mardi 29 janvier 2013

Y a t-il eu ou non une méga-explosion dans le complexe nucléaire militaire de Fordo en Iran ?

Le programme nucléaire iranien a-t-il été frappé en plein coeur ? C’est en tout cas ce qu’affirme depuis vendredi le site américain wnd.com (un site qui invente régulièrement des informations). Information reprise le lendemain dans le Yediot Arhonot israélien, ce qui a permis au WND de refaire un article avec « une source israélienne… »
Reza Kahlili, présenté comme un ancien agent de la CIA, y affirme (au premier site) qu’une explosion aurait détruit lundi une grande partie de l’installation nucléaire souterraine de Fordow (proche de Qom) et piégé les quelque 240 membres du personnel qui y travaillaient. L’article, qui cite Hamid Reza Zakeri, un ancien membre des renseignements iraniens, indique que l’explosion survenue lundi 21 janvier à 11 h 30, heure locale, aurait frappé la troisième chambre des centrifugeuses qui renferme de l’uranium hautement enrichi.
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D’après le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran possède dans ce site souterrain (donc à l’abri de frappes aériennes), dont il n’a révélé l’existence qu’en 2009, 2 784 centrifugeuses qui lui permettent, s’il le souhaite, d’augmenter nettement sa production d’uranium. Ce combustible, que la République islamique enrichit actuellement jusqu’à 20 %, est utilisé pour la production d’électricité ou d’isotopes médicaux qui servent à diagnostiquer certains cancers. Mais, purifié jusqu’à 90 %, il entre dans la fabrication de l’arme atomique, ce dont le soupçonnent les grandes puissances, malgré les dénégations de Téhéran et l’absence de confirmation de l’AIEA.
D’après wnd.com, la déflagration, qui aurait été ressentie dans un périmètre de 3 miles (environ 5 kilomètres), aurait entraîné la fermeture pour plusieurs heures de l’autoroute reliant les villes de Téhéran et de Qom. Toujours selon le site américain, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui pencherait pour un acte de sabotage, aurait réuni dès le lendemain un cabinet d’urgence en compagnie des plus hauts responsables iraniens du renseignement et de la sécurité. Une information pour le moins étonnante, le nucléaire iranien restant l’apanage du guide suprême, l’ayatollah Khamenei, véritable chef de l’État iranien.
Notons que le même jour, mais un peu plus tard qu’à l’heure décrite dans l’article, il y a eu dans la région de Fordo un petit tremblement de terre…
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« Nous sommes très sceptiques quant à la véracité de cette explosion qui ne repose pas sur des sources fiables », confie au Point.fr une source occidentale bien informée. « Tout d’abord parce que le dénommé Reza Kahlili est un illustre inconnu. Mais également parce que toute explosion aurait été immédiatement relevée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui surveille le site de Fordow. » Interrogée par Le Point.fr, l’AIEA affirme pour l’heure ne disposer d’aucun élément.
De son côté, l’Iran a formellement démenti tout incident. « Les fausses nouvelles d’une explosion à Fordo sont de la propagande occidentale avant les négociations pour orienter leur déroulement et leur issue », a déclaré dimanche soir Saeed Shamseddin Bar Broudi, vice-président de l’Autorité iranienne de l’énergie atomique, cité par l’agence de presse officielle Irna. Cela n’a pas empêché le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Avi Dichter, d’apporter du crédit à la rumeur en affirmant le même jour que « toute explosion en Iran qui ne touche pas à la population, mais à des installations [du régime] est la bienvenue ».
Cet ancien chef du Shin Bet (services secrets intérieurs israéliens) semblait parler en connaissance de cause. Ce lundi, des responsables israéliens du renseignement ont confirmé la réalité d’une explosion au coeur du plus sensible des sites nucléaires iraniens. « Nous en sommes toujours au stade préliminaire pour déterminer ce qui s’est produit et quelle est son importance », affirme un responsable israélien du renseignement au Times, tout en ajoutant qu’il ignore s’il s’agit d’un « sabotage » ou d’une « explosion ».
« On ne peut se fier aux services israéliens sur la question du nucléaire iranien », déclare notre source occidentale. En effet, l’État hébreu, qui considère la bombe iranienne comme une « menace existentielle », s’emploie depuis plusieurs années, aux côtés des États-Unis, à retarder la possibilité de voir un jour l’Iran se doter de l’arme atomique. Actes de sabotage, assassinats de scientifiques iraniens, tous les moyens sont bons pour écarter le défi posé par la République islamique tout en essayant de convaincre la communauté internationale de l’imminence du danger. Pourtant, les agences américaines de renseignements se montrent bien moins alarmantes.
Mais, devant l’avancée inexorable du programme nucléaire iranien et en dépit des multiples salves de sanctions décidées par l’ONU, Benyamin Netanyahou a tenté en 2012 de convaincre son allié américain de mener une action militaire conjointe contre les sites sensibles iraniens. En vain, tout du moins pour le moment. « Si l’information d’une explosion à Fordow se révélait être vraie, elle repousserait l’urgence d’une attaque contre les installations iraniennes », affirme Ely Karmon, chercheur en problématique stratégique et en contre-terrorisme au Centre interdisciplinaire d’Herzliya (Israël).
Le spécialiste israélien admet toutefois qu’il n’existe pour l’heure « pas de source sûre » attestant de l’incident. En effet, comme le rapporte le quotidien israélien Haaretz, en dehors du Times, aucun autre grand média n’a évoqué l’affaire. En revanche, Ely Karmon rejette l’hypothèse d’une manoeuvre de désinformation orchestrée par l’État hébreu. « Si Israël voulait faire dans la propagande, il aurait utilisé des moyens beaucoup plus sophistiqués que des sources du renseignement », souligne le chercheur. « Et le Times est un journal trop sérieux pour se contenter de sources peu fiables. »
Par Hervé Challadière – JSSNews
Note : une erreur est survenue dans la signature de cet article, écrit par Armin Arefi pourLePoint.fr et non par Hervé Challadière. Nous vous prions de nous excuser pour ce malentendu.
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