samedi 7 juillet 2012

Kofi Annan : "Sur la Syrie, à l'évidence, nous n'avons pas réussi"



LE MONDE |  • Mis à jour le 

Dans un entretien au MondeKofi Annan, émissaire des Nations unies et de laLigue arabe pour la Syrie, dresse le bilan de son action.

Les violences durent depuis seize mois, et semblent s'aggraver. Les bilans parlent d'au moins 16 000 morts, 1,5 million de personnes ayant besoin d'aide humanitaire, 100 000 réfugiés dans les pays voisins. Etes-vous en train d'échouer dans votre mission ?
Cette crise se poursuit depuis seize mois, mais j'ai commencé à être impliqué il y a trois mois. Des efforts importants ont été déployés pour essayer de résoudre cette situation de manière pacifique et politique. A l'évidence, nous n'avons pas réussi. Et peut-être n'y a-t-il aucune garantie que nous allons réussir. Mais avons-nous étudié des alternatives ? Avons-nous mis les autres options sur la table ? J'ai dit cela au Conseil de sécurité de l'ONU, ajoutant que cette mission n'était pas indéfinie dans le temps, comme mon propre rôle.
Le texte sur une "transition politique" en Syrie adopté le 30 juin à Genève par les grandes puissances ne comporte pas de date butoir. N'est-ce pas une nouvelle occasion pour Bachar Al-Assad de gagner du temps ?
Nous n'avons pas inclus de calendrier dans le plan, car nous voulions soulignerque le processus devait être mené par les Syriens eux-mêmes. Nous ne voulons rien imposer, rien d'irréaliste. Un calendrier ne peut résulter que de consultations. Un des objectifs de la réunion de Genève était que les participants [des pays occidentaux et arabes, la Turquie, la Russie et la Chine] se remobilisent pour une solution politique. Et que les gouvernements de la région utilisent leur influence sur les parties, en Syrie, pour les pousser à un résultat.
Vous semblez miser sur l'influence russe. Qu'est-ce qui vous fait penserque le régime russe a le moindre intérêt à "produire" une transition crédible en Syrie ? A être constructif ?
Y a-t-il une alternative ? La Russie, comme beaucoup d'autres pays impliqués dans ce dossier, a des intérêts en Syrie et dans la région. Une fois que l'on part du principe qu'il y existe aussi des intérêts communs, à moyen et long terme, la question devient : comment protéger ces intérêts ?
N'est-il pas souhaitable que ces pays trouvent le moyen de travailler ensemble, pour s'assurer que la Syrie n'éclate pas en morceaux, qu'elle ne répande pas les problèmes chez ses voisins, et éviter qu'elle crée une situation incontrôlable dans la région pour tout le monde ? Ou alors, ces pays vont-ils continuer sur la voie qu'ils ont empruntée, menant à une compétition destructrice dans laquelle chacun finit par être perdant ?
Plus que tout, il faut penser aux pauvres Syriens et aux habitants de la région. J'espère que la raison l'emportera, au moins s'agissant de la défense des intérêts bien compris des Etats. Dans ce cas, il est dans l'intérêt de la Russie comme des autres pays de trouver le moyen de travailler ensemble.



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