04/10/2012
Qui pour succéder au poète suédois Tomas Tranströmer? Alors que le nom du lauréat du Nobel de littérature 2012 ne sera révélé qu’en octobre prochain, les pronostics des bookmakers vont déjà bon train. Et donnent l’écrivain japonais Haruki Murakami favori.
2012, l’année Murakami ?
Déjà favori l’année dernière, aux côtés du poète syrien Adonis et du chanteur Bob Dylan, Haruki Murakami avait finalement vu le prestigieux prix revenir à l’écrivain suédois Tomas Tranströmer. Mais, selon les bookmakers anglais de Ladbrokes, cette édition 2012 pourrait bien être la bonne pour l’auteur d’1Q84.
Murakami/Mo Yan : la guerre est déclarée
En effet, les bookmakers de chez Ladbrokes donnent Murakami gagnant à dix contre un, juste devant le Chinois Mo Yan, le Néerlandais Cees Nooteboom, l’Albanais Ismail Kadare et le Syrien Adonis. Un classement en faveur du Japonais donc, mais à mettre en perspective avec celui des bookmakers de chez Nicerodds qui donnent pour leur part le Chinois Mo Yan grand favori, devant Murakami.
Succès populaire ET critique
A 63 ans, Haruki Murakami est l’un des écrivains japonais les plus lus à travers le monde. Paru en France en 2009, son dernier roman, 1Q84, s’est vendu à plus de 400 000 exemplaires pour les seuls tomes 1 et 2. Au Japon la trilogie s’était écoulée à 4 millions d’exemplaires. Des scores affolants qui font de Murakami l'un des écrivains les plus populaires et pourraient bien convaincre les jurés du prix Nobel.
E.A
Il est le fils d'un enseignant de collège de littérature japonaise, il opte pour les arts théâtraux et souhaite devenir scénariste de cinéma, sans avoir encore rien à raconter.
Après ses études universitaires à l'Université de Waseda, il est pendant huit ans responsable d'un bar de jazz à Tōkyō dans le quartier de Kokubunji qui s'appelle Peter Cat. Haruki Murakami reste un passionné des chats, ses seuls véritables amis pendant une enfance solitaire, cette amitié explique la présence invariable de cet animal dans sa littérature.
Cette expérience le nourrit à son insu et lui permet d'écrire son premier roman Écoute le chant du vent, publié au Japon en 1979, pour lequel il reçoit le prix Gunzō.
Une fois sa renommée établie après plusieurs romans à succès, il part vivre à l'étranger : tout d'abord au sud de l'Europe (Italie et Grèce), puis aux États-Unis. Il enseigne la littérature japonaise à l'université de Princeton (où Scott Fitzgerald fut étudiant).
Il revient vivre au Japon en 1995, marqué par le tremblement de terre de Kōbe et l'attentat au gaz sarin de la secte Aum dans le métro de Tokyo. Ces tragédies inspirent le recueil de nouvellesAprès le tremblement de terre.
Haruki Murakami est également traducteur en japonais de plusieurs écrivains anglo-saxons (parmi lesquels Scott Fitzgerald, John Irving ou encore Raymond Carver, à propos duquel il déclare, à sa mort survenue en 1987 : « Raymond Carver a été sans le moindre doute, le professeur le plus important de mon existence ainsi que mon plus grand ami en littérature »). Murakami est aussi un grand amateur de jazz auquel de nombreuses références sont faites dans ses romans.
Ses écrits (romans ou nouvelles) sont fréquemment fantastiques, ancrés dans une quotidienneté qui, subtilement, sort des rails de la normalité. Ayant vécu dans le sud de l'Europe (Grèce, Italie), puis aux États-Unis, l'influence occidentale est assez perceptible dans ses œuvres. Cela fait de lui un écrivain plus international que d'autres avec des références de la culture populaire mondiale tout en gardant un vécu japonais contemporain à ses personnages.
Il prétend que c'est en regardant un match de baseball (sport très populaire au Japon) qu'il a eu l'idée d'écrire son premier roman : Écoute la voix du vent, 1re partie de La Trilogie du rat.
Les ouvrages de Murakami révèlent une forme de surréalisme très rafraîchissante qui, en se fondant sur une mélancolique banalité quotidienne, arrivent à former des récits originaux. Il utilise cette idée du lien qui relie dans la pensée asiatique (bouddhisme, shintoïsme) tous les événements et les êtres. Une action provoque même de façon lointaine et indirecte une réaction dans l'instant, dans la réalité ou ailleurs, dans un autre monde que Murakami sait parfaitement rendre.
Au fil de ses romans, on retrouve des personnages étonnants tels que l'Homme Mouton ou le Colonel Sanders. L'âme humaine y est décortiquée, dans ses recoins parfois les plus intimes, de façon à ce que le lecteur soit emporté pour un voyage en lui-même, mais dans un cadre parfois loufoque.
La mélancolie lancinante de Murakami et ses analyses sociales en demi-teinte rappellent parfois un certain nombre de noms de la littérature nippone, tels que Sōseki. On y retrouve de longues pensées d'êtres tiraillés, à la recherche de leur identité et abordant l'existence avec parfois une certaine anxiété.
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La rédaction