dimanche 28 avril 2013

Déploiement inédit de l’armée américaine en Espagne


La situation politique en Algérie et dans les pays du Maghreb est-elle si inquiétante pour susciter les craintes des Américains ?
Cette question coule de source quand on apprend qu’un contingent de marines de l’US Navy va prendre ses quartiers au sud de l’Espagne, c’est-à-dire à quasiment une portée de fusil du territoire algérien.

Le correspondant à Madrid du journal londonien Al Qods Al Arabi rapporte, citant le gouvernement espagnol, qu’un «bataillon» de 500 éléments des forces spéciales relevant du corps des marines de l’US Navy ainsi que 8 avions militaires américains arriveront «prochainement» à la base Morón de la Frontera, située dans la province de Séville, en Andalousie. Bien que la vice-présidente du gouvernement espagnol, Mme Soraya Sáenz de Santamaría, n’ait pas expliqué la mission précise de ce déploiement inédit de l’armée américaine, les commentaires à Madrid sont presque formels : surveiller la situation au Maghreb et spécialement en Algérie.
Le journal londonien, citant le gouvernement espagnol, croit savoir ainsi que les 500 marines de l’US Navy qui seront désormais stationnés en Andalousie auraient pour mission d’intervenir en cas de «troubles majeurs qui affecteraient les pays du Maghreb». La même source précise que cette force est destinée à «réagir rapidement surtout en ces temps de bouleversements que connaissent les pays du Printemps arabe et la région du Sahel».

Et l’Algérie figurerait en priorité des craintes américaines, à en croire Al Qods Al Arabi qui met en avant la «menace» que fait peser l’élection présidentielle sur la stabilité du pays mais surtout la décision de Bouteflika de postuler à un 4e mandat.
«Haut risque» d’un 4e mandat
Le journal se fait l’écho des «craintes d’instabilité politique» en Algérie que pourrait induire, lit-on, la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un  4e mandat . Il en veut pour preuve que cette autorisation de déploiement accordée par le gouvernement espagnol au Pentagone, le 9 avril dernier, est valable «une année». Il n’est pas besoin d’être un devin pour comprendre que cette période ( avril 2013-avril 2014 ) correspond exactement au calendrier politique algérien avec comme point d’orgue la tenue de la présidentielle d’ici à une année.

On peut donc penser que le stationnement de cette force américaine d’intervention juste en face du territoire national est calé sur cette échéance électorale, sujette à polémique. La méfiance américaine sur la situation politique en Algérie est par ailleurs soulignée dans l’article d’Al Qods Al Arabi par la célérité avec laquelle le gouvernement de Madrid a donné suite à la requête du Pentagone. «C’est un record», commente le journal espagnol El Pais mettant en relief la rapidité d’exécution de la demande d’autorisation. Une petite semaine en effet (la demande a été déposée le 9 avril) a suffi au gouvernement de Mariano Rajoy pour donner son feu vert à la requête de Washington. Cette célérité, écrit le journal londonien, dénote du souci des Américains de «faire vite» en prévision «d’éventuels débordements politiques en Algérie».
Quoi qu’il en soit, Al Qods Al Arabi précise que les 500 marines et les 8 avions militaires devraient «assurer la sécurité des ressortissants américains en Algérie ainsi que du personnel diplomatique US et d’opérer leur évacuation du pays». Ce nouveau contingent s’ajoutera ainsi aux forces de l’armée de l’air en poste déjà à la base de Morón de la Frontera que se partagent les deux armées, espagnole et américaine.

Cela étant dit, ce rapprochement «musclé» des marines des côtes maghrébines suggère que les Etats-Unis sont loin d’être rassurés par la situation politique dans cette région. A l’incertitude politique liée à l’oracle de Bouteflika sur ses intentions sur fond de scandales de corruption touchant ses proches, se greffent la guerre au Mali et, depuis peu, les mouvements sociaux au sud du pays. Un cocktail de nature à inquiéter les Américains non encore remis du meurtre de leur ambassadeur à Benghazi en Libye et de l’attaque de leur ambassade par les islamistes à Tunis. Mais pour les Algériens, ce déploiement US inquiète plus qu’il ne rassure.

De là à y voir un ( nouveau ) débarquement des alliés en Algérie, il y a une ligne rouge qu’il est difficile de franchir.


Des Marines et des avions de combat US en Espagne, en prévision d'une chute du régime en Algérie

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