samedi 1 juin 2013

La romance lesbienne de Kechiche décroche la Palme d’Or

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Vingt-huit ans après le long-métrage algérien Chronique des années de braises de Mohammed-Lakhdar Hamina, c’est avec un film fort et osé qu’un second cinéaste arabe est récompensé à Cannes. La Palme d’or du 66ème Festival de Cannes a été décernée dimanche au réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche. Pas sûr que son film La vie d’Adèle, une histoire d’amour entre deux lesbiennes, séduise les autorités des pays conservateurs.
Dimanche soir, Abdellatif Kechiche est monté sur la scène du Palais des festivals à Cannes pour recevoir des mains de Steven Spielberg, Président du jury, la Palme d’Or. Une récompense des plus prestigieuses que le cinéaste franco-tunisien a savouré aux côtés de ses deux actrices, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos.
Impossible d’évoquer son film La vie d’Adèle sans mettre en lumière la prestation de ce couple d’actrices, qui se livre corps et âme à la caméra de Kechiche. En effet, le film raconte une histoire d’amour enflammée entre une lycéenne et une étudiante en art plastique, qui découvrent et affirment leur homosexualité lors de scènes d’amour brûlantes d’érotisme. Le réalisateur dépeint le ballet des corps à travers des scènes de sexe aussi naturelles qu’explicites.
"Le cinéma de demain"
Une langoureuse étreinte amoureuse de près de 3 h portée aux nues par les critiques de cinéma durant toute la quinzaine du Festival de Cannes. « Un grand film à la beauté bouleversante », « un chef d’œuvre », une « bombe filmique » voire même un « séisme ». Dithyrambique, la presse française est unanime : Abdellatif Kechiche mérite amplement ce Graal. Lui, le réalisateur déjà couvert de prix avec deux Césars décrochés pour L’Esquive et La graine et le mulet. Prisé par les critiques, le travail de Kechiche est aussi reconnu par ses pairs. «Si j'étais président du jury, je me laisserais bien tenter par ce genre de film, c'est vraiment le film de demain, un film qui libère les acteurs, le scénario, la caméra... Il a des parfums de cinéma de demain», a même lancé Claude Lelouche, réalisateur avant-gardiste et illustre figure de l’époque de la Nouvelle Vague, sur les ondes de la radio française Europe 1.
Un parfum de liberté qui risque de s’arrêter aux frontières de plusieurs pays conservateurs. On imagine mal certains Etats musulmans exploiter La vie d’Adèle dans ses salles obscures. Et la Tunisie, le pays où est né Abdellatif Kechiche, dominée par Ennahdha, une force politique islamiste, pourrait faire parti des boycotteurs. Le ministère de la Culture tunisien a déjà émis des réserves, évoquant « un film particulier qui peut susciter des réserves chez une partie du public tunisien ».

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