Le pouvoir islamiste en Tunisie vient de montrer son véritable visage, celui d’un régime oppressif qui traite sa population comme du gibier.
Le gouvernement islamiste d’Ennahdha a franchi un nouveau pallier dans la violence avec l’utilisation de la chevrotine pour mater les manifestants.
La sauvage agression survenue dans la ville de Siliana, à 120 km au sud-ouest de Tunis, perpétrée cette semaine contre des milliers de manifestants, qui sont descendus dans la rue pour réclamer du travail et le limogeage du préfet Ahmed Ezzine Mahjoubi, a surpris par le nombre élevé de victimes. La violence perpétrée à l’encontre des habitants de Siliana a débouché sur un nombre important de blessés, notamment à la chevrotine, on parle de plus de 300 cas.
La ville reste le théâtre d’affrontements et l’épicentre de la colère des tunisiens face aux espoirs déçus de la révolution de 2011. Ces troubles interviennent à l’approche du deuxième anniversaire, le 17 décembre, du début de la révolution.
L’agression perpétrée par les forces de l’ordre s’est caractérisée cette fois par l’utilisation de la chevrotine qui est une munition composée de projectiles multiples. Les grains de cette munition ont tendance à ricocher lorsqu’ils frappent une surface dure, ce qui en fait une munition dangereuse pour les personnes situées à proximité de la cible. Ces munitions sont généralement utilisées pour augmenter la probabilité de toucher une cible en mouvement, en raison de leurs grains en plombs (ou en acier), sur des gros gibiers, d’où son nom qui fait référence au chevreuil.
xLes tirs de chevrotine dans la ville de Siliana sur les manifestants sont un acte d’une extrême cruauté, notamment au visage, aux yeux, au ventre et aux membres… Cette munition dangereuse et lourdement handicapante a causé la perte irréversible de la vue d’une dizaine de manifestants. Des images circulant dans les réseaux sociaux montrent des personnes aveuglées par ces bombes.
Ceci est d’autant plus étonnant que l’ancien régime n’a pas utilisé ces procédés d’une dangerosité extrême. Ce stock de chevrotine n’a pas été introduit en Tunisie au temps de Ben Ali. La chevrotine était interdite à la chasse en Tunisie. On peut donc supposer que le gouvernement islamiste en place l’a autorisée.
En France, en raison de sa dangerosité, la chevrotine est interdite à la chasse dans la plupart des départements sauf dérogation. Elle est interdite au même titre que les mines anti-personnelles contre lesquelles le monde civilisé s’est battu.
Utiliser de la chevrotine et des fusils de chasse contre des manifestants désarmés, est une méthode que le nouveau pouvoir islamiste tunisien semble avoir emprunté au régime iranien qui a plus que quadruplé la répression après le scrutin contesté, de juin 2009, qui a vu la victoire du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Les manifestants pacifistes de la ville de Siliana, qui ne cherchaient qu’à exprimer leurs revendications, ont été réprimées d’une manière barbare. On compte parmi les blessés des journalistes qui tentaient de couvrir les événements. David Thomson, journaliste à France 24, a confirmé avoir été atteint par des tirs de chevrotine, qu’on lui a retiré 14 plombs et qu’il en portera d’autres à vie.
Devant les pratiques des islamistes, l’opposition est en train de préparer une motion de censure contre le gouvernement d’Ennahdha et contre son chef, Hamadi Jebali.
Lors d’un discours adressé à l’ensemble des Tunisiens, dans la soirée du vendredi 30 novembre 2012, le président de la République, Moncef Marzouki, un laïc allié aux islamistes qui n’a pas le pouvoir de remanier le gouvernement, a indiqué avoir « peur » que les violences, déclenchées par l’exaspération de la population face à la misère, ne s’étendent. Sans pour autant se désolidariser du gouvernement, le président a reconnu que « le gouvernement n’a pas été à la hauteur des revendications citoyennes ». Il a tenu à exprimer « son soutien inconditionnel aux revendications légitimes des habitants de Siliana » et à condamner les violences « inacceptables à tous les niveaux ».
Des milliers de personnes ont participé à une marche « symbolique » de 5 km en direction de Tunis. Elles réclamaient une fois de plus le départ du gouverneur, la fin de la violence policière et la mise en place d’un programme d’aides à leur région. Elles n’ont pas cessé de chanter une sérénade de la mort à un gouvernement qui tourne le dos à son peuple et qui l’opprime à chaque fois qu’il manifeste son mécontentement. Une vaste manifestation est prévue lundi dans la capitale Tunis.
Des réactions embarrassées, voire des appels à la retenue sont émis depuis Paris, en direction du gouvernement tunisien.
La France « déplore le nombre élevé » de blessés après les manifestations à Siliana a indiqué le Quai d’Orsay.
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a réagi, le 30 novembre 2012, à travers un communiqué, aux derniers événements de Siliana. En tant que président de l’Association internationale des maires francophones il a exprimé sa solidarité avec la population durement éprouvée de Siliana et sa région.
Navy Pillay, Haut commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, a exprimé, dans une déclaration publiée sur le site de l’ONU, son mécontentement quant aux récents incidents de Siliana. Elle a condamné l’usage excessif et disproportionné de la force (de la part de la police) à l’égard des manifestants. Mme Pillay n’a pas manqué de rappeler que le droit de manifester doit être respecté. Elle a appelé le gouvernement à ouvrir une enquête pour faire la lumière les éventuels abus.
Des membres du bureau de l’ONU à Tunis ont rendu visite, hier, aux blessés de Siliana hospitalisés dans la capitale et ont relevé plusieurs cas de blessures graves pouvant engendrer, entres autres séquelles, une cécité.
Le ministre tunisien de l’Intérieur, Ali Laârayedh a promis samedi soir de faire cesser l’utilisation de la chevrotine face aux manifestants de Siliana. Quand aux revendications concernant le limogeage du préfet de la région, devenu une des conditions sine qua non à toute cessation du mouvement protestataire à Siliana, le ministre a promis, également, de présenter le dossier de la démission dudit préfet au chef du gouvernement, Hamadi Jebali.
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La rédaction