lundi 10 décembre 2012

La démocratie ne se décide pas de l’étranger!


Quand je lis les exposés de certains spécialistes à propos du printemps arabe, je suis fasciné devant l’amateurisme errant. La démocratie libérale et la laïcité ne se décident pas de l’étranger! 

Et je vous fais bénédiction de ceux qui expliquent cette partie du monde sans avoir un minimum de connaissance de base, ni y avoir séjourné une seule fois, ni en avoir maitrisé les langues parlées, des préalables pour comprendre la complexité de la situation locale. 

Parlant de ceux qui ont pris le soin de se rendre là-bas et d’essayer de faire leur travail de journaliste comme il faut. Plusieurs ont titré leurs textes publiés après le printemps arabe en misant sur le «recul des droits des femmes», «les laïcs en colère contre Morsi, ou la charia», ou sur le fait tel pays arabe «va basculer dans l’escarcelle de l’islamisme», etc. Comme quoi le printemps arabe est la cause du conservatisme des sociétés arabes. Le comble! 

Il ne faut pas être diplômé de Harvard pour discerner que dans le monde arabe, la majorité souveraine des citoyens ne nient pas l’islam. Là-bas, les partis de gauche, de droite et du centre sont communs sur l’islam comme religion de l’État. 

Il subsiste une nuance. Parmi les partis politiques en place, il y a ceux qui se prétendent directement des mouvements islamistes modérés, comme les Frères musulmans en Égypte, le Parti justice et développement (PJD) au Maroc et Ennahda en Tunisie. À leur droite, en attaque, on trouve les salafistes, le courant du «tea party» des conservateurs arabes. Une mouvance radicale, mais marginale dans ces sociétés. Et à ce jour, rien n’indique qu’elle est sur le point de gonfler ses rangs exponentiellement. 

Les autres partis dits libéraux et modernistes, de gauche comme de droite et du centre, n’ont pas opéré une séparation avec l’islam. Dans leurs littératures, ils ne se rangent pas comme des laïques, mais optent pour un islam d’ouverture qui tend vers la modernité. Certes, des mouvements laïcs s’investissent particulièrement dans des partis marginaux ou au sein de la société civile et des médias pour faire bouger les lignes rouges. Mais ils sont asociaux. 

Demain, si des élections libres et démocratiques avaient lieu dans les 22 pays arabes, sans dérogation, les islamistes gagneront haut la main. Et même si un parti non issu de la mouvance islamiste arrive à créer la surprise, il ne pourra pas immédiatement mettre en question l’islam comme source première et indéniable du législateur. Aucun parti! 

Alors de grâce, n’hypothéquons pas l’avenir des peuples en fantasmant sur une modernisation à la va-vite. On l’a vu par le passé. Des apprentis sorciers de la CIA et leurs homologues britanniques ont déjà fait goûter cette médecine à l’Iran en destituant un premier ministre démocratiquement élu, Mohammad Mossadegh, un démocrate laïc, pour le remplacer par un jeune dictateur qui a voulu occidentaliser son pays comme on installe un logiciel. Moins de trente ans après l’arrivée de ce chah, l’Iran est tombé entre les mains des mollahs ultraconservateurs. 

Le modèle occidental de la démocratie libérale n’est pas un kit Ikea facile à monter et à greffer partout. La question qui mérite un débat, est de savoir comment les Arabes doivent administrer leur agitation. Doivent-ils défendre en premier la démocratie? Doivent-ils plutôt favoriser les droits individuels, particulièrement les droits des femmes, ou absolument la laïcité? Car ceux qui croient que le tout va se faire dans ces pays en un clin d’œil, par occultisme, se trompent totalement et dupent l’opinion publique occidentale. Il n’y a aucun exemple dans l’histoire de l’humanité où la démocratie, les libertés individuelles et la laïcité ont été établies simultanément au lendemain d’une révolution! 

Qu’on soit pour ou contre les partis islamistes modérés, il faut leur donner une chance pour les juger sur le bilan de leurs mandats exécutés. En Égypte, par exemple, à part les Frères, aucun courant politique ne peut se targuer d’être majoritaire. Dans ce coin du monde, depuis le temps des pharaons, Morsi est le premier président égyptien élu démocratiquement par un suffrage universel. Alors? 

La vigilance est de mise pour accompagner ces pays dans leur apprentissage de la démocratie et son application afin de les aider à opérer une rupture définitive avec le passé, celui de la complicité des chancelleries occidentales avec des dictatures à leur solde et des régimes autocratiques qui ont opprimé et asservis les masses par la brutalité des services secrets et des polices intérieures féroces qui ont imposé la terreur, la torture, la peur, l’emprisonnement arbitraire, le lavage des cerveaux et l’aliénation des citoyens-sujets par les médias locaux. Des pratiques et modèles de gouvernance qui ont activé et dopé le conservatisme des sociétés arabo-musulmanes. Assez! 

source:  journalmetro.com

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