dimanche 8 juillet 2012

Fukushima, une négligence humaine


Le verdict est tombé le 5 juillet au soir : l'accident de Fukushima est dû à la négligence humaine et aurait pu être évité. Voilà ce qui fait les gros titres des quotidiens japonais ce vendredi 6 juillet. Cette affirmation figure dans un rapport établi par une commission d'enquête mandatée par le Parlement. Constituée de dix experts indépendants (journaliste, sismologues, avocats, médecins etc), cette commission a eu le pouvoir exceptionnel de convoquer tour à tour l'ancien Premier ministre Naoto Kan et d'autres membres du gouvernement, les dirigeants de Tepco, ainsi que des responsables de l'Agence de sûreté nucléaire (ASN). Au total, 1167 personnes ont été auditionnées au cours de cette enquête qui a duré un peu plus de 900 heures. Le rapport réfute radicalement les propos de Tepco [Tokyo Electric Power, l'opérateur du site], qui a toujours soutenu que l'accident s'était produit à cause du tsunami, dont l'ampleur était imprévisible. Le rapport reconnaît également officiellement que la thèse selon laquelle les réacteurs ont été endommagés par le séisme avant l'arrivé du tsunami doit sérieusement être considérée. "Le contenu de ce rapport est affligeant. Il témoigne de l'irresponsabilité de Tepco et des autorités. Personne n'a été capable de penser et d'agir concrètement" déplore le quotidien régional Fukushima Minyu. La commission critique en effet sévèrement et le gouvernement et Tepco. Elle reproche à Tepco et à l'ASN d'avoir volontairement fermé les yeux sur les risques de tsunami et de séisme, et de ne pas avoir renforcé la sécurité de la centrale alors même qu'ils avaient été avertis du risque par des experts auparavant. Quant au gouvernement, il n'a pas pris de mesures suffisantes pour protéger la population de la radioactivité. Selon un sondage effectué par l'Asahi Shimbun auprès de 10 000 personnes évacuées à cause de l'accident nucléaire, 80 % des personnes interrogées ignoraient que les réacteurs avaient explosé, le jour où l'accident s'est produit. De plus, aux yeux de la commission, la zone d'évacuation établie par le gouvernement a été fixée sans fondement scientifique. La délimitation du périmètre d'évacuation puis son élargissement au fur et à mesure - d'abord fixée à 3 kilomètres autour de la centrale Daiichi, elle a été successivement élargie à 10, puis à 20 kilomètres - a semé la confusion au sein de la population. La commission a également jugé trop élevée la limite d'exposition aux radiations - 20 millisieverts par an - fixée par le gouvernement. "L'accident de Fukushima n'est pas terminé, conclut le rapport de la commission cité par le Mainichi Shimbun. L'enquête devra se poursuivre, afin d'éclaircir les points qui restent obscurs, et tirer toutes les leçons de cette catastrophe", .

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