On avait découvert Jérémy Sebbane et Benjamin Dijane il y a quelques semaines sur JSSNews, à l’occasion d’une tribune où ils appelaient à plus de neutralité, au PS, en ce qui concerne les affaires proche-orientales. Cet article avait fait son bonhomme de chemin jusqu’à ce que Pascal Boniface décide d’y répondre de son propre chef, argumentant à la manière d’un enfant de 15 ans. Ces deux militants actifs au sein de la campagne de François Hollande s’étaient alors à leur tour fendu d’une réponse cinglante et sans appel à Boniface. Ce soir, ils publient une nouvelle tribune libre dans le Huffington Post où ils comptent bien faire comprendre à la gauche que le boycott d’Israël n’est pas dans les valeurs qu’ils partagent. Une vraie offensive médiatique qui mérite d’être reprise et relayée par tous les défenseurs des libertés, même ceux qui ne partagent pas forcément les idées de la gauche. Ceci-dit, une chose est certaine, avec ces deux militants, le Parti Socialiste a enfin une relève digne de ce nom !
Chaque 30 mars, depuis trois ans, le collectif Boycott Désinvestissements Sanction (BDS) dont l’objet est le boycott y compris scientifique et culturel de l’Etat d’Israël appelle à une journée mondiale d’actions.
Initié notamment par des proches du Hamas parmi lesquels Omar Barghouti qui prône la disparition de l’Etat hébreu ou Ali Abunimah qui se plaît à comparer Israël à l’Allemagne nazie, ce collectif a acquis une certaine notoriété en France en multipliant notamment les initiatives dans les supermarchés où l’activité de ses militants consiste à accoler sur les marchandises en provenance d’Israël des autocollants hostiles dans le but d’inciter les clients éventuels à ne pas les acheter.
D’aucuns pourraient penser qu’il ne s’agit que d’un mouvement extrémiste et marginal auquel il serait plus sage, compte tenu de ses orientations idéologiques nauséabondes, de ne pas faire de publicité. Hélas, force est de constater que celui-ci a fait quelques émules – on se souvient notamment du boycott de l’inoffensif film d’amour du réalisateur israélien Léon Prudovsky A cinq heures de Paris par le réseau Utopia – et qu’il continue à vouloir imposer dans notre pays une discrimination aussi immorale qu’illégale.
Inscrivez-vous à la newsletter de JSSNewsD’aucuns pourraient penser qu’il ne s’agit que d’un mouvement extrémiste et marginal auquel il serait plus sage, compte tenu de ses orientations idéologiques nauséabondes, de ne pas faire de publicité. Hélas, force est de constater que celui-ci a fait quelques émules – on se souvient notamment du boycott de l’inoffensif film d’amour du réalisateur israélien Léon Prudovsky A cinq heures de Paris par le réseau Utopia – et qu’il continue à vouloir imposer dans notre pays une discrimination aussi immorale qu’illégale.
A Paris, se déroule depuis deux jours, la 12e édition du Festival du film israélien. Suivre les consignes du BDS, ce serait donc ne pas s’y rendre, dire aux cinéastes israéliens qu’ils ne sont pas les bienvenus et ne pas parler de leurs films.
Hasard du calendrier, vient de s’achever en Israël, il y a trois jours, le Festival du film français de Tel-Aviv. Cette concomitance peut nous inviter à un exercice intellectuel intéressant : un raisonnement par l’absurde. Imaginons un instant qu’une partie de la société civile israélienne et que des représentants de partis politiques israéliens, en désaccord avec l’action du gouvernement français, comme nous le sommes d’ailleurs, aient appelé à boycotter ce festival. Quelle aurait été notre réaction ? Elle aurait été pleine d’indignation car ce boycott aurait empêché aux films Intouchables, Polisse, ou bien encore La Guerre est déclarée de connaître le succès – bien mérité – qu’ils ont connu lors de leur projection en Israël. Ce raisonnement par l’absurde montre bien toute la dangereuse absurdité de la situation.
De tout temps, les régimes autoritaires et les mouvements qui les soutiennent s’en sont pris aux créateurs et aux artistes. Des cinéastes comme Jafar Panahi, emprisonné et torturé par l’Iran d’Ahmadinejad, peuvent en témoigner. Aussi est-il du devoir de tous les démocrates quelles que soient leurs sensibilités politiques de rappeler leur attachement à la culture, aux échanges, à la diversité des points de vue et des regards. La culture est par définition le désir de se confronter et de découvrir l’autre. Celui-ci ne devrait avoir ni barrières ni frontières.
Parce que nous sommes de gauche, hostiles à toutes les discriminations et, de fait, partisans des valeurs d’égalité, de démocratie et de pluralisme, ce boycott nous interpelle tout particulièrement.
Personne ne demande le boycott des Etats totalitaires qui, comme la Syrie ou le Soudan, bafouent quotidiennement les Droits de l’Homme. Pourquoi donc boycotter le seul Etat démocratique du Proche-Orient où les citoyens peuvent lire une presse libre, manifester quand ils le souhaitent -comme beaucoup d’entre eux l’ont fait lors du « mouvement des tentes », l’été dernier – ou voter à intervalles réguliers pour changer de dirigeants?
Personne ne demande le boycott des Etats totalitaires qui, comme la Syrie ou le Soudan, bafouent quotidiennement les Droits de l’Homme. Pourquoi donc boycotter le seul Etat démocratique du Proche-Orient où les citoyens peuvent lire une presse libre, manifester quand ils le souhaitent -comme beaucoup d’entre eux l’ont fait lors du « mouvement des tentes », l’été dernier – ou voter à intervalles réguliers pour changer de dirigeants?
Soutenir l’opération de boycott d’Israël, on le sait bien, c’est soutenir le bannissement de toute une nation et c’est encourager tous les radicaux dans leur refus de paix au Proche-Orient.
Quant à vouloir faire pression sur Israël en refusant que soient diffusés le travail de ses artistes, cela est aussi illogique que contre-productif.
Quant à vouloir faire pression sur Israël en refusant que soient diffusés le travail de ses artistes, cela est aussi illogique que contre-productif.
Boycotter le cinéma israélien c’est boycotter un cinéma profondément audacieux et contestataire qui ne cesse d’interroger sans relâche la société dont il émane.
Qui pourrait voir dans le Lebanon de Samuel Maoz, le Beaufort de Joseph Cedar ou le somptueux Valse avec Bachir d’Ari Folman dépeignant les horreurs de la guerre des instruments de propagande de l’Etat hébreu ?
Féministe comme en témoigne les œuvres de Ronit Elkabetz (Mon trésor, Prendre femme…), libre et percutant pour dénoncer le poids de la religion ( Kadosh d’Amos Gitai, Tu n’aimeras point de Haïm Tabakman, Mariage tardif de Dover Kosashvili…), militant et égalitaire comme les films d’Eytan Fox abordant la culture homosexuelle (Yossi and Jagger, Tu marcheras sur l’eau, Bubble…), le cinéma israélien est pour nous, à la différence des intégristes qui veulent le censurer, un modèle de progressisme.
Il suffit de voir la programmation du Festival du film israélien de Paris cette année : Le Policier évoquant les manifestations sociales en Israël, Slut parlant du droit des femmes à disposer de leur corps, Le jardin d’Anna retraçant l’engagement d’une femme pour les valeurs socialistes et fraternelles du kibboutz qu’elle a créé pour comprendre que boycotter le cinéma israélien c’est boycotter celles et ceux qui, dans leur pays, sont les premiers partisans de la diversité et de l’ouverture au monde.
Convaincus que le boycott est une arme indigne, comme l’ont écrit avant nous François Hollande mais aussi Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo, Manuel Valls ou encore Jean-Marie Le Guen, nous continuerons à rester vigilants et à nous opposer chaque fois que des esprits malveillants tenteront d’importer sur notre territoire le conflit israélo-palestinien en s’attaquant à ce qui fait la richesse de nos sociétés : la culture. C’est bien parce que nous sommes attachés à toutes les cultures et parce que nous sommes de gauche que nous sommes résolument opposés à ce boycott. Nous le redisons, car la répétition est aussi une forme de pédagogie : le boycott n’est pas qu’une absurdité c’est un déshonneur pour notre pays.
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La rédaction