Voici une interview rare d’un pilote de Tsahal. Le pilote S., francophone dont le père a immigré en Israël de Belgique, a reçu les fameuses ailes jeudi dernier. Le contenu du cours de pilotage de Tsahal, jugé comme l’un des plus difficiles au monde, est maintenu secret pour des raisons de sécurité. Ce qu’on sait néanmoins : la formation dure trois ans, les recrues apprennent à être pilotes et officiers et doivent valider en parallèle un diplôme à l’université. Des centaines de soldats en sont éliminés chaque année. Pourquoi notre pilote a-t-il choisi d’endosser une telle responsabilité ? Où a-t-il trouvé la force contrairement à beaucoup d’autres d’aller au bout ? Quelques instants avec lui pour tenter de comprendre.
D’emblée, je suis frappée par son humilité.
Quatre filles, dont une religieuse, recevront aussi leurs ailes aujourd’hui. Comment s’est passée la formation, pour vous et pour elles ?
Une fois que le cours commence, les filles et les garçons suivent exactement les mêmes formations. On vit, on mange, on s’entraîne ensemble. Vous dire que les différences s’estompent serait faux. En revanche, on apprend à se donner des coups de mains là où l’autre a plus de mal. On soutient les filles pendant les entraînements physiques, et elles nous aident à réviser les cours, un domaine qu’elles ont particulièrement bien géré pendant la formation. Ce soutien réciproque n’est pas qu’un atout, il est devenu indispensable.
L’armée de l’Air pourrait avoir à mener d’autres opérations mais je préférerais ne jamais arriver à ce stade. Si ça devait arriver, j’aurais l’honneur de protéger mon pays de la meilleure manière qui soit et participer activement à sa défense.
Je pense que le rôle de l’armée de l’Air continuera à être essentiel, voire même dominant. La guerre change et notre aviation se modernise. Elle met au point les systèmes technologiques nécessaires et nous forme pour faire face à ces bouleversements.
Quelles sont les qualités requises pour ne pas échouer ? Penses-tu être différent des autres jeunes de ton âge ?
Non, absolument pas. Je ne pense pas qu’on est prédisposé à être pilote. Mais je suis convaincu que certaines personnes ont les épaules pour aller au bout. Il faut être équilibré psychologiquement, en accord avec soi, être capable de faire face à la pression et croire en des valeurs. La plupart de ces qualités viennent de la maison, de nos parents et de leur éducation.
Et comment tu as géré ça ?
Avant la formation de pilotage, j’étais officier dans les Renseignements et j’avais une trentaine de soldats sous ma responsabilité. Au début, je me suis retrouvé tout en bas de l’échelle, à nouveau, dans des conditions extrêmement difficiles. Mais je savais que c’était le prix à payer. Je passais aussi d’un rôle de bureau à un rôle de terrain, très intense sur le plan physique.
Peur ? On n’a pas le temps d’avoir peur. On s’entraîne tellement. Et puis, je ne suis pas seul, jamais. Il y a tout le monde avec moi, tous mes camarades, les autres pilotes.
Dans quelques minutes, vous recevrez ensemble vos ailes de pilotage. Qu’est-ce que tu souhaites à tes camarades ?
Je leur souhaite de réaliser ce pour quoi ils se sont engagés dans cette aventure : défendre Israël du mieux qu’ils peuvent. Je leur souhaite de donner au pays autant que ce qu’il a investi dans leur formation et que ce qu’il leur a apporté. Je leur souhaite de remplir leur mission.
A mon grand étonnement, il ne leur souhaite pas “bonne chance“. Pourtant, à l’aube d’un nouveau départ, c’est ce qu’on se souhaite traditionnellement, comme si l’on doutait de la capacité de l’autre à réussir vraiment. D’ici quelques semaines, ils seront confrontés au terrain, aux ennemis et à la responsabilité de la défense de tout un pays mais visiblement ce n’est pas la chance qui fait avancer et qui rassure nos pilotes. La peur ne les paralyse pas non plus. Pas de prédisposition mais un courage et une volonté inouis. Est-ce cela, le secret de S. et ses camarades ? Ni l’armée de l’Air, ni eux, ne sont prêts à nous le révéler. Et après tout, c’est peut-être mieux comme ça.
Quelques minutes, quelques questions donc, qui ne laissent pas indifférent
Certaines rencontres ne laissent pas indifférent. Elles ont un impact inattendu, forgent notre personnalité et nos ambitions et laissent un souvenir inébranlable. Dès mes premiers échanges avec le pilote S., je comprends que la maigre différence d’âge entre nous n’est pas le bon indicateur : il a déjà vu, appris et vécu beaucoup et les quatres prochaines années de ma vie ne seront pas suffisantes pour rattraper mon retard.D’emblée, je suis frappée par son humilité.
“Un article sur moi? Vous êtes certain que ça intéressera quelqu’un ?”
Ton père est venu en Israël de Belgique. Pensait-il que son fils atteindrait un jour un tel rang à l’armée ?
J’en rêvais depuis l’âge de sept ans. Je me laissais le droit de rêver, mais je ne croyais pas y arriver un jour. Tellement de gens échouent ! Mon père a immigré en Israël de Belgique et a épousé ma mère, une Israélienne. A l’origine, l’aviation est la passion de mon père. Tout petit, il m’amenait déjà voir des expositions et des avions voler. Il m’a transmis sa passion. Aujourd’hui, j’ai réalisé son rêve. J’espère qu’il est fier.Quatre filles, dont une religieuse, recevront aussi leurs ailes aujourd’hui. Comment s’est passée la formation, pour vous et pour elles ?
Une fois que le cours commence, les filles et les garçons suivent exactement les mêmes formations. On vit, on mange, on s’entraîne ensemble. Vous dire que les différences s’estompent serait faux. En revanche, on apprend à se donner des coups de mains là où l’autre a plus de mal. On soutient les filles pendant les entraînements physiques, et elles nous aident à réviser les cours, un domaine qu’elles ont particulièrement bien géré pendant la formation. Ce soutien réciproque n’est pas qu’un atout, il est devenu indispensable.
Les pilotes de Tsahal effectuent aujourd’hui une grande partie des opérations de grande envergure, comme pendant Pilier de Défense durant laquelle l’essentiel des attaques provenaient du ciel. Dans un contexte d’actualité brûlante au Moyen-Orient et des menaces grandissantes autour d’Israël, comment vois-tu le rôle de l’armée de l’Air évoluer dans un futur proche ?“J’ai le sentiment que j’aide Israël du mieux que je peux en faisant ça”
L’armée de l’Air pourrait avoir à mener d’autres opérations mais je préférerais ne jamais arriver à ce stade. Si ça devait arriver, j’aurais l’honneur de protéger mon pays de la meilleure manière qui soit et participer activement à sa défense.
Je pense que le rôle de l’armée de l’Air continuera à être essentiel, voire même dominant. La guerre change et notre aviation se modernise. Elle met au point les systèmes technologiques nécessaires et nous forme pour faire face à ces bouleversements.
Quelles sont les qualités requises pour ne pas échouer ? Penses-tu être différent des autres jeunes de ton âge ?
Non, absolument pas. Je ne pense pas qu’on est prédisposé à être pilote. Mais je suis convaincu que certaines personnes ont les épaules pour aller au bout. Il faut être équilibré psychologiquement, en accord avec soi, être capable de faire face à la pression et croire en des valeurs. La plupart de ces qualités viennent de la maison, de nos parents et de leur éducation.
Et comment tu as géré ça ?
Avant la formation de pilotage, j’étais officier dans les Renseignements et j’avais une trentaine de soldats sous ma responsabilité. Au début, je me suis retrouvé tout en bas de l’échelle, à nouveau, dans des conditions extrêmement difficiles. Mais je savais que c’était le prix à payer. Je passais aussi d’un rôle de bureau à un rôle de terrain, très intense sur le plan physique.
Pendant les entraînements, on est sans cesse mis à l’épreuve. J’ai traversé des périodes de doutes très dures. Une fois, je n’en pouvais plus et j’ai alerté mon commandant. Il m’a donné cinq minutes pour appeler mes parents. Au fond de moi, j’ai pensé “Quoi ? C’est comme ça qu’il pense me remonter le moral ?”. J’ai suivi son conseil. A ma grande surprise, ces 5 minutes m’ont permis de retrouver la force de continuer. Mes parents ont trouvé les mots justes aucun autre remède aurait été plus efficace. J’ai compris que mon commandant savait exactement ce qu’il faisait.
Et tu as le temps pour les amis, les petites-amies ?
A cette question, notre pilote répond d’abord par un large sourire, sincère et détendu, qui me rappelle que j’ai en face de moi un jeune homme.
Non, pas de copine. J’ai tellement de choses à l’esprit et de responsabilités. Je viens de finir trois années très intenses et ce n’est que le début…Mais si ça devait arriver, je serais tellement content !
J’ai plein d’amis. Mais les gens de la formation ne sont pas des amis, ils sont devenus presque ma famille. Il faudrait créer un statut spécial pour eux, quelque chose d’intermédiaire. J’étais le plus âgé de la formation : 4 ans de plus, c’est beaucoup à nos âges ! Et pourtant, j’ai appris de chacun d’eux. Ils sont exceptionnels.
Tu as peur ?Peur ? On n’a pas le temps d’avoir peur. On s’entraîne tellement. Et puis, je ne suis pas seul, jamais. Il y a tout le monde avec moi, tous mes camarades, les autres pilotes.
Dans quelques minutes, vous recevrez ensemble vos ailes de pilotage. Qu’est-ce que tu souhaites à tes camarades ?
Je leur souhaite de réaliser ce pour quoi ils se sont engagés dans cette aventure : défendre Israël du mieux qu’ils peuvent. Je leur souhaite de donner au pays autant que ce qu’il a investi dans leur formation et que ce qu’il leur a apporté. Je leur souhaite de remplir leur mission.
A mon grand étonnement, il ne leur souhaite pas “bonne chance“. Pourtant, à l’aube d’un nouveau départ, c’est ce qu’on se souhaite traditionnellement, comme si l’on doutait de la capacité de l’autre à réussir vraiment. D’ici quelques semaines, ils seront confrontés au terrain, aux ennemis et à la responsabilité de la défense de tout un pays mais visiblement ce n’est pas la chance qui fait avancer et qui rassure nos pilotes. La peur ne les paralyse pas non plus. Pas de prédisposition mais un courage et une volonté inouis. Est-ce cela, le secret de S. et ses camarades ? Ni l’armée de l’Air, ni eux, ne sont prêts à nous le révéler. Et après tout, c’est peut-être mieux comme ça.
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La rédaction