Dans l’Ardèche, dans la commune d’Aubenas, où habitent 12 000 personnes, il est possible de payer avec une monnaie de singe. Et c’est totalement légal. Il y a déjà dix-sept monnaies complémentaires dans les différentes régions de France. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel ajoute que cette idée est à l’étude dans une dizaine d’autres régions, Paris y compris.
À Aubenas, des billets avec un dessin de marrons ont cours, à Saint-Étienne, ce sont des billets avec des pommes de terre, à Grenoble, avec des tournesols. À Angers, on paie avec des « abeilles », et les pêcheurs du sud de la Bretagne ont choisi les « sardines ». Les monnaies complémentaires sont surtout utilisées par les fermiers et les entrepreneurs locaux : boutiques de fruits légumes, coiffeurs, maçons et garagistes.
Le nom des monnaies est donné en fonction de ce qu’il y a dessiné dessus. Ainsi, à Aubenas, elle s’appelle « bogue », comme l’enveloppe du marron. Des photos de la monnaie complémentaire sont disponibles sur le site de Der Spiegel.
Le principe est simple : l’argent, les produits et les services s’échangent contre la monnaie locale, qui a cours seulement dans une région donnée. Ainsi, grâce aux investissements des entrepreneurs locaux, l’économie régionale se développe. De plus, la monnaie complémentaire perd de la valeur par rapport à la monnaie nationale, ce qui garantit une circulation constante plutôt qu’une accumulation.
Toutefois, cette idée n’est pas nouvelle. Les Albenassiens l’ont empruntée à leurs aïeuls. Après la Seconde Guerre mondiale, les habitants manquaient d’argent. Afin de stimuler les échanges commerciaux, la chambre de commerce a commencé à imprimer des billets. Cela n’a duré que jusqu’à ce que, à la fin des années 1940, la banque centrale n’a pas assez de francs pour échanger.
L’expérience est menée dans d’autres pays européens. Par exemple, la ville britannique de Bristol a adopté sa propre monnaie en septembre 2012 et le début des années 2000 a vu le boum des monnaies régionales en Allemagne. Ce nouveau modèle économique a sauvé le pays d’une faible consommation chronique. Cependant, en 2012, on pouvait observer chez les Allemands une formidable envie de consommer, et aujourd’hui l’Allemagne profite plus que n’importe qui d’autre de la mondialisation. À la différence de leur voisin la France, les monnaies complémentaires ne leur sont plus nécessaires.
Rédaction en ligne, Kira Kalinina