Les imams algériens venus des quatre coins de l’Algérie ont réussi une prouesse inédite en mettant en place aujourd’hui dimanche un syndicat en bonne et due forme.
Nos imams se sont ainsi réunis autour de l’éminent cheikh Djelloul Hadjimi, une figure très connue au sein de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), au complexe touristique Mazafran de Zeralda. Résultat : la Coordination nationale des imams (CNI) bénie par les honorables «chouyoukh» a vu le jour sous l’aile protectrice de l’UGTA dont elle est organiquement liée.
C’est une première dans ce secteur si sensible que les imams disposent de leur propre syndicat. Mais au-delà de la défense de ses droits socio-professionnels, ce conseil national des imams vise surtout à sanctionner toute sortie des rangs de la part de ses membres. Il y a un constat en effet que certains imams n’hésitent pas à relayer la propagande wahabite dans les mosquées d’Algérie. Le regain du Salafisme si visible à travers l’accoutrement des priants, semble avoir accéléré la prise de conscience quant à la nécessité de mettre le holà dans un secteur qui échappe au contrôle des autorités.
Des comportements qualifiés de «déviationnistes» ont été plusieurs fois signalés et même dénoncés par le ministère des affaires religieuses.
Les imams de Sidi Said…
Mais quand c’est l’imam lui-même qui s’adonne à ce genre d’exercice de prosélytisme, il y a péril en la demeure. C’est pourquoi, la constitution de ce conseil national des imams se veut être une digue contre la poussée salafiste.
Cheikh Hadjimi n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que l’Islam algérien s’inscrit dans le respect de la pratique ancestrale qui fait de la modération son credo.
«Nous allons défendre notre Islam, loin de toute idéologique politique ou courant de pensée venu d’ailleurs. Nous devons retrouver nos pratiques religieuses ancestrales, celles de nos parents et de nos grands parents », a professé doctement cheikh Hadjimi dans une allusion à peine voilée aux Salafisme directement importé du Qatar et de l’Arabie saoudite.
La bénédiction de l’Etat
Et au cheikh de dicter la conduite à tenir pour un imam algérien : «Nos imams doivent avoir un comportement exemplaire, faire preuve d’un patriotisme sans faille, rester ouverts sur la société et sur le monde extérieur sans qu’ils ne soient influencés par les courants de pensées et les idéologies qui se répandent partout dans le monde musulman et qui visent à avilir notre population pour qu’elle soit à la merci de puissances extérieures qui ne veulent pas forcément du bien pour notre pays », renchérit un autre imam.
Dans son sermon moderniste, Cheikh Hadjimi a aussi soutenu que l’Islam et la démocratie ne sont pas «antinomiques». «Nous prônons un Islam décomplexé qui sera toujours au service du pays et de la société. Un Islam qui défendra les intérêts suprêmes de la nation, qui éduquera la société et évitera à nos enfants de tomber dans l’obscurantisme », soutient-le cheikh.
Cela étant dit, même si certains diront que ce conseil national des imams est tout droit sorti des arcanes du régime, l’avancée inexorable du Salafisme voire du chiisme méritent bien que l’Etat s’en occupe quitte à lancer un syndicat alibi.
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