mercredi 10 juillet 2013

Perles du Liban , un récit agréable à lire

Mar 25 Juin 2013 à 00:18 depuis Mediarabe.info par Mediarabe.info


Stéphanie Baz-Hatem
Cet ouvrage constitue un hommage aux femmes du Liban qui sont dans l'ombre ou la lumière, et tente de montrer que leur quotidien peut-être rempli d'embûches. Les histoires dépeintes dans ce recueil sont toutes inspirées de faits réels : des histoires spécifiques de femmes qui ont en commun une appartenance (voulue ou non) au Liban, mais qui demeurent universelles dans leurs thématiques.


Des femmes de tout âge – une gardienne d'immeuble, une femme mariée insatisfaite, une femme de ménage qui n'est jamais partie en vacances, une Française de 80 ans mariée à un Libanais depuis 60 ans, une jeune fille voulant devenir martyr, une bonne à tout faire philippine, une femme tout juste sortie de prison… – confient leurs pensées, leurs réflexions, leurs regrets, leurs frustrations, leurs rêves, leurs joies.

Témoignage de vies de femmes vivant ou ayant vécu au Liban, ce recueil regroupe de magnifiques portraits sous forme de monologues qui laissent transparaître la diversité de ce pays du Moyen-Orient, riche de son histoire, de son emplacement géographique et de ses religions.

Dans une écriture sobre et efficace, l'auteur rend un bel hommage aux femmes libanaises qui sont dans l'ombre ou la lumière. Les histoires dépeintes dans ce recueil sont toutes inspirées de faits réels : des histoires spécifiques de femmes qui ont en commun un fort attachement au Liban, mais qui demeurent universelles dans leurs thématiques.

Que dit Stéphanie Baz-Hatem sur son ouvrage, reflet de son propre parcours ?

Le Liban a toujours été un pays pluriculturel, plurireligieux et plurilingue, stratégiquement localisé entre l'Occident et l'Orient. Longtemps surnommé « la perle du Moyen-Orient », ce petit pays de 4 millions d'habitants, ne compte pas moins de dix-huit confessions religieuses. En tant que franco-libanaise, si j'ai eu envie d'écrire sur les femmes du Liban c'est avant tout pour rendre hommage à leur force et à leur courage. Etre une femme libanaise n'est pas une chose aisée même si c'est une expérience de vie riche et stimulante. A mes yeux, toutes ces femmes aux parcours si variés sont finalement l'essence d'un magnifique pays aux confluents de la méditerranée, trop souvent abimés par des conflits régionaux et/ou internes. Ces femmes libanaises, mondialement reconnues pour leur beauté et sensualité orientale, ont la particularité d'être en permanence tiraillées entre l'Orient et l'Occident, entre une religion imposée et une laïcité désirée, entre une émancipation entamée et un retour à une sorte de soumission implicite. Dans leurs vies quotidiennes, elles n'en sont pas moins combatives, éprouvant un désir de liberté intense au fil du temps et des conflits intestins.

De son ouvrage, Stéphanie affirme qu'il constitue un hommage aux femmes du Liban qui sont dans l'ombre ou la lumière, et qu'il tente de montrer que leur quotidien peut-être rempli d'embûches. Les histoires dépeintes dans son recueil sont toutes inspirées de faits réels : des histoires spécifiques de femmes qui ont en commun une appartenance (voulue ou non) au Liban, mais qui demeurent universelles dans leurs thématiques.

La diversité des femmes libanaises est un sujet précieux pour tout auteur. Quand on se ballade dans les rues de Beyrouth, on ne peut que constater cette multi-culturalité, ce panaché permanent d'allure, de style vestimentaire, de religion plus ou moins affichée, de couleurs de peaux ou d'attitudes. Les femmes au Liban sont le fruit d'un subtil mélange et d'un paradoxe permanent entre liberté et emprisonnement, au sens propre comme figuré. Mais dans un pays où la femme n'a toujours pas le droit de transmettre sa nationalité à ses enfants et où seulement quatre d'entres elles ont réussi à se faire élire députée, sur 128 parlementaires, le chemin est encore long vers l'émancipation réelle. Pas évident non plus pour ces femmes de faire évoluer les mentalités, de tenir tête aux hommes ou d'évoluer malgré le carcan trop présent de la société.

Stéphanie relate sa vie et son attachement au Liban grâce à ses parents : je suis née à Paris un beau matin de juillet 1984, dit-elle. Au Liban, si la guerre civile faisait rage et les images qui nous parvenaient faisaient froid dans le dos, nous étions totalement préservés dans la France des années 80. Mes parents, franco-libanais, vivaient entre Paris et Beyrouth depuis des années. Ils m'ont permis d'échapper aux bombes et à l'angoisse de la guerre en m'offrant une enfance joyeuse et remplie d'amour. Jusqu'à un âge avancé, je ne savais d'ailleurs pas que j'étais autant libanaise que française. Cet attachement au Liban a mis du temps à s'imprégner de ma personne malgré les efforts de ma mère qui a toujours tenu à nous transmettre, à ma petite sœur et moi, nos origines.

Ma mère est mon premier et plus bel exemple de femme forte. Avec un travail de pédiatre à plein temps, elle prenait le temps quand j'étais enfant, de me parler du Liban, souvent à travers de bons plats libanais qu'elle m'apprenait à faire. Elle tentait aussi avec mon père de me parler arabe : si pour la langue c'était peine perdue, mon amour du Liban a sans doute commencé avec sa gastronomie mondialement réputée. J'étais donc dès mon plus jeune âge, à Paris, en train d'apprendre à faire la cuisine avec ma mère et parfois ma grand-mère et ma tante qui faisaient des allers-retours entre les deux pays. Nous étions dans ces moments privilégiés, en pleine transmission gustative et familiale. J'ai également des souvenirs joyeux de séances de danse du ventre improvisées entre femmes lors des réunions de famille.

Si le Liban a été pendant longtemps un lointain pays, dont je n'avais des nouvelles qu'à travers la télévision et les appels téléphoniques à la famille, il est devenu quelque chose de beaucoup plus concret en 1995 quand mes parents s'y sont réinstallés pour de bon. Du haut de mes 11 ans à l'époque ce fut d'abord un choc de quitter Paris, mon école, mes amis, mon quartier, pour un pays presqu'inconnu dont je ne connaissais pas la langue. J'ai pourtant très vite été heureuse au Liban. Je m'y suis épanouie pendant mon adolescence, période pouvant être difficile pour une jeune fille. Le Liban m'a offert des rencontres merveilleuses, des découvertes, des excursions, et surtout, des amis pour la vie et une vie de famille qui manquait cruellement à Paris. C'est aussi à Beyrouth que j'ai rencontré mon mari. Rien que pour ça, ma vie n'aurait jamais été la même sans avoir vécu dans ce pays.

A dix-huit ans, le bac tout juste en poche, je suis retournée vivre et faire mes études à Paris : j'en avais profondément envie, et même si le Liban était devenu mon pays à part entière, je me sentais beaucoup plus française dans ma tête et j'avais surtout envie de vivre ma propre vie. A Paris, je me sentais libre, je sentais que je pouvais faire tout ce que je voulais. Là encore j'ai eu la chance d'avoir des parents formidables qui m'ont toujours soutenu dans mes choix et qui m'ont épaulé à tous les niveaux. Je me souviens d'échanges de lettre et de grandes conversations avec mon père dont je suis très proche, au sujet justement de cette difficulté d'avoir une vie entre deux cultures, de cette sorte de déchirement permanent. Car à cette période, je ne savais plus vraiment où positionner mon identité entre la France et le Liban. Officiellement, j'étais à la fois française et libanaise, mais ni tout à fait l'une ni tout à l'autre. C'est à ce moment que je me suis vraiment intéressée au statut de la femme en Occident et en Orient. De part ma propre expérience tout d'abord : si à Paris je vivais seule tout l'année et je faisais en gros ce que je voulais de mon emploi du temps sans devoir rendre de comptes à qui que ce soit, dès que je rentrais vivre au Liban chez mes parents, la vie n'était plus du tout la même. A travers mes études d'histoire et de sciences politiques, je cherchais toujours à en savoir plus sur les femmes dans les sociétés passées et contemporaines. A chaque séjour à Beyrouth, je ne pouvais m'empêcher de comparer entre les modes de vies de mes amies des deux côtés de la méditerranée, entre les libertés des unes et des autres, entre les émancipations sexuelles et professionnelles, entre le poids de la société pour les unes et pas pour les autres. Au cours de l'été 2007, j'ai effectué un stage bénévole au sein de l'association Caritas à Beyrouth et j'ai été chargée de me renseigner pendant deux mois sur les droits des femmes au Liban : de mes recherches, le plus souvent accablantes pour mon pays, j'en ai tiré une dizaine d'articles qui ont été tout de suite publiés.

Au Liban, de manière générale, j'étais beaucoup plus entourée qu'à Paris mais pas que par des femmes. Dans tous les cas, j'aimais parler aux femmes libanaises dont la vie pouvait croiser la mienne. J'aimais constater leurs parcours, leurs envies, leurs rêves, à chaque fois si différents et si riches. Selon les cas, je pouvais me sentir révoltée devant le manque de liberté qu'elle pouvait subir ou admirative devant leur combativité. On peut souvent avoir l'image de la femme libanaise entretenue, qui passe ses journées à se pouponner (ou à s'injecter du botox comme le dénonce si souvent les médias étrangers) et à faire des mondanités en ville. Ce type de femme existe bien entendu. Mais mes séjours au Liban m'ont prouvé que le contraire existe : la plupart des femmes libanaises se battent au quotidien au même titre que leurs homologues européennes afin de faire valoir leurs droits et libertés. Elles travaillent de plus en plus, se marient de plus en plus tard, et cherchent par-dessus tout à exister par elle-même avant de fonder une famille. J'aime profondément cette idée d'existence par soi-même. J'ai aussi l'idée qu'être une femme est une chance exceptionnelle. Pour moi, en tant que femme, nous pouvons tout faire si nous trouvons les moyens de combattre les codes sociétaux. Si en France, la question des droits se pose toujours mais plus dans les mêmes termes, au Liban, c'est un combat permanent ; pas toujours évident.

Ma mère m'a transmis tant de choses, que je ne pourrais le transcrire ici mais j'ai envie de retenir une phrase qu'elle m'a très souvent répété et qui m'accompagne tous les jours de ma vie : « Surtout, dans tout ce que tu entreprends, n'oublies pas d'être une femme ». Par ces simples mots tout est dit : il faut se battre oui, mais il faut se rappeler qu'être une femme comporte des joies infinies et propres à ce sexe qui ne devrait plus jamais être qualifié de « faible ». Comme l'a si justement martelé Simone de Beauvoir, « on ne nait pas femme on le devient ».

Je dédie ce livre à toutes les femmes de ma vie et bien sûr à toutes les femmes de mes deux pays.

Stéphanie Baz-Hatem

Mais qui est Stéphanie Baz-Hatem ?

Née en 1984, Stéphanie Baz-Hatem, franco-libanaise, a vécu son enfance à Paris et son adolescence à Beyrouth. Doublement diplômée en Histoire et Sciences Politiques de l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne, elle a effectué une partie de son Master de Sciences Politiques et Relations Internationales à Madrid. En 2008, elle obtient un diplôme de Responsable de Communication de l'EFAP. Depuis 2009, elle est la Conseillère presse de Jacques Delors et la Responsable de la stratégie globale de communication du think tank Notre Europe – Institut Jacques Delors. Elle est également la chargée de communication de l'association « Les petits soleils » fondée par le Dr Noha Baz, qui œuvre pour les enfants malades au Liban. Passionnée de littérature, d'écriture, de cuisine, de voyages et de danse, elle aime la vie par-dessus tout. Autant dire que son livre s'annonce aussi passionnant que passionné.

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