vendredi 11 janvier 2013

Il est bédouin, suisse, fête l’Aïd, Pessah et il sert dans Tsahal



Il est bédouin et suisse, il fête l’Aïd al-Adha (la fête du sacrifice dans l’Islam) et Pessah. Enfin, il espère devenir un jour médecin. Le Sergent René Elhozayel a la voix calme, posée mais il n’a pas peur de parler. René est un mélange de culture, il représente à lui seul ce qu’on appelle dans Tsahal, le “Cor hitouh”, principe selon lequel des personnes aux cultures et aux origines différentes se confondent pendant leur service militaire pour former Tsahal.


Lorsqu’on lui demande d’où il vient il répond : “moitié bédouin, moitié suisse. Les gens sont toujours intrigués mais je leur explique avec plaisir”. Ses parents se sont rencontrés en Suisse où son père, Bédouin israélien, fait des études d’ingénieur. Ensemble, ils retournent en Israël et fondent leur famille. A la maison, ils parlent allemand et anglais avec René qui apprend lui l’hébreu à l’école.
René Elhozayel

René Elhozayel

“85% de ma famille sert dans Tsahal”
Servir dans Tsahal, de préférence comme combattant, était une évidence. René débute son service en août 2009 au sein du Bataillon bédouin de reconnaissance mais quelques mois après le début des entraînements, il doit arrêter en raison d’un grave problème à l’oeil. Il doit subir une transplantation d’oeil qui le met hors d’état de servir. Mais René décide de remuer ciel et terrer pour réintégrer Tsahal. “Mon oeil n’était pas impeccable mais suffisamment bien pour devenir infirmier combattant”. Après une formation de trois mois et demi, René devient l’infirmier d’une division de combattants déployés à la frontière égyptienne. Aujourd’hui, René soigne les blessés sur le terrrain.
Au secours des soldats seulement ?
La réalité réserve toutefois des surprises. En effet, René a de nombreuses fois porté des secours non pas à des soldats de Tsahal ou à des soldats ennemis, mais à des réfugiés originaires du Soudan et d’Érythrée.

“Nous avons aidé jusqu’à 120 réfugiés par jour : hommes, femmes et enfants. J’ai même vu passer des femmes enceintes. La plupart des réfugiés arrivent complètement déshydratés et nous leur posons des infusions. Ce que les réfugiés font par la suite dans le pays ne me regarde pas, ils n’arrivent pas en bonne santé et je fais de mon mieux pour les soigner”.

Comment communiquer avec eux ?
“Avec les Soudanais, je parle l’arabe que j’ai appris en famille et à l’école ; avec les Erythréens, je me sers de mes mains !” René a également du affronter certains cas difficile d’hypothermie : “je me souviens d’un Soudanais. La température de son corps était à 26 degrés. On l’a évacué à l’hôpital directement mais il est mort le jour suivant”.
René est également responsable de récupérer les corps des victimes après la triple attaque du 18 août 2011 près d’Eilat, une opération difficile mais également dangereuse.
Peu avant l’Opération Pilier de Défense, il est affecté à une nouvelle division. “Nous n’avons pas participé physiquement à l’opération, mais notre niveau de préparation n’avait jamais été plus haut.”
René sur le terrain

René sur le terrain

Deux identités, quatre langues, une famille de 5600 membres
Avoir une double identité et maîtriser quatre langues ce n’est déjà pas courant. Mais l’originalité de René ne s’arrête pas là.

“Je n’ai que deux frères et soeurs. Mais en cherchant l’histoire de ma famille sur internet, vous verrez que nous sommes plus de 5600 dans la famille Elhozayel, mon grand-père a eu 39 femmes !”
La célèbre tribu Elhozayel vivait dans le désert du Negev avant même l’Indépendance d’Israël et vit aujourd’hui à Rahat, une ville bédouine près de Beer Sheva. “Toute ma famille a servi dans l’armée, certains ont même fait carrière. Celui qui choisirait de ne pas effectuer son service serait regardé de travers…”
En quoi crois-tu ?

“C’est une question vraiment difficile. Je n’ai pas ‘une’ religion. A la maison, on célèbre Noël, les fêtes bédouines, l’Aïd al-Adha et Pessah par tradition : nous ne sommes pas religieux.”
René a aussi de la famille en Suisse – là-bas aussi, une tribu de quelque 400 membres.


Et l’avenir?
Inspiré par son expérience en tant qu’infirmier dans Tsahal, René espère un jour devenir médecin. L’armée lui a également proposé de faire carrière. “Je vais y réfléchir sérieusement”.
La diversité a toujours été un atout pour le pays d’Israël et pour l’armée. Les 160.000 Bédouins d’Israël en sont un merveilleux exemple. Lorsque l’on rencontre René, un bédouin de Rahat qui parle en allemand à ses tantes suisses de soigner des soldats juifs et des réfugiés soudanais, on ne peut que rester bouche bée. Et non, cette phrase n’a pas été inventée pour les besoins de l’article. Parfois la réalité dépasse l’imagination.
René et ses parents

René et ses parents


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