dimanche 8 juillet 2012

Pour un nouveau traité franco-allemand

    LE MONDE |  • Mis à jour le 

Angela Merkel et François Hollande vont lancer, dimanche 8 juillet à Reims, les cérémonies commémorant les 50 ans du traité de l'Elysée. Signé le 22 janvier 1963, ce traité a été précédé de deux visites importantes : celle effectuée en juillet 1962 en France par le chancelier Konrad Adenauer, dont le point d'orgue fut une messe dans la cathédrale de Reims, et la seconde pour un séjour, deux mois plus tard, du général de Gaulle en Allemagne marqué par un discours à la jeunesse allemande, à Ludwigsburg.

Tant le 8 juillet qu'en septembre, la chancelière et le président de la République se féliciteront de l'amitié exceptionnelle de ces deux peuples qui se sont tant combattus et dont la réconciliation est sans équivalent dans le monde.
Parfait. Mais que reste-t-il, aujourd'hui, du traité de l'Elysée ? Un calendrier contraignant de rencontres au plus haut niveau de l'Etat qui assurent une étroite coopération entre les deux gouvernements et de nombreux échanges de jeunes organisés notamment par l'Office franco-allemand de la jeunesse. Faut-il aller plus loin ? Angela Merkel et François Hollande n'en semblent pas convaincus. Certes, des annonces seront faites en janvier 2013, mais, sauf retournement de situation, elles devraient être essentiellement symboliques.
La question mérite d'être posée. Au moment où, du fait de la crise de l'euro, l'Europe s'interroge sur son intégration politique, le couple franco-allemand n'a-t-il pas fait son temps ? N'est-il pas temps d'être plus ambitieux ? De "penser européen" ? Ce serait une funeste erreur.
Autant la France et l'Allemagne n'ont pas vocation à être le directoire de l'Europe, autant leur étroite coopération doit servir de modèle aux autres pays. Il est donc important de profiter de cet anniversaire pour poser les questions qui dérangent. Pourquoi, cinquante ans après le traité de l'Elysée, la coopération militaire entre les deux pays reste-t-elle balbutiante ? Pourquoi n'y a-t-il aucune ambassade commune ? Pourquoi, à l'ONU et au G20, les deux pays sont-ils incapables deparler d'une seule voix ? Pourquoi se font-ils concurrence au Maghreb et auProche-Orient ? Pourquoi n'y a-t-il toujours pas le même taux d'imposition sur lessociétés ? Pourquoi les politiques énergétiques sont-elles contradictoires ? Pourquoi, au sein d'EADS, la nationalité des dirigeants continue-t-elle de primersur leurs compétences ? A cette liste - non exhaustive - de questions, on ne peut se contenter de répondre que les dirigeants cherchent d'abord à plaire à un électorat qui reste national.
Pour des raisons démographiques, l'Allemagne se prépare à des lendemains difficiles. La France, elle, est incapable de se réformer sans aiguillon extérieur. S'ils veulent continuer à peser face aux Etats-Unis et aux nations émergentes, les deux pays ont tout intérêt à renforcer leur coopération dans tous les domaines. Un tel mouvement créerait une véritable dynamique en Europe. Célébrer le passé ne suffit pas pour entrer dans l'Histoire. Il faut un nouveau traité de l'Elysée.

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