonce de l'exécution déclenche une polémique. De nombreux observateurs dénoncent une « mascarade », une « parodie de justice ». Ainsi, selon Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, interviewé sur France 3 le 2 janvier 2007, le choix d'exécuter Saddam Hussein le jour de l'Aïd el-Adha fut désastreux. Exécuter Saddam Hussein un jour de paix et de pardon pour les sunnites (pour les chiites, l'Aïd a lieu le lendemain), qui plus est, une fête au cours de laquelle on sacrifie un animal, serait selon lui une provocation délibérée de la part de ceux qui détiennent désormais le pouvoir à Bagdad.

Pour de nombreux analystes, l'exécution serait plus un acte de guerre civile que de justice, ou tout du moins un acte de vengeance communautaire11 :
Le fait qu'il s'agisse d'un jour saint pour les sunnites et pas pour les chiites ;
L'exécution a eu lieu dans un quartier à majorité chiite (Khadamiya), dans une caserne des renseignements militaires, une unité notoirement infiltrée par l'Armée du Mahdi ;
La prière des personnes présentes faisait référence à des imams historiques chiites.

Le quotidien égyptien Al-Masri Al-Youm commentait ainsi : « Les États-Unis ont offert Saddam en sacrifice sur l'autel de la guerre civile irakienne ».

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