Michel Garroté, réd en chef – Sur ladepeche.fr, Bernard-Hugues Saint-Paul relate qu’à Munich, en Bavière, en 1929, Edgar Feuchtwanger, 5 ans, grandit dans une famille juive aimante, aisée, d’un milieu intellectuel et artistique (cf. lien en bas de page). Son père Ludwig est éditeur, son oncle Lion un écrivain, un autre oncle musicien travaille avec Richard Strauss. Mais un nouveau voisin vient s’installer dans l’immeuble d’en face, dès lors gardé en permanence par des hommes armés. Sur la boîte aux lettres figure le nom de Winter, la femme de ménage. En réalité, le nouveau voisin est Adolf Hitler. En 1923 Hitler a tenté de renverser la république de Weimar. Ce putsch raté le conduit neuf mois en prison en 1924 où il rédige Mein Kampf.
De 1929 à 1939, Edgar Feuchtwanger croisera régulièrement la route et le regard de celui qui hurle sa haine des juifs. Dix ans de voisinage où la petite histoire côtoie la grande au pied de cet immeuble munichois : les affrontements sanglants des manifestations des SA et contre-manifestations communistes, la montée du nazisme dans les urnes, la conquête du pouvoir, la répression antisyndicale et anticommuniste, le départ vrombissant des SS la nuit des longs couteaux. Tout cela sous les fenêtres d’Edgar qui tente de comprendre les discussions des aînés, taraudés par la question angoissante de partir ou de rester.
D’autant plus que l’oncle Lion, auteur du célèbre Le juif Süss brocarde bientôt Hitler dans son roman Erfolg, ce qui provoquera la fureur des nazis et la déchéance de la nationalité allemande de Lion Feuchtwanger. La famille jusqu’alors réticente, quitte Munich en 1939, pour la Grande-Bretagne. Edgar a 15 ans. Devenu historien, il est toujours installé à Winchester. Il est aujourd’hui âgé de 88 ans. Le 10 janvier prochain sortira en librairies le livre « Hitler, mon voisin, souvenirs d’un enfant juif » (éditions Michel Lafon), co-écrit par Edgar Feuchtwanger et Bertil Scali. Journaliste, écrivain, éditeur, Bertil Scali, a un pied à Paris et l’autre à Montrozier, Aveyron, son havre de paix.
« Hitler, mon voisin », est aujourd’hui pour lui un aboutissement après 17 ans à tenter de convaincre Edgar Feuchtwanger de témoigner via un livre : « J’ai rencontré Edgar en 1995. J’ai rédigé un article sur lui pour VSD. Nous sommes restés en contact. Je l’incitais à écrire un livre. Comme beaucoup d’historiens, il ne voulait pas se mettre en avant. C’est en constatant que l’on risquait d’oublier la vie au quotidien durant cette période avant-guerre où Hitler influençait le monde entier, qu’il a accepté de témoigner, de la montée du nazisme, des exactions, mais aussi néanmoins du bonheur au quotidien dans sa famille qui le protégeait ». « Cette histoire m’a d’autant plus touché que ma grand-mère et ses trois enfants, dont mon père, juifs, ont été protégés par des Justes à Graulhet, dans le Tarn. Elle leur a consacré un livre Les Justes de Graulhet ».
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