samedi 21 avril 2012

Rezso Kastner, "Le juif qui négocia avec les nazis" : un film à ne pas manquer, Pierre Itshak Lurçat

kastner, shoah
Dans le cadre des programmations du Yom Ha-Shoah vé Haguévoura, la deuxième chaîne de télévision israélienne diffusait hier soir le film de Gaylen Ross, « Killing Kastner », qui sort ces jours-ci en salle en France. Ce documentaire aborde une affaire qui défraya la chronique en Israël dans les années 1950, et pose des questions importantes sur les rapports entre l’Etat juif, le mouvement sioniste et la Shoah.

Le film de Ross, disons-le d’emblée, est passionnant et captivant, tant par l’intensité des témoignages recueillis que par la manière dont il est réalisé, comme un véritable thriller. Il dresse un portrait fascinant de Kastner, jeune journaliste juif hongrois qui négocia, au péril de sa vie, avec le Troisième Reich et sauva des centaines de Juifs hongrois de la déportation et de la mort.

Attaqué avec virulence par Malchiel Grunwald, Katsner se défendit lors d’un procès retentissant qui fut, bien avant le procès Eichmann, le premier débat public sur la Shoah dans le jeune Etat d’Israël. Au terme de dix-sept mois de procédure, le juge Binyamin Halevi conclut que Kastner – qui s’était transformé de plaignant en accusé au cours du procès – avait « vendu son âme au diable », scellant ainsi, de l’avis de certains, le sort de ce dernier, qui tomba sous les balles de Zeev Eckstein en mars 1957.

kastner,shoahAu-delà des révélations et des questions que soulève le film (et notamment celle du rôle obscur d’Eckstein, qui se dit victime d’une manipulation de la part du Shin-Beth, le service de sécurité intérieure, ce qui évoque immanquablement d’autres crimes politiques en Israël…), le documentaire pose la question essentielle de savoir qui est un héros, dans l’Etat juif de l’époque et aujourd’hui.

 Qui est un héros ?

« Israël préfère les héros morts, comme Hanna Senesh (jeune femme parachutée en Hongrie qui finit tragiquement), aux héros vivants comme Kastner », affirme en substance la petite-fille de celui-ci, qui est une des principales protagonistes du film. Cette accusation rejoint celle, souvent entendue – y compris dans la bouche d’universitaires et d’historiens israéliens – selon laquelle l’Etat juif aurait oublié et méprisé les Juifs d’Europe, victimes et survivants de la Shoah, préférant exalter le « mythe » des combattants du ghetto de Varsovie, à des fins politiques et pédagogiques.

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