vendredi 5 avril 2013

Rififi chez les FEMEN: 6 militantes ont décidé de quitter l'association

Les FEMEN françaises sont-elles allées trop loin ? Plusieurs militantes de l'association féministe jettent l'éponge. Elles refusent de cautionner l'une des dernières actions en date. Trois Femen ont brûlé un drapeau du Tawhid devant la Grande Mosquée de Paris, ce mercredi 3 avril, pour dénoncer les atteintes aux droits des femmes dans les pays arabo-musulmans. Dans la foulée, plusieurs adhérentes -six d'après France-Inter- ont décidé de quitter l'association qui ne compte que quelques dizaines de membres actifs en France.
Rififi chez les FEMEN: 6 militantes ont décidé de quitter l'association
« Topless jihad » : Femen, le syndrome de la blonde

Mesdemoiselles , Mesdames, avant tout bravo. Par votre sextrémisme, vous parvenez enfin à jeter l’opprobre sur tous les autres fanatiques se revendiquant de x et y « –ismes » : le machisme, le catholicisme, le salafisme et bientôt le féminisme.

Telles les « salopes canadiennes » en 2011, vous entendez abolir la troisième vague féministe pour lui substituer une vague novatrice et plus efficace. Sur la quatrième vague féministe dont vous vous réclamez, vous entendez surfer les seins à l’air, doublés d’une barbe artificielle et d’un monosourcil s’il le faut.

Au départ, en 2008, le procédé paraissait ingénieux puisqu’il s’agissait de dénoncer avant tout la prostitution et la pornographie en ligne. Méthode choc pour dénoncer des phénomènes choquants, c’est ainsi que votre courage, humour et efficacité ont constitué un « trio » terrible (sans connotation sexuelle aucune).

Carence idéologique

Initialement engagées dans des « luttes » ciblées et choquantes, vous avez finalement succombé à votre propre charme : la technique « seins nus » est devenue vôtre en même temps que vos objectifs ont versé dans un populisme des moins sérieux.

Finalement, dans votre idéologie, ou plutôt votre doxa, on a fini par saisir aussi bien votre stratégie que les objectifs qui lui sont assignés : lutter contre les sociétés patriarcales et donc lutter contre l’influence des religions. Après tout, « le féminisme et la religion sont deux choses qui ne peuvent pas coexister », nous a avertis l’une de vos consœurs.

Et pour l’illustrer, il suffit de constater la profonde stupeur avec laquelle vos sciages de croix catholiques et votre présence « topless » dans certaines églises et cathédrales d’Europe ont été accueillis.

Je cerne enfin le cœur du problème : si on ne peut pas se rendre seins nus dans une Eglise, ni même devant une mosquée, c’est précisément parce que religion et féminisme sont antithétiques. Seulement, pour peu qu’on accorde du crédit à vos idées, trop de surplus symbolique engendre vite une carence idéologique, ou à tout le moins dialectique.

Pas de quoi lui déclarer un topless jihad

En France, les médias s’accoutument déjà à vos coups d’éclat mensuels. C’était le cas la veille de la dernière Saint-Valentin, lorsque vous sonniez les cloches des hommes d’église parisiens, pour célébrer la renonciation du pape Benoît VI, lequel avait notamment le tort de ne pas soutenir le « mariage pour tous ». Anti-homophobes et anticlercs, ou comment faire d’un timbre deux coups.

Chez les barbus misogynes, le son de minaret est différent. Après avoir montré vos seins aux clients Ikea de Gonesse (Val-d’Oise), le prochain coup de Jarnac est planifié devant la Mosquée de Paris. Pourquoi donc ? Pour dénoncer l’extrémisme religieux. Comment ? Bis repetita : seins nus, barbes artificielles, monosourcils, briquet et drapeau salafiste à la main.

Pourquoi la Grande Mosquée de Paris ? Car c’est un « lieu symbolique de la religion musulmane » selon l’une des têtes pensantes ( ?) du groupe. Une question machiste subsiste : le « cerveau » de l’opération est-il coiffé d’une perruque blonde ?

Le symbole, seul véritable outil « intellectuel » mobilisé par les Femen, a fini par s’épuiser : la Grande Mosquée de Paris fut non pas érigée par des salafistes mais a été l’œuvre d’un Empire français désireux de rendre hommage aux 70 000 soldats indigènes morts à Verdun en 1917.

Morts, ils ne l’étaient pas pour l’inexistant roi d’Arabie saoudite, ni même au nom d’un topless jihad. Ils ont payé de leur sang ce qu’une patrie laïque a longtemps omis de reconnaître : leur loyauté.

On n’évoquera même pas l’inféodation des représentants de cette mosquée à l’Etat français, via le Conseil français du culte musulman (CFCM), avant et après la présidence de Dalil Boubakeur. C’est peut-être même le meilleur élément antisalafiste dans le paysage religieux français. Pas de quoi lui déclarer un topless jihad.

On ira culs nus dans les boulangeries

Quant au drapeau noir, il n’est pas l’apanage des « salafistes » qui l’agitent au Mali, en Afghanistan et parfois en Egypte. Les calligraphies exotiques qui y figurent correspondent en réalité à la profession de foi musulmane, premier pilier de l’islam. De même que les Eglises sont autre chose que de simples monuments, la profession de foi contenue dans le drapeau salafiste est autre chose que l’affaire des barbus maliens et haineux dont les médias nous abreuvent quotidiennement. Islamalgame ? Jouons le pari de la perruque blonde.

Lorsque les perruques tombent, on hésite franchement entre le second degré et la pitié. « 4 avril : journée du jihad topless implacable contre l’islamisme ! », « début d’un nouveau Printemps arabe ». Les déçu(e)s des Printemps arabes auraient dû vous écouter pour concrétiser leurs idéaux ! Autorisez-vous tout de même le masque à gaz pour les Femen qui afflueront seins nus place Tahrir, avenue Bourguiba et dans les rues sanguinaires d’Alep ? Si oui, pitié, accordez-leur également le port de gilets pare-balles (évidemment moulants), ça laissera leurs tétons intacts.

Et lorsqu’ils en auront fini avec l’islamisme, il faudra poursuivre le combat contre les machistes de l’intérieur : on ira tous culs nus dans les boulangeries pour promouvoir une « galette des reines », et on hurlera, seins nus, devant les sièges des rédactions qui renâclent encore à écrire « auteure », « chercheure » ou encore « professeure ».

Pour l’heure, le seul désir que vos poitrines m’inspirent, c’est de raser ma petite barbe salafo-fashion. J’y substituerai bien une épaisse moustache mal taillée. J’irai enfiler un marcel blanc puant et je contemplerai les photos sur lesquelles vos poitrines sont dénudées, bière profanée (et bien fraîche) à la main.

A bon entendeuse, salut.


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l'Information Alternative

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