Mis en ligne le dimanche 04 décembre 2011
L’âge Bisounours de Facebook, le réseau social où l’on «share» ce qu’on «like» avec ses «friends», c’est fini: bienvenue dans la grande communauté Flicbook.
Copé et sa clique peuvent être contents, désormais, il est interdit de se socialiser masqué sur le réseau numéro un de la Toile. Charlie l’a appris à ses dépens il y a deux semaines, quand nos pages étiquetées Charlie Hebdo ont été visées par une campagne (entre autres déluges d’injures et de menaces) appelant à signaler la page au webmaster de Facebook, qui répond visiblement aux sollicitations des hystériques, mais jamais à nos questions, ni à celles de nos avocats. Par message privé, Facebook nous donne le choix : celui de révéler notre «vraie» identité ou de fermer notre compte. Depuis des années que nous avions deux pages Facebook au nom de Charlie Hebdo, il a fallu attendre que le ciel nous tombe sur la tête pour qu’un sous-fifre anonyme et injoignable de la grande multinationale Facebook s’enquière de notre transparence éditoriale.
Il est donc interdit d’utiliser un pseudonyme ou une marque (fût-on propriétaire des droits d’utilisation de cette marque) pour créer un compte personnel sur Facebook. Une info qui intéressera les centaines de Chuck Norris, d’Elvis Presley et autres Miaoummar Cathafi qui dialoguent en toute illégalité avec leurs « friends » humains et félins (oui, car il existe aussi un Catbook pour nos amis les chats — à condition, sans doute, qu’ils aient leurs papiers en règle).
Copé et sa clique peuvent être contents, désormais, il est interdit de se socialiser masqué sur le réseau numéro un de la Toile. Charlie l’a appris à ses dépens il y a deux semaines, quand nos pages étiquetées Charlie Hebdo ont été visées par une campagne (entre autres déluges d’injures et de menaces) appelant à signaler la page au webmaster de Facebook, qui répond visiblement aux sollicitations des hystériques, mais jamais à nos questions, ni à celles de nos avocats. Par message privé, Facebook nous donne le choix : celui de révéler notre «vraie» identité ou de fermer notre compte. Depuis des années que nous avions deux pages Facebook au nom de Charlie Hebdo, il a fallu attendre que le ciel nous tombe sur la tête pour qu’un sous-fifre anonyme et injoignable de la grande multinationale Facebook s’enquière de notre transparence éditoriale.
Il est donc interdit d’utiliser un pseudonyme ou une marque (fût-on propriétaire des droits d’utilisation de cette marque) pour créer un compte personnel sur Facebook. Une info qui intéressera les centaines de Chuck Norris, d’Elvis Presley et autres Miaoummar Cathafi qui dialoguent en toute illégalité avec leurs « friends » humains et félins (oui, car il existe aussi un Catbook pour nos amis les chats — à condition, sans doute, qu’ils aient leurs papiers en règle).
Le Web demande des papiers.
À Charlie Hebdo, finauds, on a essayé de ruser en proposant à Flicbook de nous rebaptiser d’un nom familier aux lecteurs de Charlie, un nom au-dessus de tout soupçon, un nom bien français : Maurice Patapon. Retoqué. Ayant épuisé nos chances de nous rebaptiser, Facebook a définitivement fermé, contre la demande de notre avocate de préserver les informations pouvant être utiles à l’enquête, notre compte Charlie Hebdo avec ses 5 000 contacts.
Facebook oserait-il jouer son image d’ami des révolutions arabes avec ce genre d’opération «bas les masques»? Évidemment, pauvres naïfs, puisqu’il s’agit de consolider le bien juteux fichier de clients potentiels. Si passer pour le bras armé de la démocratie peut être bon pour les affaires de Big Brother, il ne faudrait quand même pas croire qu’il en perde de vue, comme tout média gratuit, ses vraies priorités: les annonceurs à qui il vend des profils soigneusement renseignés.
En mars dernier, l’activiste et journaliste chinois Michael Anti, qui, comme nombre d’intellectuels chinois, travaille sous un pseudo anglicisé, s’est vu fermer son compte Facebook. Quasiment en même temps que Charlie, Salman Rushdie entamait un bras de fer avec le site, qui l’avait pris en grippe au prétexte qu’il usurpait l’identité de quelqu’un de connu. L’envoi d’une photocopie du passeport n’a que partiellement suffi à débloquer l’affaire : obsédé par sa pseudo-politique antipseudos, Facebook a consenti à restaurer le compte de l’écrivain, mais sous son «vrai» nom, à savoir Ahmed Rushdie (Salman étant son deuxième prénom). Féru de réseaux sociaux et un tantinet rancunier, Rushdie organise la riposte sur Twitter, en listant à ses 129000 «followers» les plus éminents «Middle Name Users» qui tomberaient dans l’anonymat selon la loi de Facebook : James Paul McCartney, Henry Charles Bukowski, Adeline Virginia Woolf, George Orson Welles…
Il suffit de jeter un coup d’œil à la page Facebook de Salman Rushdie pour retrouver nos amis d’il y a quelques semaines, qui continuent depuis plus de vingt ans à se soulager sur Salman où qu’ils le trouvent. Évidemment, tous ces sympathiques défenseurs de Dieu signalent la page de Rushdie aux administrateurs Facebook, qui s’empressent de jouer les inquisiteurs au lieu de vérifier si, par hasard, les menaces de mort et le harcèlement pratiqué sur leur site ne seraient pas aussi contraires à leur règlement. Pourtant, contrairement à la plupart des litanies absconses qu’on signe habituellement sans chercher à les lire, les «community standards» de Facebook sont très clairs. Article 1: «Nous souhaitons que nos membres se sentent en sécurité sur le site. Toutes menaces crédibles d’attaques seront retirées.»
Quant à utiliser le média Facebook pour en dénoncer les dérives, n’y comptez pas. Charlie s’est fait remonter les bretelles pour avoir diffusé la capture d’écran du message envoyé par Facebook nous rappelant à l’ordre (ci-dessous). Vous suivez? Contrevenir au règlement est interdit, diffuser le règlement l’est apparemment aussi.
Valérie Manteau
valerie.manteau@charliehebdo.fr
valerie.manteau@charliehebdo.fr
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La rédaction