Le mouvement des Frères musulmans au pouvoir en Egypte connaît, selon des observateurs avertis, une curieuse évolution qui se traduit par la compromission avec des milieux d’affaires américains partisans inconditionnels d’Israël. On a noté, avec surprise, la visite du milliardaire juif américain, David Bonderman, au Caire où il a rencontré Kheirat Al-Shater, qui est l’adjoint du chef des Frères musulmans. Des personnes présentes au moment du départ de Bonderman à l’aéroport international du Caire ont rapporté que, durant sa visite, le célèbre milliardaire a étudié les possibilités de coopération et d'investissement en Egypte dans les années à venir et s’est enquis des facilités qui pourraient être offertes par l’Egypte dans le cadre de l’action menée par Al-Shater pour attirer les investisseurs internationaux. Les observateurs ont été également surpris de constater qu’une personnalité qui n’occupe aucune fonction dans le gouvernement égyptien soit chargée de cette mission à la place du ministre concerné par les investissements étrangers. Le mouvement des Frères musulmans subit de fortes pressions pour soutenir le président égyptien Morsi. C’est ce qui explique, selon les mêmes observateurs, qu’Al Shater coopère avec des hommes d’affaires américains qui passent pour être les véritables décideurs aux Etats-Unis, dans le but de sauver le pouvoir de Morsi d’une déroute économique certaine. Le plus étrange est que les Frères musulmans savent que David Bonderman est un des partisans et sympathisants de l'Etat d'Israël les plus acharnés. En réalité, ce qui motive les Frères musulmans égyptiens, c’est de rester au pouvoir à tout prix, et pour cela, ils tendent la main y compris à Israël. Il y a lieu de rappeler la lettre envoyée par le président Morsi à Shimon Peres dans laquelle il le qualifie de «cher grand ami». Les Frères musulmans avaient essayé de démentir cette information puis ont justifié ce geste par son caractère protocolaire. Autre élément troublant : les Frères musulmans veulent apparaître comme tolérants et souhaitent mettre de côté le lourd différend historique avec les juifs, y compris sur la question palestinienne. Leur message est adressé aux Israéliens, mais flatte également les Américains dont on sait qu’ils placent Israël avant leurs intérêts. Il n'est d’ailleurs pas exclu que les Frères musulmans reconnaissent l'Holocauste et qu’ils acceptent aussi une Palestine aux frontières de 1967, comme l'a fait le Hamas. En fait, c’est la reprise de la démarche incarnée par Moubarak pour mieux satisfaire les bailleurs de fonds. Malgré ces appels du pied, discrets ou flagrants, Israël doute des intentions de la confrérie et estime que le pouvoir de Morsi est une nouvelle dictature, comme l'a souligné le chef de la cellule politico-sécuritaire du ministère israélien de la Défense, Gilad Amos. Enfin, fait significatif : les Frères musulmans qui ne cessaient de clamer que l’islam est la solution ont pris leurs distances avec ce slogan comme le prouve leur appel à des crédits bancaires à caractère usuraire. La vraie devise des Frères musulmans, concluent ces observateurs, est le maintien au pouvoir et cela justifie tous les moyens, y compris la relation avec Israël et la violation des règles islamiques. On s'attend à une réaction de dissidence interne au mouvement qui pourrait conduire à renforcer les groupes salafistes concurrents. Il convient de noter que David Bonderman a été classé 209e sur la liste du magazine Forbes des personnes les plus riches aux États-Unis, sa fortune était estimée à deux milliards de dollars en 2011. Il est le fondateur du groupe d'investissement Texas Pacific Group, connu sous le nom TPG Capital, qui détient une participation importante dans celui-ci. Il est également le fondateur de Newbridge Capital, spécialisé dans l'investissement en Asie.
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