mercredi 8 août 2012

L'Italie peut-elle renouer avec la croissance en 2012 ou 2013 ?




Les premières données sur l'évolution de l'économie italienne en ce début du troisième trimestre confirment la mauvaise orientation des chiffres publiés hier. Cette année, le PIB devrait chuter de l'ordre de 2 % et l'an prochain on ne peut espérer qu'une stabilisation conjoncturelle (- 0,3 % du PIB). L'Italie ne dispose toujours pas de leviers susceptibles de lui faire retrouver la croissance. La demande intérieure restera très, très faible pour le reste de l'année. La consolidation budgétaire a pesé lourd sur la consommation des ménages, notamment au deuxième trimestre, ainsi que la détérioration du marché du travail [en juin, 10,8 % de la population active transalpine était sans emploi, NDLR]. Les entreprises sont confrontées à des conditions difficiles d'accès au crédit, ce qui a une influence néfaste sur leurs investissements. On constate des signaux récents d'amélioration uniquement sur le front des exportations après un premier semestre négatif.

Les exportations peuvent sortir l'Italie de la récession ?

Ce levier ne suffit pas à lui seul à contrecarrer les facteurs de baisse de l'activité. Néanmoins, dans un processus de stabilisation de l'économie, les commandes étrangères pourront faire la différence. Notre espoir réside en effet dans l'exportation. L'Italie a amélioré la spécialisation de ses produits proposés à l'export et gagne des parts de marché dans les pays émergents. Les secteurs qui devraient tirer nos ventes à l'étranger sont traditionnellement ceux de la mécanique, du textile-habillement et de la construction mécanique. Malheureusement, leurs produits sont majoritairement à faible contenu technologique et leur structure est comparable à celle des exportations chinoises. Ce qui veut dire que la concurrence est rude.

Quel est l'impact de la détérioration de la conjoncture sur les comptes publics ?

Les chiffres publiés hier ne modifient que très marginalement le cadre de référence du budget de l'Etat. Néanmoins, l'objectif fixé par le gouvernement d'un déficit budgétaire proche de l'équilibre n'est pas crédible. En 2013, il sera plutôt de l'ordre de 1 % du PIB. Cela étant dit, l'état des finances italiennes, y compris grâce à l'action de l'exécutif actuel, est bien meilleur que celui de bien d'autres pays européens. En 2012, l'excédent primaire devrait encore augmenter en dépit de la récession à environ 3 % du PIB, ce qui représente une somme respectable de quelque 50 milliards d'euros. Cela n'exclut cependant pas que Rome soit amené à demander le soutien européen sur les marchés si ces derniers maintiennent la pression sur la dette. Un soutien qui, dans le cas de l'Italie, devrait se cantonner à exiger la poursuite de la politique de discipline budgétaire et de réformes structurelles entreprises par Mario Monti.
Propos recueillis par Massimo Prandi
Écrit par Massimo PRANDI
Journaliste

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