Dans le dernier numéro de The Lancet Oncology, un chercheur en oncologie résume les grandes lignes de ce que l'on sait à propos du cancer et de l'activité physique. Entre autres choses, il écrit ceci : « Plusieurs études épidémiologiques marquantes montrent une forte corrélation inverse entre l'activité physique et le risque de récurrence et de mortalité à la suite d'un diagnostic de cancer du sein et de cancer colorectal. »
Si vous vous étonnez que la liste des cancers répondant à l'exercice soit si courte, c'est simplement qu'on n'a jamais mené de recherches sur le sujet.
Depuis 50 ans, il s'est dépensé des trillions (des mille milliards) de dollars en recherche et en traitements anticancer. Durant la même période, on a recensé approximativement 80 recherches ayant étudié l'effet de l'exercice sur des gens atteints de cancer. Le chercheur explique pourquoi il en est ainsi : « Il est évident que le fait qu'on ne puisse pas breveter ce type d'intervention est un puissant obstacle à la recherche. » Pas d'argent à faire, pas d'intérêt...
Pendant ce temps, seulement en 2009, les grandes pharmaceutiques ont investi pas moins de 37 milliards $ de capital de risque dans de petites compagnies bio-pharmaceutiques promettant de nouveaux médicaments dont on ignore l'effet réel.
En fait, l'ignorance de la science à propos de l'effet de l'activité physique sur l'état des gens atteints de cancer pourrait être qualifiée d'abyssale, comparativement à ce qu'elle sait sur tout le reste.
Le premier problème, semble-t-il, est qu'on ignore par quel mécanisme l'activité physique pourrait ralentir la progression du cancer et influer positivement sur l'état de santé. Comme on ne sait pas comment ça marche, on ne voit pas comment on pourrait chercher... Car, avant d'embarquer des gens dans une étude clinique, il faudrait qu'on ait démontré en laboratoire pourquoi l'activité physique a un effet positif sur l'évolution du cancer. Mais comme il est difficile de faire faire de l'activité physique à une culture de cellules... Situation absurde mais ô combien réelle!
L'activité physique n'est certainement pas la panacée dans le traitement du cancer, mais on sait que c'est une « intervention » sécuritaire et bien tolérée, sans effets secondaires, avec des effets « primaires » significatifs au plan clinique sur la qualité de vie et l'amélioration des capacités fonctionnelles avant, pendant et après les interventions thérapeutiques chirurgicales ou médicamenteuses. Et on pourrait même ajouter qu'elle peut probablement, dans certains cas, être la première intervention thérapeutique proposée.
Pourquoi les oncologues ne recommandent-ils pas à leurs patients d'essayer de bouger un peu? Pensent-ils encore qu'un diagnostic de cancer et les traitements qui l'accompagnent rendent l'activité physique contre-indiquée? « Une telle attitude est maintenant dépassée », affirme le chercheur en oncologie.
Malgré l'absurdité de la situation, il y a au moins un aspect des choses qui me laisse avec un grand sourire : on n'a pas besoin d'attendre la prescription d'un oncologue ni la mise au point d'une nouvelle petite molécule capable d'inhiber la tyrosine kinase (un enzyme souvent en cause dans le cancer) pour décider d'ajouter l'activité physique à notre arsenal thérapeutique personnel.
En attendant que Godot la Science daigne se pencher sur l'humble rôle de l'activité physique dans la prévention et le traitement du cancer, je n'hésiterais pas à refaire le pari de Pascal : si ça marche, on gagne, si ça ne marche pas, on n'a rien perdu. Et comme la probabilité qu'il y ait des effets positifs est beaucoup plus élevée que celle qu'il n'y ait aucun effet ou des effets négatifs, il serait mal indiqué de s'en passer.
Pour en savoir plus:
Exercise research: early promise warrants further investment. Jones LW, Peppercorn J. Lancet Oncol. 2010 May;11(5):408-10. Pour pouvoir lire cet article d'une page, vous devez avoir un accès à The Lancet ou payer 31,50 $ US... Grand merci à C. T. pour sa précieuse collaboration.
Billion-Dollar Babies. The story of scientists who came up with ideas that recently convinced Pharma to give them millions of dollars. The Scientist, May 2010. Ma source des chiffres sur les investissements des pharmaceutiques. Un article qui illustre de manière explicite comment fonctionne l'industrie pharmaceutique.
Exercise as a Time-conditioning Effector in Chronic Disease: a Complementary Treatment Strategy, Luis F. B. P. Costa Rosa. Evid Based Complement Alternat Med. 2004 June; 1(1): 63–70. Texte complet en accès libre. Pour comprendre quelques-unes des façons par lesquelles l'exercice physique influence le système immunitaire dans une situation de cancer.
Si vous vous étonnez que la liste des cancers répondant à l'exercice soit si courte, c'est simplement qu'on n'a jamais mené de recherches sur le sujet.
Depuis 50 ans, il s'est dépensé des trillions (des mille milliards) de dollars en recherche et en traitements anticancer. Durant la même période, on a recensé approximativement 80 recherches ayant étudié l'effet de l'exercice sur des gens atteints de cancer. Le chercheur explique pourquoi il en est ainsi : « Il est évident que le fait qu'on ne puisse pas breveter ce type d'intervention est un puissant obstacle à la recherche. » Pas d'argent à faire, pas d'intérêt...
Pendant ce temps, seulement en 2009, les grandes pharmaceutiques ont investi pas moins de 37 milliards $ de capital de risque dans de petites compagnies bio-pharmaceutiques promettant de nouveaux médicaments dont on ignore l'effet réel.
En fait, l'ignorance de la science à propos de l'effet de l'activité physique sur l'état des gens atteints de cancer pourrait être qualifiée d'abyssale, comparativement à ce qu'elle sait sur tout le reste.
Le premier problème, semble-t-il, est qu'on ignore par quel mécanisme l'activité physique pourrait ralentir la progression du cancer et influer positivement sur l'état de santé. Comme on ne sait pas comment ça marche, on ne voit pas comment on pourrait chercher... Car, avant d'embarquer des gens dans une étude clinique, il faudrait qu'on ait démontré en laboratoire pourquoi l'activité physique a un effet positif sur l'évolution du cancer. Mais comme il est difficile de faire faire de l'activité physique à une culture de cellules... Situation absurde mais ô combien réelle!
L'activité physique n'est certainement pas la panacée dans le traitement du cancer, mais on sait que c'est une « intervention » sécuritaire et bien tolérée, sans effets secondaires, avec des effets « primaires » significatifs au plan clinique sur la qualité de vie et l'amélioration des capacités fonctionnelles avant, pendant et après les interventions thérapeutiques chirurgicales ou médicamenteuses. Et on pourrait même ajouter qu'elle peut probablement, dans certains cas, être la première intervention thérapeutique proposée.
Pourquoi les oncologues ne recommandent-ils pas à leurs patients d'essayer de bouger un peu? Pensent-ils encore qu'un diagnostic de cancer et les traitements qui l'accompagnent rendent l'activité physique contre-indiquée? « Une telle attitude est maintenant dépassée », affirme le chercheur en oncologie.
Malgré l'absurdité de la situation, il y a au moins un aspect des choses qui me laisse avec un grand sourire : on n'a pas besoin d'attendre la prescription d'un oncologue ni la mise au point d'une nouvelle petite molécule capable d'inhiber la tyrosine kinase (un enzyme souvent en cause dans le cancer) pour décider d'ajouter l'activité physique à notre arsenal thérapeutique personnel.
En attendant que Godot la Science daigne se pencher sur l'humble rôle de l'activité physique dans la prévention et le traitement du cancer, je n'hésiterais pas à refaire le pari de Pascal : si ça marche, on gagne, si ça ne marche pas, on n'a rien perdu. Et comme la probabilité qu'il y ait des effets positifs est beaucoup plus élevée que celle qu'il n'y ait aucun effet ou des effets négatifs, il serait mal indiqué de s'en passer.
Pour en savoir plus:
Exercise research: early promise warrants further investment. Jones LW, Peppercorn J. Lancet Oncol. 2010 May;11(5):408-10. Pour pouvoir lire cet article d'une page, vous devez avoir un accès à The Lancet ou payer 31,50 $ US... Grand merci à C. T. pour sa précieuse collaboration.
Billion-Dollar Babies. The story of scientists who came up with ideas that recently convinced Pharma to give them millions of dollars. The Scientist, May 2010. Ma source des chiffres sur les investissements des pharmaceutiques. Un article qui illustre de manière explicite comment fonctionne l'industrie pharmaceutique.
Exercise as a Time-conditioning Effector in Chronic Disease: a Complementary Treatment Strategy, Luis F. B. P. Costa Rosa. Evid Based Complement Alternat Med. 2004 June; 1(1): 63–70. Texte complet en accès libre. Pour comprendre quelques-unes des façons par lesquelles l'exercice physique influence le système immunitaire dans une situation de cancer.
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La rédaction