samedi 9 février 2013

France, ne touche pas à la Tunisie !


 


Au même moment que les funérailles de l'opposant Chokri Belaïd, l'ambassadeur de France à Tunis, François Gouyette, prenait discrètement, vendredi 8 février, le chemin du siège du gouvernement, convoqué par le premier ministre Hamadi Jebali. Déjà fragilisé par une grave crise politique, l'exécutif tunisien, dominé par le parti islamiste Ennahda, a peu apprécié les commentaires de Manuel Valls, le ministre de l'intérieur français, et l'a fait savoir.

La veille, réagissant sur une radio française au meurtre de Chokri Belaïd, Manuel Valls avait dénoncé, en citant notamment la Tunisie et l'Egypte, "un fascisme islamique qui monte un peu partout", non sans affirmer "garder espoir dans le rendez-vous électoral pour que les forces démocrates et laïques, celles qui portent les valeurs de la révolution, demain, l'emportent". "C'est un enjeu considérable, avait-il ajouté, pas seulement pour la Tunisie, mais pour tout le bassin méditerranéen et donc aussi pour la France."

Ces déclarations sont "inamicales et nuisent aux relations bilatérales entre les deux pays", a fustigé le ministre des affaires étrangères, Rafik Abdessalem, à la sortie de l'entretien.

Pour Tunis, il s'agit d'un nouveau faux pas de la part d'un ministre français, après d'autres, notamment lors du soulèvement contre l'ancien régime lorsque Michèle Alliot-Marie, alors elle-même ministre de l'intérieur, avait proposé le "savoir-faire français" en matière de maintien de l'ordre...

CONTEXTE DE MOINS EN MOINS FAVORABLE À LA FRANCE

Cette nouvelle tension diplomatique intervient dans un contexte de moins en moins favorable à la France, souvent accusée de vouloir s'ingérer dans les débats de politique intérieure tunisiens et de prendre parti pour l'opposition progressiste. A Sousse, vendredi, lors de l'hommage national rendu à Chokri Belaïd, un manifestant brandissait un drapeau français sur lequel était écrit "Sale France, ne touche pas à la Tunisie". Et sur l'avenue Bourguiba, la principale artère de la capitale, une main anonyme avait récemment tracé en grandes lettres à même le sol, "France sioniste".

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