lundi 22 juillet 2013

Pour ramadan, les Juifs sont au menu de l’iftar



Vous connaissez Al Djazeera. C’est la sympathique et modérée chaîne d’information qui appartient à notre ami, l’émirat du Qatar, tout comme la chaîne Bein Sport et le club de football Qatar Saint Germain. C’est une chaîne qui a longtemps abrité les charmantes diatribes deYoussouf Al Qaradawi, principal prêcheur des Frères musulmans, et admirateur d’Adolf Hitler, mais depuis que les Frères musulmans ont quelques difficultés du côté du Caire, la chaîne devient encore plus sympathique et modérée. C’est promis. C’est juré. C’est ce qu’a dit le nouvel émir du Qatar, qui vient de remplacer son père, l’ancien émir du Qatar. Mais que doit faire une chaîne sympathique, modérée, et musulmane en période de ramadan : distraire ses téléspectateurs musulmans après la rupture du jeune, pardi ! Et qu’est-ce qui distrait les téléspectateurs musulmans après la rupture du jeune : un programme qui permet de se rassembler autour de la possibilité de « bouffer du Juif ».

Ce programme est un feuilleton, qui va durer tout le temps du ramadan, et qui va sans doute attirer de nombreux spectateurs musulmans répartis sur les cinq continents, puisqu’Al Djazeera bénéficie d’une diffusion planétaire. C’est un feuilleton qui va faire tout particulièrement plaisir au Proche Orient, où une bonne soirée islamique n’est jamais vraiment une bonne soirée islamique si on ne rêve pas de voir quelques Juifs, morts bien sûr. C’est un feuilleton qui va faire plaisir en Europe où dans les milieux islamiques, on aime beaucoup les Juifs, morts, cela va de soi.

Le programme s’appelle Khaybar, du nom de la ville où d’après le Coran, les musulmans ont massacré des Juifs par centaines en 628. Une version française sera, j’espère, diffusée sur le net à l’attention de tous les partisans d’opérations contre le « blocus de Gaza », et elle pourra alors être mise en ligne pour les militants d’Europalestine : le Mavi Marmara était chargé de gens qui scandaient le slogan : « Juifs, rappelez de vous de Khaybar ». Aucun militant « pro-palestinien » de France ne devrait être privé de la possibilité de voir Khaybar sans le moindre obstacle langagier.

Le scénariste du programme, un certain Yusri Jundi, promis à un bel avenir islamique, a dit en présentant le programme sur Al Djazeera, qu’il avait voulu, au delà du grandiose et superbe fait historique évoqué, montrer que « les Juifs sont des Juifs, et n’ont pas changé de nature, bien que des siècles se soient écoulés : ils répandent toujours la corruption et le mensonge partout où ils vivent ».

Le Qatar étant petit, trois cent mille qataris seulement (et un million huit cent mille semi-esclaves), et Al Djazeera étant une grande chaîne (que dis-je une très grande chaîne), le programme est une entreprise pan-arabe : Yusri Jundi est Egyptien, le réalisateur est de Jordanie, les acteurs viennent d’Egypte, de Jordanie, d’Iraq (régions sunnites), de Syrie (zones tenues par les islamistes sunnites).


Al Djazeera, vu le succès des premiers épisodes, a déjà revendu les droits à de multiples chaînes, dont la troisième chaîne algérienne. J’ai signé une pétition contre l’exposition de photos d’adoration de « martyrs » palestiniens au musée du Jeu de Paume. Je crains que cette pétition ne fasse pas fléchir le gouvernement français. Je pense qu’une pétition demandant la diffusion de Khaybar sur une grande chaîne nationale française, pourquoi pas Antenne 2, aurait plus de succès. Une interview de présentation pourrait être réalisée par un grand spécialiste du Proche-Orient : je ne sais pourquoi, mais je verrais bien l’auteur du célèbre reportage sur Mohamed Al Dura faire l’interview. C’est, après tout, le meilleur spécialiste du Proche-Orient que nous ayons en France.

Le programme semble être très suivi dans les territoires régis par l’Autorité palestinienne et à Gaza, ce qui est très réconfortant : on voit qu’il y a là de braves gens, tout à fait prêts à faire la paix avec Israël, et pas du tout antisémites. On se demande vraiment pourquoi des Israéliens ne font pas confiance à l’Autorité palestinienne et aux gens du Hamas. Mais on comprend l’enthousiasme de John Kerry à chacune de ses visites à Ramallah.

Dans un article consacré au programme, P. David Hornick, qui écrit régulièrement pour Frontpage magazine, rappelle que Yaakov Peri, ministre israélien des sciences et des technologies (j’espère qu’il a en sciences et en technologies des compétences aussi grandes qu’en géopolitique), l’un des personnages figurant dans le film The Gatekeepers (le film israélien anti-israélien de l’année), est, comme John Kerry, un fervent partisan du plan de paix arabe, et pense que ce plan permettrait une « vraie paix » dans la région.

Quand on voit des programmes comme Khaybar, et le succès qu’il remporte, on ne peut douter que le monde islamique aujourd’hui est empli de gens pas du tout hostiles aux Juifs, et sans doute prêts à faire une « vraie paix », comme à Khaybar en 628.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

PS. L’indispensable MEMRI (The Middle East Media Research Institute) a publié un rapport sur Khaybar, en anglais :http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/7279.htm


About the AuthorGuy Millière, (spécialisation : économie, géopolitique). Titulaire de trois doctorats, il est professeur à l'Université Paris VIII Histoire des cultures, Philosophie du droit, Economie de la communication et Maître de conférences à Sciences Po, ainsi que professeur invité aux Etats-Unis. Il collabore à de nombreux think tanks aux Etats-Unis et en France. Expert auprès de l’Union Européenne en bioéthique, Conférencier pour la Banque de France. Ancien visiting Professor à la California State University, Long Beach. Traducteur et adaptateur en langue française pour le site DanielPipes.org. Editorialiste à la Metula News Agency, Israël Magazine, Frontpage Magazine, upjf.org. Membre du comité de rédaction d’Outre-terre, revue de géopolitique dirigée par Michel Korinman. Rédacteur en chef de la revue Liberalia de 1989 à 1992 Il a participé aux travaux de l'American Entreprise Institute et de l'Hoover Institution. Il a été conférencier pour la Banque de France, Il a participé à l'édition d'ouvrages libéraux contemporains comme La constitution de la liberté de Friedrich Hayek en 1994 dans la collection Liberalia, puis dans la collection « Au service de la liberté » qu'il a créée aux éditions Cheminements en 2007. Il a également été rédacteur en chef de la revue éponyme Liberalia de 1989 à 1992. Il a été vice-président de l'Institut de l'Europe libre ainsi que Président et membre du conseil scientifique de l'Institut Turgot. Il fait partie du comité directeur de l'Alliance France-Israël présidée par Gilles-William Goldnadel. Il est l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages.

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