vendredi 21 septembre 2012

Islam-Occident. Une dichotomie exaspérante


Islam-Occident. Une dichotomie exaspérante

L’eau bout à 100 degrés. Si l’on éteint le feu, elle cesse de bouillir, puis, petit à petit, devient tiède. Si elle continue à bouillir et que l’on n’éteint pas le feu, elle finit par s’évaporer. Aujourd’hui, pris dans le carcan du fanatisme islamique et d’un autre fanatisme, moins patent, et pourtant net, le fanatisme globaliste étasunien, le monde en est à 100 degrés.



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Pas un degré de plus, pas un degré de moins. Que faire ? Top tard pour enlever le couvercle, il est déjà tombé de lui-même en émettant un bruit assourdissant. Enlever la casserole ? Laisser l’eau s’évaporer ? Voici, en termes d’allégorie, la question clé de ces dix années du XXIème siècle. Le fanatisme, c’est un fait, a beaucoup de visages. Quelques unes de ses formes ne sont pas évidentes à dépister. Ainsi de cette fiction constamment déifiée qu’est celle des « droits de l’homme ». Plus on la déifie, plus on la bafoue, démontrant cet aphorisme génial de Georges Orwell sur l’égalité de tous dans une société où certains sont plus égaux que d’autres. Dans une société où certains ont plus de droits que d’autres parce que la liberté de certaines minorités s’exerce au détriment des majorités, l’acclamation fanatique des droits de l’homme n’a plus aucun fondement rationnel. Or, cette même société se permet, qui plus est, de donner des leçons de philanthropie à d’autres cultures, à d’autres civilisations titulaires de leur propre système de coordonnés éthique, qu’il soit théocratique ou pas. Si encore ces leçons se donnaient à coup d’arguments, mais, là encore, il n’en est rien ! C’est la démocratie à l’américaine ou la mort sous les obus. Il nous en a fallu du temps pour y voir juste, car, on s’accorde communément et erronément à penser que la notion de fanatisme est égale à celle de violence et que cette dernière dit toujours ce qu’elle veut dire, tenant des propos déplacés, choquants, irrationnels de A à Z. Ainsi de l’islam radical, ainsi des idéologies radicales telles que le nazisme ou le bolchévisme à ses débuts. Or, le mal sait revêtir les masques les plus splendides, proférer les plus beaux slogans. C’est à nous émouvoir jusqu’aux larmes.

Mais les larmes sèchent vite. La vérité, tôt ou tard, finit par éclater. Ces deux-trois dernières années, on ne parle que très peu de droits. Des nôtres, de ceux d’autrui. On sait maintenant ce que vaut une vie humaine, qu’elle soit irakienne, libyenne ou serbe : quelques misérables grammes d’hydrocarbures, quelques pouces de terrain géopolitique favorable à l’expansion des influences étrangères. Par référence à l’image de l’eau qui bout, un dilemme fondamental vient remplacer la rhétorique ridicule des droits de l’homme – celle de la liberté d’expression, aussi bien dans une dimension privée que publique. Libérer toutes les libertés, forcer tous les tabous du politiquement correct revient à dénouer des passions extrémistes jusque là assoupies. Se taire, censurer, s’autocensurer revient à soutenir indirectement le fanatisme de cet autrui, de cette altérité ambivalente dédaigneuse des cultures au sein desquelles elle s’est implantée. Nous nous trouvons en présence de deux stratégies qui, au bout du compte, conduisent à la même issue. Seule différence : au stade où nous en sommes, la première voie conduit à des effusions de sang, la deuxième, en principe clémente, conduit à une lente extinction de la civilisation judéo-chrétienne. Je dis bien, au stade où nous en sommes, car cette altérité que l’on ne sait plus comment traiter ne s’est pas implantée d’elle-même. On l’a fait venir à des fins d’exploitation, sans songer que semant le vent, on récolte la tempête. Le résultat est tel que le clivage des opinions dans la sphère du privé a gagné la sphère publique, cela grâce aux merveilles médiatiques du siècle. Le dilemme s’est enfoncé dans la dichotomie, encadrée comme elle est par le violent conflit des libertés informationnelles. Le nouveau paysage sociopolitique n’a rien de flou, il suffit de se pencher sur les revues de presse quotidiennes pour voir se côtoyer des articles relatant des actes médiatiques islamophobes et des articles, moins remarquables, sur les mesures de rapprochement interconfessionnel entreprises, par exemple, en Allemagne. Il se trouve en effet qu’une Maison de prière sera construite à Berlin, à la place d’une Eglise rasée pendant la II GM, qui réunira et, peut-être bien, unira christianisme, judaïsme et islam. Les uns prieront, regard dirigé vers Jérusalem, les autres, vers la Mecque. Ce projet pourrait renvoyer l’image d’un œcuménisme forcé, mais celle-ci apparaît, toute réflexion faite, trompeuse. Il s’agirait davantage d’une adaptation pseudo-œcuménique à ce fait établi qui est la montée en puissance de l’islam et, par conséquent, un renversement notable des rapports de force dans un certain nombre de villes allemandes, à savoir, dans le contexte donné, à Berlin. Je ne parle même pas des villes françaises telles que Lille ou Toulouse où les statistiques réelles feraient sursauter les sujets les plus insensibles à la thématique. Cette maison de prière, ergo, est aussi bien échappatoire que pierre d’achoppement, le dernier constat étant lié aux réactions prévisibles de l’extrême droite qui voit sa cause servie on ne peut mieux. Et certes, nous sommes au courant du triomphe teinté d’angoisse de Marine Le Pen en France suite aux manifestations islamiques – et cela se comprend, ses mises en garde étant jusqu’ici tournées en dérision ou méthodiquement diabolisées, - on ne peut faire fi, nonobstant quelques restrictions ultérieures, du succès du NPD (Parti national-démocratique) allemand en 2009-2010, année où celui-ci fusionne avec l’Union populaire allemande. Je n’associe en aucun cas le NPD à notre Front National, car ce serait dénigrer injustement ce dernier, mais la vérité est que les mesures de sensibilisation positive à la question de l’islam font couler de l’eau sur le moulin de ceux qui chérissent, d’une façon raisonnable ou, à l’inverse, maladroite, l’idée d’identité nationale. Voici déjà, au devant de la scène, trois acteurs de cette culmination tragique : les musulmans installés en Europe occidentale, les enthousiastes pacifistes qui se prennent pour de grands négociateurs déguisant de la sorte leur veulerie, le partis nationalistes, qu’ils soient modérés ou pas. Cet entourage ne présente aucune nouveauté pour nous, bien plus, sa coexistence singulière, tel un schéma routinier, est maintenant dans l’ordre des choses. Dans leur interaction particulière, ces acteurs ont une chose en commun : l’extrémisme. Pour les uns, il s’agit d’un extrémisme doux refoulé au niveau conscient, celui des soi-disant pacifistes suspendus entre la logique de l’autruche et celle de la brebis ... ceux qui ne sont pas d’accord avec eux se retrouvent automatiquement taxés de brebis galeuses. C’est d’une façon intolérante qu’ils tâchent de nous imposer un modèle de tolérance qui n’a ni queue ni tête. Pour les autres, j’entends cette fois les radicaux religieux et les nationalistes, il s’agit d’une lutte ouverte, déchaînée, consacrée, pour les nationalistes, à une reconquête identitaire, pour les musulmans radicaux, à la conquête de terres qui, cela est juridiquement vrai, leur appartiennent aussi. De cette dialectique belliqueuse procèdent les libertés les plus effrénées. Une audace en appelle à une autre, on n’est pas prêt à sortir du cercle vicieux. Mieux encore, il n’y a plus aucune raison d’en sortir, car, pour les deux partis, il n’y a plus rien à y perdre ! De là l’alternance des caricatures et des manifs accompagnées bien souvent de violences pour l’heure locales mais qui ont déjà tendance à se généraliser.

Voici donc, conceptuellement dépeint, le premier plan. Ses acteurs nous sont bien connus, il suffisait de remettre en évidence les principes de leur interaction. Reste à discerner, cent fois plus flou, aussi preste et insaisissable qu’une anguille, l’arrière-plan. C’est Mr. Thierry Meyssan du Réseau Voltaire qui a fait la lumière sur ses arcanes. Une immense pensée de reconnaissance à son égard. Voici l’essence de son message, illustré par la diffusion sur youtube du film satirique L’Innocence des musulmans qui met en scène un Mohammed doué des vices les plus extraordinaires : « la tactique du blasphème » employé dans le film en question n’est en réalité autre que celle de la provocation pure et dure, balancée par les services de renseignement israéliens. Pourquoi ? Il se fait que le sommet de l’élite militaire étasunienne s’est insurgé contre la volonté du gouvernement israélien de poursuivre les guerres entamées le 11 septembre 2001, les poussant jusqu’au Soudan, à la Somalie, jusqu’à l’Iran dont le sort oscille entre les tergiversations des USA et l’attitude ostentatoirement hostile d’Israël. Martin Dempsey, chef d’état-major de l’armée américaine, tente de faire face aux battements de tambour récurrents d’Obama … Fin août, il a notamment fait entendre que l’armée américaine ne viendrait pas prêter main forte à Israël si jamais celui-ci en venait à s’en prendre à l’Iran. Et, nous indique Mr. Meyssan, on sait ce qui a suivi : un avertissement brutal exprimé dans l’attaque au missile de l’avion du général Dempsey ! Et voici que, comme par hasard, c’est l’ambassadeur des USA en Lybie et quelques membres de son escorte qui sont tués suite à la diffusion idiote d’un film idiot adressé on ne sait trop à qui … probablement au monde musulman en vue de le blesser dans ses sentiments religieux. Le jeu du hasard est bien entendu envisageable, seulement voilà… si l’on fait un petit flash-back en retournant aux évènements de février 2011, on s’aperçoit vite à quel degré les USA savent exploiter les situations les plus fâcheuses : « Les Occidentaux qui voulaient renverser le régime libyen avaient financé des publications salafistes accusant le colonel Kadhafi d’avoir protégé le consulat du Danemark parce qu’il aurait été lui-même le commanditaire des caricatures. Le 15 février 2011, les salafistes avaient organisé à Benghazi une manifestation commémorative de la tuerie au cours de laquelle une fusillade éclata, marquant le début de l’insurrection de la Cyrénaïque et ouvrant la voie à l’intervention de l’OTAN ». Ce résumé limpide que nous a fait Mr Meyssan de la tactique étasunienne déployée contre le malheureux Kadhafi prouve que les services de renseignement israélo-américains intéressés dans la continuation des croisades géopolitiques au Proche-Orient ont très bien pu sacrifier leur ambassadeur en Libye. Indirectement, certes, mais le résultat est là. Le blasphème qui ressort du film faisait donc lieu, en un seul et même temps, de trompe l’œil pour les masses (ce n’est pas nous, ce sont eux qui ont commencé en premier !), de secousse pour les élites militaires étasuniennes.
La déduction de Thierry Meyssan éclaire parfaitement bien le jeu d’échec obscur de l’arrière-plan, introduisant un quatrième acteur qui est aussi et surtout le metteur en scène de cette tragédie macabre que personne, pas même le chef d’état-major de l’armée américaine, n’est en mesure d’arrêter. Si donc la roue infernale accélère sa rotation à l’insu de tout bon sens, à l’insu de l’intérêt de la majeure partie de la planète, qu’importe quelles sont les limites de la liberté d’expression.


french.ruvr.ru







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