dimanche 3 novembre 2013

La Tunisie : les technocrates et les espérances vaines



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 Les partis de la Tunisie n’ont pas réussi à tomber d’accord sur la candidature du chef du gouvernement de transition. Au cours des débats se passant dès le 25 octobre, le parti au pouvoir « Ennahda » et l'opposition se sont mis d'accord que la commission spéciale s'occuperait du choix du futur Premier ministre. Les experts doutent que le nouveau cabinet puisse sortir le pays de la crise politique, ils excluent cependant la répétition du scénario égyptien avec l'arrivée au pouvoir des militaires.


Quand la commission validera la candidature du nouveau premier ministre, il devra former pendant deux semaines le cabinet composé de technocrates sans-parti. Cet organisme remplacera le gouvernement du parti islamiste modéré « Ennahda », qui est d'accord en principe pour partir en démission. À vrai dire, sous une réserve : son chef Ali Larayedh promet de partir seulement quand la nouvelle constitution sera ratifiée et annoncera la date des futures élections. À la fin de novembre, l'assemblée constitutive doit élaborer une nouvelle constitution et approuver la composition de la commission électorale. Les discussions sur le projet de la loi fondamentale se passent depuis 2 ans déjà. Dans la variante actuelle, il y a des articles qui font douter du caractère laïc du régime tunisien. Le chercheur de l'Institut de l'orientalisme de l'Académie des Sciences de Russie Vasily Kouznetsov est persuadé que la fin de novembre – c’est le délai non réaliste pour la ratification du document.

« On peut ratifier la constitution par deux moyens. Soit deux tiers d'assemblée constitutive doivent voter pour elle ce qui est douteux, soit il faut un référendum. Les islamistes sont intéressés par le référendum, parce que l'on peut toujours préparer l'opinion publique. S’il y a le référendum, qui prendra, par exemple, un mois, après cela, il faut un mois ou deux pour la préparation des listes électorales, de la commission et cetera. Alors, dans le premier trimestre de 2014, les élections sont possibles. Leur tenue avant le Nouvel an est impossible, c'est du populisme pur et simple. »

L’incertitude au sujet du nouveau gouvernement, le désir caché de « Ennahda » de rester au pouvoir – comme l'opposition le soupçonne - donne peu d'espoirs de sortie rapide du pays de la crise. Les meurtres des deux politiques d'opposition cette année donnent l'impulsion. L'opposition a accusé publiquement « Ennahda » de l'incapacité de protéger le pays contre les extrémistes et a exigé sa démission, continue Vassily Kouznetsov.

« La crise politique dure en Tunisie depuis six mois. Le gouvernement actuel est incapable de la régler. L’expansion du terrorisme dans le pays, d'une part, est liée aux raisons objectives – les frontières ouvertes, le transfert de l'arme du Mali vers le nord de l'Afrique, le jihadisme. D'autre part, les premières organisations radicales islamistes ont commencé à agir lorsque le Premier ministre actuel était le ministre de l’Intérieur. Il les laissait faire... »

Beaucoup d’islamistes liés avec l’Al-Qaïda sont sortis des prisons pendant le printemps arabe. Il n'est pas exclu que le rejaillissement de la violence soit lié avec ce fait. Au cours des dernières semaines, dans le pays, étaient tués quelques policiers. Et mercredi dernier, dans les stations balnéaires de Sous et de Monastir, un kamikaze a commis un attentat suicide sur la plage, la deuxième explosion était prévenue. La tension se fait sentir dans la capitale aussi: cette semaine, il y a eu des collisions des étudiants des camps adverses, ainsi qu’un meeting monstre avec l'exigence du départ d'Ali Larayedh.

Selon les pronostics des experts, la situation instable en Tunisie se prolongera au minimum pendant quelques mois. Probablement, les islamistes modérés resteront au pouvoir, en coalition avec des partis laïcs. Encore une variante : la coalition composée de partis exceptionnellement laïcs. Mais compte tenu de la popularité des idées islamiques dans la société, ils peuvent prendre les slogans des partis islamiques et même continuer leur cours. Dans tous les cas, le Premier ministre actuel ne saura pas garder le pouvoir. Quant au gouvernement radical, qui introduirait la charia et obligerait les femmes à porter le voile, en Tunisie, c’est impossible. L’influence de l'Europe est trop forte.
Boris Pavlichtchev

Par La Voix de la Russie

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