mardi 10 juillet 2012

« La victoire des islamistes et leur accès au pouvoir n’est pas une fatalité » nous dit la Libye

« La victoire des islamistes et leur accès au pouvoir n’est pas une fatalité » nous dit la Libye:
Après la défaite écrasante et pour beaucoup inattendue des partis islamistes aux dernières élections législatives algériennes, cette fois-ci, c’est de Libye, notre voisin de l’Est, que nous vient la seconde surprise.

En effet, d’après les résultats préliminaires – et encore partiels – des élections générales qui s’y sont déroulées samedi dernier pour l’élection des membres du Congrès National, il est désormais certain que le scrutin consacrera une victoire nette, voire même écrasante, de «l’alliance des partis patriotiques » conduite par Mahmoud Jebril, et à orientation civile et libérale, face à la coalition perdante « justice et construction » d’obédience islamiste ; une coalition que la plupart des observateurs estimaient pourtant mieux placée pour gagner, surtout au vu de ce qui s’est passé antérieurement dans les deux pays voisins: la Tunisie et l’Egypte, où les islamistes étaient sortis à des degrés divers, gagnants.

Le résultat des élections libyennes qui va certainement mettre en place dans ce pays une configuration politique différente de celle de ses deux voisins est important à plus d’un titre. Il prouve avant tout, que dans les pays où est passé ce qui est convenu d’appeler le « Printemps arabe », la victoire des partis islamistes et leur accès au pouvoir peuvent ne pas être une fatalité inéluctable, un sort fixé d’avance, pour ne pas aller jusqu’à croire que la victoire somme toute « profane » des partis Islamistes, serait un « signal divin » adressé aux peuples de la région, pour leur rédemption et leur salut.

Aussi, les résultats des élections algériennes et libyennes ont-elles eu au moins le mérite de démentir ce faux oracle annoncé, et de rassurer les uns et les autres, que dans le nouveau contexte que vivent les pays du Printemps arabe, les dés ne sont pas jetés d’avance, ni du coté des islamistes, ni de celui qui leur font face ; mais, encore faut-il que ces derniers prennent conscience de la nécessité de se rassembler autour de plateformes politiques consensuelles, de présenter aux électeurs des messages clairs, vrais et convaincants, et enfin de ne pas tomber dans le piège des débats contreproductifs autour de la religion et de l’identité, auquel leurs adversaires essayent de les trainer.

Avec les résultats des élections libyennes, la donne va sûrement changer ; non seulement au niveau interne de la Libye, mais aussi et sans aucun doute, au niveau des relations politiques, sécuritaires et économiques très intenses qui lient la Tunisie à ce pays frère.

Attendons tout de même pour voir l’évolution des choses en plus clair. Les résultats ne sont pas encore définitifs, et même lorsqu’ils le seront, ils ne résoudront pas tous les problèmes de ce pays, qui va continuer à faire face à des défis internes et externes énormes, qui menacent son unité et hypothèquent sa sécurité, tels les énormes arsenaux d’armes en circulation et les groupes incontrôlés qui en font usage, les revendications autonomistes et même séparatistes de certaines régions, les frictions tribales, sans oublier les grands pas qui restent à franchir pour l’instauration d’une véritable démocratie en rupture avec la dictature du passé.

Mais, quoi qu’il en soit, ces élections qui se sont déroulées dans des conditions somme toutes acceptables et les résultats qui vont en sortir, sont des indices réels qui augurent d’un lendemain Libyen plus serein, et peut-être beaucoup plus en avance par rapport à ce qu’on a l’habitude d’espérer dans ce pays.

En tous cas, c’est ce qu’on doit souhaiter, et pour nos frères libyens, et pour les intérêts bien compris de notre pays.

Boubaker Ben Fraj sur Jawhara FM

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