Donc : le gouvernement français, et madame Taubira en tant que ministre de la Justice, demandent la levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen pour des propos tenus voici deux ans.
Donc : cette demande fait suite à une plainte déposée par le Mrap, association très proche, du presque défunt Parti communiste français, spécialisée depuis une ou deux décennies dans la chasse à ce que l’ayatollah Khomeiny a appelé l’islamophobie.
Donc : la plainte est censée être déposée pour « incitation à la haine raciale ».
Les propos tenus par madame Le Pen ne parlent d’aucune race. Ils n’incriminent pas directement l’islam, mais les prières de rues organisées par des groupes musulmans, et ils comparent l’occupation du territoire qui en résulte et les pressions sur les commerçants des rues concernées à une autre occupation.
Ils ont été tenus par madame Le Pen. Ils auraient pu l’être par d’autres qu’elle.
L’assimilation de l’islam à une race se trouve ainsi entérinée par le gouvernement français, qui officialise l’idée qu’il existe une race musulmane. C’est intéressant. Le sujet peut être traité par la dérision : on changerait donc de race en se convertissant à l’islam, et tous les musulmans, quels que soient leur origine ethnique appartiendraient donc, dès lors qu’ils sont musulmans, à une race particulière. Le sujet peut être traité aussi sur le ton de la colère : le dévoiement du discours « anti-raciste »apparait, en effet, là dans toute son imposture.
L’anti-racisme invente une race pour mieux accuser ceux qu’il entend accuser de « racisme », même lorsqu’ils ne parlent pas de race.
Les propos critiques envers l’islam semblent désormais, bien au delà de l’assimilation de l’islam à une race, dans le viseur non seulement du gouvernement français, mais des juges et des organisations dites « anti-racistes ». Il semblerait, pourrais-je dire en paraphrasant George Orwell et La ferme des animaux, que toutes les religions en France sont égales, sauf qu’il en est une qui est plus égale que les autres et qu’il ne faut effleurer qu’avec délicatesse, en ne disant pas qu’elle peut parfois poser des problèmes, que ses adeptes dans divers pays font la chasse aux Chrétiens, qui ont pour malheur d’avoir une religion moins égale que les autres.
Il y a sans doute dans ma bibliothèque des livres trop critiques envers l’islam, qui ne pourraient être vendus en France, mais qui le sont dans des pays où la liberté de parole existe encore : aux Etats-Unis par exemple, où, malgré Obama, toucher au Premier article du Bill of Rights serait considéré comme l’antichambre du fascisme.
Il y a sans doute dans mes pensées aussi des idées trop critiques envers l’islam, et je me garderai de les noter : on risque si vite en France d’être traîné en justice.
Il semblerait en outre que la comparaison faite par madame Le Pen entre la soumission de certaines rues en France à la charia et l’occupation nazie soit considérée comme « scandaleuse ».
On ne peut, bien sûr, pas accuser tous les musulmans d’avoir des sympathies pour le nazisme et d’être tous anti-sémites, ce serait outrancier et diffamatoire, mais de là à dire qu’il n’y a aucune connexion entre islam, nazisme et antisémitisme, il y a un pas qu’il serait difficile de franchir.
Mein Kampf est un best seller dans plusieurs pays du monde musulman.
Puisque cela pourrait se révéler « scandaleux », je ne redirai donc pas ce que j’ai pourtant dit ici dans le passé : à savoir que Mein Kampf est un best seller dans plusieurs pays du monde musulman.
Je ne dirai pas non plus que dans la presse de nombre de pays du monde musulman on trouve des caricatures antisémites directement inspirées de celles qu’on trouvait dans l’Allemagne nazie.
Je ne dirai pas qu’une épuration ethnique anti-juive a eu lieu dans la plupart des pays du monde musulman au cours des dernières décennies et que la quasi totalité des agressions anti-juives commises en Europe ces dernières années ont été commises par des gens dont ne dirai pas ici la religion.
Je ne dirai pas que le fondateur des mouvements de « libération » palestiniens à une époque où le peuple palestinien n’avait pas encore été inventée était un ami d’Adolf Hitler, adepte fanatique de la « solution finale », Amin Al Husseini.
Et je ne dirai pas que Mahmoud Abbas, le laïc modéré qui, dès qu’il parle arabe fait l’éloge des martyrs qui tuent des Juifs pour libérer la terre du Jourdain à la Méditerranée, est l’auteur d’une thèse de doctorat négationniste soutenue en Union Soviétique.
Je ne dirai pas non plus que les Frères musulmans ont été fondés sur un modèle directement inspiré du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, et que Mohamed Morsi doit avoir de très malsaines lectures.
Voici quelques semaines, Jean-François Copé s’est fait quasiment traiter de « fasciste » parce qu’il avait parlé d’un pain au chocolat arraché à un enfant en période de ramadan. Ma fille, à la cantine de son collège, se fait harceler par des élèves dont la religion est plus égale que les autres lorsqu’elle mange du jambon, parce que celui-ci est haram. Mais je ne devrais pas le dire, parce que c’est « fasciste », je sais.
D’intimidation en intimidation, j’ai, pour ce qui me concerne, l’impression que ce n’est pas ce que je dis qui est « fasciste », et pas moi non plus, pas davantage que Jean-François Copé quand il parle de pains au chocolat, ou Marine Le Pen lorsqu’elle parle de prières de rue, mais le gouvernement français.
La liberté de parole est très gravement atteinte et quasiment morte en ce pays, la liberté de penser est en train de suivre.
En certaines contrées du monde aujourd’hui, les totalitaires tuent, agressent, emprisonnent : en France, nous n’en sommes pas là, mais un totalitarisme plus subtil s’installe et s’insinue.
Non seulement il traite une religion comme si elle était plus égale que les autres, mais il interdit qu’on parle d’un nombre croissant d’autres sujets, sinon de la façon prescrite par le gouvernement, les organisations « antiracistes », les bien pensants.
Il fut une époque où il y avait des débats contradictoires, nous en sommes à un point où les débats n’auront bientôt plus lieu qu’entre la gauche et l’extrême gauche.
Il fut une époque où des livres suscitaient la controverse parce qu’ils allaient à l’encontre de l’air du temps : aujourd’hui l’air du temps devient tellement épais et étouffant qu’on provoque des controverses à propos de faits absolument insignifiants et que les livres qui vont à l’encontre de l’air du temps ne sont plus publiés, ou circulent sous le manteau.
Quand j’étais enfant, ce qui circulait sous le manteau, c’étaient les ouvrages effectivement fascistes, aujourd’hui, ce sont des ouvrages favorables à Israël, pays fasciste bien connu, tandis que des ouvrages sur le Hamas, mouvement pas du tout fasciste, sont à l’étal des librairies, en compagnie des livres négationnistes de Shlomo Sand. Ce sont aussi des livres critiques de Sa sainteté Barack Obama.
J’ai publié, voici une décennie, les Ecrits personnels de Ronald Reagan : j’en viens à douter que ce genre de chose puisse encore être possible. A l’époque, Ronald Reagan était, déjà, traité lui-même de fasciste. Aujourd’hui, son souvenir est enseveli sous des océans d’inepties et de crachats.
Ce que quête la nomenklatura qui régit la France présentement, c’est le découragement de gens comme moi, et j’en connais beaucoup qui ont renoncé à écrire. C’est aussi la possibilité de plonger sous l’eau la tête de gens comme moi.
En parallèle, ce qui n’a rien à voir, bien sûr, le nombre de gens considérés comme pauvres en France a nettement progressé, le nombre de chômeurs est en hausse, Arnaud Montebourg parle toujours de nationalisations, Lakshmi Mittal est considéré comme une réincarnation de Lucifer, ce qui va lui donner sans aucun doute très envie d’investir à nouveau en France, et ce qui va inciter d’autres investisseurs à investir en France eux aussi. Des ouvriers licenciés par PSA, qui est au bord du dépôt de bilan, ont saccagé des bureaux administratifs de l’entreprise, ce qui est un excellent moyen pour eux d’éviter à celle-ci le dépôt de bilan, et ce qui n’est pas du tout « fasciste ».
Tout en multipliant les pauvres et les chômeurs, en incitant à la haine des investisseurs et des « riches », le gouvernement met en place un plan de « lutte contre la pauvreté » qui consiste à créer de malingres assistances supplémentaires et à gérer la pénurie.
Le rêve socialiste semble être de modeler une société de pauvres passifs condamnés à rester chez eux dans la pénurie et le ressentiment, mais pourvus de téléviseurs leur permettant de se faire essorer le cerveau digne de celui décrit dans un autre livre de George Orwell, 1984.
Les slogans sont prêts : « la liberté de penser c’est le fascisme », « l’islam c’est la liberté », « les musulmans sont une race sacrée », « les patrons sont des voyous », « les riches sont des crapules », « le capitalisme est totalitaire », « le socialisme, c’est la liberté ».
Je pourrais en rajouter. Si j’écrivais des imbécillités pareilles, je ne l’ignore pas, je serais davantage invité à la télévision. Je connais des gens qui le font. Pour ce qui me concerne, j’ai un sens de l’éthique et de la dignité qui me l’interdisent.
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