mardi 4 juin 2013

Technologies : IBM parie sur l'informatique cognitive

 Analyser des masses de données pour résoudre des problèmes d'embouteillages ou de gestion de l'eau. C'est ainsi que le géant américain compte développer ses ventes de services en Afrique.
Technologies : IBM parie sur l'informatique cognitive
Neuf mois après l'ouverture d'un laboratoire de recherche à Nairobi, IBM a inauguré le 8 mai dans la capitale kényane son premier centre d'innovation en Afrique de l'Est. Associé à l'incubateur iHub, il sera en lien avec la communauté des développeurs, des consultants et des intégrateurs locaux pour leur proposer de tester les solutions informatiques du géant américain. « Big Blue » - c'est son surnom - compte désormais 41 centres de ce type dans le monde, dont deux autres en Afrique, à Johannesburg et Casablanca.

Avec ce nouvel investissement, IBM confirme l'attention portée ces derniers mois par Virginia Rometti, sa nouvelle PDG, au continent. Au quartier général de New York, l'Afrique fait partie des priorités. Selon une source citée par Bloomberg, le groupe souhaite y réaliser un chiffre d'affaires de plus de 1 milliard de dollars (775 millions d'euros) à l'horizon 2015, contre environ 400 millions l'an dernier.

Déploiement

Pour y parvenir, IBM a multiplié ses implantations sur le continent, passées de 4 à 20 entre 2006 et 2012, et opère désormais dans plus de 45 pays africains. Ce déploiement a été accéléré avec l'obtention en 2010 du contrat de management du système d'information de l'opérateur Bharti Airtel dans 17 pays. « Ce partenariat nous a permis de renforcer notre présence dans des pays comme le Burkina Faso, le Gabon ou le Congo », confirme Mamadou Ndiaye, directeur général d'IBM au Sénégal. Alors que ses ventes en Afrique sont encore marquées par une surreprésentation des équipements (lesquels représentent moins de 20 % de son chiffre d'affaires mondial, de plus de 100 milliards de dollars), IBM souhaite évoluer, comme ailleurs dans le monde, vers davantage de conseils et de services aux entreprises et aux administrations. « IBM n'est pas seulement en Afrique pour vendre, mais aussi pour participer au développement du continent », insiste Mamadou Ndiaye.

À Nairobi, le groupe américain a ainsi proposé à la municipalité de l'aider à fluidifier le trafic automobile à partir, entre autres, des informations recueillies par des caméras de sécurité installées sur les axes routiers. Les embouteillages de la capitale kényane engendreraient chaque jour plus de 500 000 euros de pertes, selon une étude de 2007. Il y a quelques semaines, IBM est également intervenu à Abidjan afin de cartographier les déplacements des abonnés d'Orange. Sur la base des données fournies par l'opérateur - plus de 2,5 milliards d'appels localisés grâce aux relais télécoms -, les ingénieurs d'IBM ont conclu que la ville pouvait réduire les temps de transport de 10 % en créant deux nouvelles routes et en en étendant une autre.

Prédictions

Appelée « informatique cognitive », cette approche vise à analyser d'importantes masses d'informations pour établir des prédictions. « De plus en plus d'appareils [téléphones, caméras, téléviseurs] sont connectés et peuvent fournir des données permettant d'anticiper pour prendre les bonnes décisions », explique Mamadou Ndiaye. Une démarche applicable à bien des domaines, de l'éducation à la santé en passant par la sécurité. En Afrique du Sud, IBM a dernièrement décidé d'identifier les fuites du réseau d'eau potable. Grâce à un logiciel accessible depuis un simple téléphone, chaque citoyen peut signaler les incidents constatés. Toutes les données seront mises à disposition des autorités. John Kelly, directeur de la recherche du groupe, est persuadé que l'informatique jouera un rôle déterminant dans l'émergence de l'Afrique. Et IBM compte bien en profiter.

Julien Clémençot
Pour JA

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