Le gouvernement de l’Autorité palestinienne de Salam Fayyad, annonçait cette semaine le lancement du Prix 2012 pour la liberté de la presse et a invité des journalistes palestiniens à soumettre leur candidature pour ce prix prestigieux, le premier du genre dans les territoires palestiniens.
Le prix vise à encourager la liberté des médias et de parole dans les territoires palestiniens, où les journalistes locaux ont longtemps été confrontés à une campagne d’intimidation et de harcèlement par les deux gouvernements palestiniens en Judée-Samarie et la bande de Gaza.
Les forces de sécurité du premier ministre Salam Fayyad ont arrêté Shayeb après qu’il ait publié un article dans un journal jordanien, où il dénonce la corruption dans la mission diplomatique palestinienne en France. Il a été détenu pendant 48 heures, avant qu’un tribunal de Ramallah prolonge sa détention de 14 jours supplémentaires. C’est Hael Al Fahoum (le chef de la mission diplomatique palestinienne en France) et Riad Al Maliki (Ministre palestinien des affaires étrangères) qui ont porté plainte. Les plaignants demandent que l’accusé soit condamné à payer 6 millions de dollars de dommages et intérêts.
Inscrivez-vous à la newsletter de JSSNews
Dans son article, le journaliste cite plusieurs témoins incriminant le chef de la mission diplomatique palestinienne en France et son adjoint dans des affaires de corruption. La décision du tribunal de maintenir Youssef Shayeb en détention seraient survenues suite à son refus de révéler ses sources.
Toute la rédaction de JSSNews se tient fermement derrière notre collègue palestinien. La liberté de la presse est fondamentale pour arriver un jour à obtenir une paix viable au Proche-Orient. Et le fait que les Territoires Palestiniens soient en 150ème position dans le classement mondial de la liberté de la presse (derrière l’Afghanistan ou encore l’Algérie), ne fait qu’ajouter de l’ironie au prix créé cette semaine. D’ailleurs, Reporters sans frontières déplore la décision du tribunal palestinien.
Dans un communiqué publié sur son site internet, le Syndicat des Journalistes palestiniens a appelé les journalistes palestiniens à boycotter le prix de la liberté de la presse organisé par l’autorité palestinienne en solidarité avec Youssef Al Shayeb. Pour sa part, l’Union des Jeunes Ecrivains Arabes ainsi que le Forum des Jeunes Ecrivains Palestiniens se disent consternés par l’arrestation du journaliste.L’arrestation de Shayeb expose un double langage du gouvernement palestinien quand il s’agit de la liberté d’expression. En public, Fayyad dit à son peuple et au reste du monde combien il se soucie de la liberté d’expression. Dans les coulisses, les agents de sécurité de Fayyad arrêtent et intimident tout journaliste qui dénonce la corruption où qui critique le gouvernement palestinien.
Pour éviter d’engager la responsabilité de Fayyad, ses assistants expliquent que « le premier ministre n’a aucun contrôle réel sur les forces de sécurité palestinienne et que Mahmoud Abbas est l’homme à blâmer pour la répression des journalistes.é
Si Fayyad n’a aucun contrôle sur les forces de sécurité, alors pourquoi son gouvernement continue à payer les salaires des dizaines de milliers de policiers palestiniens ?
Par ailleurs, qu’est-ce qui empêche Fayyad de parler contre les forces de sécurité palestiniennes s’il n’est pas heureux avec ce qu’ils font ?Comment Fayyad peut-il se distancer de ce que font aujourd’hui ses forces de sécurité tout en prenant le crédit pour le rétablissement de l’ordre en même temps ?
Et comment Fayyad peut-il dire qu’il lutte sérieusement contre la corruption quand l’Autorité Palestinienne arrête un journaliste qui dénonce un scandale de corruption dans une mission diplomatique?
Même si Fayyad n’a pas un contrôle direct sur les diverses branches des forces de sécurité palestiniennes – comme il le prétend – son poste de Premier ministre ne l’absout pas de l’entière responsabilité de ce qui se passe dans les territoires qui sont sous sa juridiction .
Un premier ministre qui ordonne à ses agents de sécurité d’arrêter un journaliste pour un article n’est pas un «réformiste». Il n’est pas non quelqu’un qui mérite le respect de la communauté internationale pour avoir l’esprit « libéral et ouvert. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Nous vous invitons ici à donner votre point de vue, vos informations, vos arguments. Nous refusons les messages haineux, diffamatoires, racistes ou xénophobes, les menaces, incitations à la violence ou autres injures. Merci de garder un ton respectueux et de penser que de nombreuses personnes vous lisent.
La rédaction