Texte de la conférence donnée par Emmanuel Navon à L’Association France-Israël à Antibes le 27 mars 2012
Nous nous réunissons ce soir une semaine après le meurtre à Toulouse de Jonathan Sandler, de ses enfants Arye et Gabriel, et de Miriam Monsonego. Alors que je vous parle le jeune Bryan Bijaoui, qui est originaire d’Antibes, est dans le coma. Il tenta de sauver la jeune Miriam et il lutte aujourd’hui pour sa vie.
Mesdames et messieurs, je vous pose et je me pose la question : comment peut-on tirer à bout portant sur de jeunes enfants ? Comment en arrive-t-on à une telle inhumanité, à un tel mal absolu ?
Cette question, je me la suis posée après le meurtre d’Itamar l’an dernier. Trois enfants dont un bébé et leurs parents égorgés.
Cette question, je me la suis posée il y a quatre ans à la même époque après le massacre de la Yeshiva du Merkaz Harav à Jérusalem. Huit adolescents abattus de sang froid pendant qu’ils étudiaient.
Cette question, je me la suis posée en février 2001 avec la décapitation filmée de Daniel Pearl après qu’il ait prononcé les mots « Je suis juif. »
Cette question, je me la suis posée le 11 septembre 2001 lorsque les Tours jumelles de New York se sont effondrées, faisant des milliers de victimes.
Cette question, je me la suis posée en octobre 2000 lorsque j’ai vu les images de Aziz Salha, l’un des auteurs du lynche de Ramallah, montrer avec fierté à une foule en extase ses mains couvertes du sang des deux soldats israéliens qu’il venait de lyncher.
Cette question, je me la suis posée, et je n’ai pas trouvé de réponse.
Mais je sais une chose : tous ces crimes ont été commis au nom de l’Islam. J’entends déjà l’objection : tous les musulmans ne sont pas des terroristes. C’est vrai. Mais tous les actes terroristes les plus sanglants ces deux dernières décennies ont été commis par des musulmans et au nom de l’Islam.
Seule la barbarie nazie nous rappelle cette haine, cette cruauté et cette démence. Avec une différence, cependant. Lors du procès de Nuremberg et lors du procès Eichmann à Jérusalem, les accusés tentèrent de se défendre en affirmant qu’ils n’avaient fait qu’agir sous les ordres de leurs supérieurs.
En revanche, les auteurs du 11 septembre, les assassins de la famille Fogel, et le reste des tueurs islamistes revendiquent leurs actes avec fierté. Ils ont été conditionnés par une idéologie qui justifie le meurtre d’innocents.
Or, pour les Islamistes, le Juif, par définition, ne peut pas être innocent. La culpabilité éternelle du Juif, la malédiction des Juifs par Allah, et le commandement de tuer les Juifs font partie intégrante de la foi islamique.
Il y a un peu plus de deux mois de cela (le 9 janvier 2012), le Mufti Muhammad Hussein, qui est la plus haute autorité religieuse de l’Autorité palestinienne, a publiquement rappelé à la foule réunie à l’occasion du 47e anniversaire de la fondation du Fatah que tuer les Juifs est le devoir religieux de tout musulman.
Dans son discours, le Mufti a cité la fameuse Hadith (c’est-à-dire la tradition islamique attribuée à Mahomet) selon laquelle l’heure de la résurrection n’adviendra que lorsque les Musulmans tueront les Juifs. Voilà ce que dit cette fameuse Hadith :
« L’heure de la résurrection n’adviendra pas tant que tu ne lutteras pas contre les Juifs ; Le Juif se cachera derrière les pierres et derrière les arbres, Et les pierres et les arbres crieront : Oh, Musulman, serviteur d’Allah, il y a un Juif derrière moi : viens et tue-le. »
Il existe de nombreuse Hadiths, et certaines font plus autorité que d’autres. Cependant, cette Hadith qui parle du meurtre des Juifs comme condition nécessaire à la résurrection est une Hadith qui fait autorité. Un sondage publié par l’organisation américaine The Israel Project en juillet 2011 a révélé que 73% des Palestiniens croient en cette Hadith qui en appelle au meurtre des Juifs.
Lorsqu’un rêve ne peut advenir sans un acte nécessaire à sa réalisation, tout peut justifier cet acte, pour barbare qu’il fût. D’où le régime de la Terreur de Robespierre, d’où le Goulag stalinien, d’où les camps de concentration nazis. Les idéologies absolutistes deviennent barbares dès l’instant où elles affirment que l’avènement d’un monde meilleur dépend de l’élimination de ceux qui sont perçus comme des obstacles à ce monde meilleur.
L’islamisme est une idéologie absolutiste qui perçoit les Juifs comme les ennemis d’Allah et comme les ultimes obstacles à la rédemption.
Le meurtre des Juifs comme obligation religieuse fait partie intégrante de la Charte du Hamas et des buts déclarés du Hezbollah. Ces deux organisations terroristes sont soutenues et armées par l’Iran, un pays dont le Président cesse de proférer que le douzième Imam n’apparaîtra qu’après l’élimination d’Israël et la victoire finale contre les Juifs.
Donc l’idéologie qui a motivé Mohamed Merah n’est pas marginale, et elle n’est pas le fait d’un extrémiste isolé. C’est une idéologie qui fait partie intégrante de l’Islam et qui est promue comme idéologie d’État par un pays comme l’Iran.
Certes, tout Musulman ne partage pas cette idéologie absolutiste qui justifie le meurtre des Juifs. Mais l’influence de cette idéologie auprès de Musulmans d’Europe va en grandissant. L’exemple de Mohamed Merah, l’auteur de la tuerie de Toulouse, est révélateur à ce titre.
Fils d’immigrés algériens, il a grandi dans une famille nord-africaine venue en France pour travailler. L’Islam nord-africain n’est pas l’Islam wahhabite saoudien ou l’Islam chiite iranien. Bourguiba en Tunisie et le FLN en Algérie étaient laïcs et modernisateurs.
L’Islam de Mohamed Merah, en revanche, est un Islam importé du Proche-Orient. C’est en Afghanistan et au Pakistan que Mohamed Merah s’est imprimé de cette version de l’Islam -une version qui promet la rédemption à la jeunesse pommée des banlieues françaises. Et puis il y a bien sûr les écoles et les mosquées européennes financées par l’Arabie saoudite, qui promeut le wahhabisme, une version puritaine et moyenâgeuse de l’Islam.
Il y a bien un phénomène d’aliénation et de radicalisation d’une grande partie de la jeunesse musulmane en France et en Europe. Et donc l’idéologie islamique dont les Juifs sont les premières victimes menace à terme l’Europe elle-même.
Car, en tant que non musulmans, les Européens chrétiens sont des Kfirs, des infidèles qu’il faut convertir au fil de l’épée, ou tout simplement par la démographie. L’Europe, tant qu’elle sera majoritairement chrétienne, continuera de faire partie de Dahr el-Harb le monde non-musulman qu’il faut conquérir et convertir.
Face à ce phénomène, l’Europe a deux choix. Soit défendre sa liberté, son identité et ses valeurs. Soit céder à l’apaisement, au politiquement correct, et au relativisme.
Nous autres Juifs et Israéliens n’avons la le choix puisque nous sommes explicitement mentionnés comme ennemis d’Allah et puisque les Islamistes égorgent nos enfants dans leur lit et tirent sur eux à bout-portant dans les écoles.
Mais vous Européens avec le choix.
Après les attentats du 11 septembre 2001, les forces européennes de l’OTAN ont fait le choix d’aller se battre en Afghanistan. Mais après l’attentat de Madrid en mars 2004, l’Espagne décida de retirer ses forces d’Afghanistan en espérant que ce geste apaiserait les Islamistes -et ce alors même qu’al-Qaida déclara à l’époque que la lutte contre les infidèles continuera jusqu’à la libération de l’Andalousie.
La condamnation à mort de Salman Rushdie, l’assassinat de Théo van Gogh, et l’incendie des bureaux de Charlie Hebdo sont autant de phénomènes qui devraient vous inquiéter et vous faire réfléchir. L’Islam n’accepte ni la critique, ni l’ironie, ni l’audace intellectuelle.
Et donc l’Islam n’accepte pas que l’esprit critique, la liberté d’expression et même le blasphème s’appliquent au Coran. « Islam » signifie soumission, et l’Europe a le choix entre la soumission et le combat.
Malheureusement, la plupart des intellectuels et des journalistes européens ont fait le choix de la soumission. En Europe, depuis la Shoah, l’antisémitisme et la haine du Juif ne sont plus légitimes. Mais l’antisémitisme s’exprime aujourd’hui par le biais très légitime et très respectable de la haine d’Israël.
Je ne fais pas l’amalgame, bien sûr, entre antisémitisme et critique d’Israël. Croyez-moi, nous autres Israéliens ne nous privons pas de critiquer notre pays –ce qui ne fait évidemment pas de nous des antisémites. Ce dont je parle c’est cette critique démesurée d’Israël, une critique qui dégénère dans la diffamation, dans le mensonge, et dans une politique de deux-poids-deux-mesures.
Le fait que Catherine Ashton ait fait l’amalgame entre le meurtre prémédité et délibéré d’enfants et les victimes accidentelles d’opérations militaires menées conformément au droit international en réponse à des tirs de roquettes visant des populations civiles israéliennes prouve que l’Europe, ou en tout cas sa porte-parole officielle, est prête à abandonner la raison.
La raison, depuis Socrate et Descartes, fait partie intégrante de la culture occidentale. Dans cette culture, on ne peut pas affirmer quelque chose qui est contraire à la réalité. Le mensonge est illégitime et le déni de la réalité est ridiculisé.
La raison et le lien organique entre la parole et les faits n’ont pas la même place dans la culture musulmane. Un exemple parmi d’autres, mais qui est révélateur, fut l’intervention du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad, à l’Université de Columbia en 2007.
L’un des étudiants lui posa une question sur le traitement inhumain des homosexuels en Iran. Et quelle fut la réponse d’Ahmadinejad ? « Il n’y a pas d’homosexuels en Iran. » La salle éclata de rire, mais Ahmadinejad resta impassible, convaincu apparemment que nier la réalité suffit pour la changer.
De même que le Ministre de la Propagande de Saddam Hussein proclama la victoire de l’Iraq sur les ondes radiophoniques au moment mêmes où les tanks américains étaient sous sa fenêtre.
C’est à cause de cette déconnexion totale entre paroles et faits que Bashar Assad massacre ses propres citoyens (il a tué près de 8,000 Syriens au moment où je parle) et, au parallèlement, condamne violemment Israël pour ses opérations de représailles contre les tirs de roquettes du Hamas à Gaza.
C’est à cause de cette déconnexion totale entre paroles et faits que Recep Erdogan bombarde le Kurdistan tout en accusant Israël de commettre un « massacre » à Gaza.
C’est à cause de cette déconnexion totale entre paroles et faits que le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, qui est dominé par les pays arabo-musulmans, a approuvé la semaine dernière un rapport faisant l’éloge du régime de Kadhafi en Libye dans le domaine des droits de l’homme.
C’est à cause de cette déconnexion totale entre paroles et faits que les pays arabes, qui pratiquent tous sans exception une politique d’apartheid contre leurs minorités non-musulmanes, organisent chaque année une politique de « l’apartheid israélien » dans les universités américaines et européennes, alors même qu’Israël est le seul pays du Proche-Orient où toutes les minorités jouissent de droits civiques égaux.
Cette irrationalité atteint les organisations internationales telles que l’ONU où les pays arabo-musulmans disposent d’une majorité numérique.
C’est ainsi que le Conseil de Sécurité de l’ONU, qui est censé préserver la paix du monde, était présidé en 2012 par le Liban, un pays contrôlé par le Hezbollah et téléguidé par l’Iran.
C’est ainsi que la Libye de Kadhafi présida la Commission des Droit de l’Homme de l’ONU, et que l’Iraq de Saddam Hussein présida la Commission sur le Désarmement.
Et c’est ainsi que le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, qui est dominé par des dictatures, s’est abstenu de condamner Assad pour le massacre des civils syriens mais a revanche exprimé sa profonde inquiétude, la semaine dernière, sur « la violation des droits de l’homme par Israël » dans le Golan.
Cette irrationalité a conquis l’ONU en partie à cause de la complaisance de l’Europe. Et cette irrationalité est en train de conquérir l’Europe elle-même parce que nombreux sont les Européens qui préfèrent céder aux menaces et capituler face à l’irrationalité, ou tout simplement qui ont trouvé dans la diffamation d’Israël le moyen politiquement correct de masquer leur antisémitisme.
C’est ainsi que les médias européens reprennent le discours irrationnel et les accusations mensongères de la propagande arabe à l’encontre d’Israël. Les Israéliens, les Juifs, volent la terre et l’eau des Palestiniens. Les Israéliens, les Juifs, commettent un génocide à Gaza. Les Israéliens, les Juifs, violent les droits de l’homme et pratiquent une politique d’apartheid contre les Palestiniens.
En s’associant à ce discours irrationnel et à ces accusations mensongères, les médias européens ne contribuent pas seulement à la défaite de la raison. Ils contribuent également à la diabolisation d’Israël et à l’incitation à la haine contre les Juifs.
C’est à la suite de l’accusation mensongère par France 2 en septembre 2000 de la mort de Mohamed al-Dura sous les tirs israéliens que Daniel Pearl a été décapité et que des dizaines d’attentats meurtriers ont été commis contre la population civile israélienne pour « venger le sang de Mohamed al-Dura. »
Mohamed Merah a certes agi sous l’influence de l’Islamisme radical dont il s’est imprégné au Pakistan et en Afghanistan, mais il a justifié son crime par sa volonté de venger la mort des enfants de Gaza.
La diffamation d’Israël par les médias français et européens attise la haine des Juifs et est partiellement responsable de la tuerie de Toulouse. Il est temps de le dire haut et fort.
À vous, Français, Européens, de faire votre choix et de choisir votre camp. Ce n’est pas pour Israël que je lance cet appel. Israël vaincra avec ou sans l’Europe. En dépit des coups et de la douleur, le peuple juif survivra et triomphera comme il l’a toujours fait, tout simplement parce qu’il est porteur d’une mission dont la contribution à l’humanité est inégalée et indispensable.
C’est appel, je le lance pour l’Europe. De grâce, au nom de la culture européenne et de la rationalité occidentale, ne cédez pas à l’islamisme comme beaucoup d’Européens cédèrent au nazisme.
Comme l’a dit Churchill, apaiser l’ennemi c’est nourrir le crocodile en espérant qu’on sera dévoré en dernier. Et si je cite Churchill, je rappellerai également la phrase prophétique qu’il eut après la signature des Accords de Munich : « Vous avez choisi le déshonneur pour éviter la guerre. Vous aurez et le déshonneur et la guerre. »
Puisse la tragédie de Toulouse réveiller les esprits et faire prendre conscience aux Européens du choix qui doit être le leur dans le conflit que l’Islamisme mène avec lâcheté et cruauté contre le peuple juif. Le choix est entre collaborer avec le mensonge, l’irrationalité et la haine, ou bien être prêt à affronter les forces qui menacent la rationalité et la liberté pour lesquelles l’Europe s’est battue dans le passé.
Puissent les Européens suivre l’exemple de la lucide Mélanie Phillips et pas celui de l’innommable Stéphane Hessel.
Alors que nous sommes à la veille de Pessah, le peuple juif s’apprête à célébrer la fin de l’esclavage et l’accès à la liberté. Cela fait plus de trois-mille ans que nous menons ce combat, et nous n’avons aucune intention de l’abandonner.
Et je souhaite, je vous souhaite, que de plus en plus de peuples suivent notre exemple et notre message, celui qui figure dans le Deutéronome : « J’ai mis en face de toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie ! »
Puissions-nous faire ce choix.
Par Emmanuel Navon – JSSNews
Emmanuel Navon est professeur de Relations Internationales à l’Université de Tel-Aviv et candidat aux primaires du Likoud pour les prochaines élections à la Knesset.
Rejoignez JSSNews sur Facebook !
http://jssnews.com/2012/03/28/le-monde-a-lenvers-par-albert-soued/
Emmanuel Navon est professeur de Relations Internationales à l’Université de Tel-Aviv et candidat aux primaires du Likoud pour les prochaines élections à la Knesset.
Rejoignez JSSNews sur Facebook !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Nous vous invitons ici à donner votre point de vue, vos informations, vos arguments. Nous refusons les messages haineux, diffamatoires, racistes ou xénophobes, les menaces, incitations à la violence ou autres injures. Merci de garder un ton respectueux et de penser que de nombreuses personnes vous lisent.
La rédaction