dimanche 3 février 2013

La République tchèque et Israël : une vraie histoire d’amour…

Un vote à l’Assemblée générale des Nations unies est souvent la conséquence d’une évaluation complexe des intérêts nationaux et une réponse aux pressions internationales, plutôt qu’une réponse aux condamnations prononcées sur une question particulière. La République tchèque est le seul pays de l’Union européenne à avoir voté contre la résolution de « l’Etat de Palestine » en tant que observateur de l’ONU, lors du vote du 29 novembre 2012. Quatorze membres de l’UE, dont la France, ont voté pour la résolution, et 12, dont l’Allemagne, se sont abstenus.
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Le vote tchèque à l’Assemblée générale reflète à la fois une nouvelle évaluation de la question israélo-palestinienne, ainsi qu’un lien fondé sur des facteurs historiques et personnels.
La République tchèque soutient la création d’un Etat palestinien dans le cadre d’une solution à deux Etats, mais insiste sur le fait qu’il ne peut être établi qu’à la suite d’un processus de négociation israélo-palestinien, comme convenu par les Palestiniens et les Israéliens – et pas seulement dans les résolutions du Conseil de sécurité 242, 338, et 1850, mais aussi dans d’innombrables accords bilatéraux – notamment les accords d’Oslo II du 28 septembre 1995, article 31, qui dit que « les deux parties s’engagent à ne prendre aucune mesure qui changerait le statut de la Judée-Samarie et de la bande de Gaza en attendant l’issue des négociations sur le statut final. »
La République tchèque semble avoir considéré la demande palestinienne comme un acte unilatéral qui est préjudiciable au processus de paix, mais aussi comme une demande  totalement illégale au regard du propre système de jurisprudence l’ONU.
Pour les Tchèques, le souvenir de la trahison européenne en faveur de la politique « d’apaisement » dans les années 1930 reste vivant. Lors de la Conférence de Munich du 30 septembre 1938, la Grande-Bretagne et la France, qui souhaitaient éviter une confrontation avec l’Allemagne, a permis à Adolf Hitler de contrôler les Sudètes tchèques. L’année suivante, l’Allemagne nazie a pris le contrôle de l’ensemble du pays. À la suite de cet échec de l’Ouest pour contrôler l’agression nazie, la «complaisance» est devenue synonyme de faiblesse et de lâcheté.
Bien que le vote de novembre 2012 ne peut évidemment pas être considéré comme un parallèle exact avec l’abandon de l’Ouest de la Tchécoslovaquie en 1938, une situation similaire existe : la Tchécoslovaquie était le seul pays démocratique de l’Europe centrale dans les années 1930 , comme Israël est le seul pays démocratique du Moyen-Orient aujourd’hui. Par leur vote à l’Assemblée générale, les Tchèques ont mis en évidence que l’erreur épouvantable de l’Ouest en 1938 – essayer d’apaiser Hitler en lui donnant les Sudètes – ne doit pas être répétée par Israël au profit des Arabes.
L’attitude de ce pays envers Israël a varié au fil des ans. La Tchécoslovaquie était l’un des 33 pays qui a voté pour la résolution de novembre 1947, qui a conduit à la création de l’Etat d’Israël, et le 18 mai 1948, la Tchécoslovaquie a reconnu l’Israël, quatre jours après sa création. Elle a également été un des principaux fournisseurs en avions militaires et des armes à Israël, en juillet 1948, après que d’autres pays aient imposé un boycott du nouvel Etat. La Tchécoslovaquie a même formé quelques-uns des pilotes israéliens qui appartenaient à la Haganah, l’organisation de défense israélienne qui a précédé l’armée israélienne avant l’indépendance d’Israël. La relation diplomatique officielle, brisée par le régime communiste après la guerre des Six-Jours de 1967, a été restaurée avec la Révolution de velours de 1989, qui a mis fin au communisme.
Depuis lors, la République tchèque a constamment soutenu Israël. En 2006, la République tchèque a déclaré qu’Israël avait le droit de se défendre face aux attaques du Hezbollah et en 2008, suite aux tirs depuis Gaza sur Israël, les Tchèques ont qualifié le Hamas d’organisation terroriste.
La République tchèque a également soutenu Israël lors de l’opération militaire légale contre le Mavi Marmara en mai 2010, pour prévenir 6 navires conduits par l’organisation terroriste turque IHH de violer le blocus de Gaza afin d’éviter l’entrée d’armes à Gaza.
En janvier 2009, lorsque la République tchèque présidait le Conseil de l’Europe, elle a proposé un approfondissement des relations entre l’UE et Israël. L’UE a refusé le vote.
Des facteurs historiques et personnels ont également joué un rôle dans l’attitude tchèque pour les Juifs et l’Etat d’Israël. Le héros légendaire, Tomas Garrigue Masaryk, fondateur et premier président de l’Etat de la Tchécoslovaquie en 1918, était un partisan d’une patrie juive en Palestine. Israël a d’ailleurs nommé des places et des kibboutzim en hommage à cet homme. En 1927, il a été le premier chef d’Etat à visiter un village juif alors que les terres étaient encore sous mandat britannique. Il s’est prononcé contre la justice « de la superstition » dans l’affaire Hilsner, en Bohême en 1899… Affaire pendant laquelle un jeune Juif était accusé d’avoir tué une Chrétienne pour utiliser son sang. Puis, beaucoup plus tard, Vaclav Havel, en tant que président, s’était opposé à la vente d’armes à la Syrie en raison de son hostilité envers Israël, et luttait sans cesse contre l’antisémitisme.
Les Tchèques ont apparemment compris les réalités de la politique du Moyen-Orient.
Par Jonathan-Simon Sellem – JSSNews

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