Ali Larayedh ou Ali Laaridh (arabe : علي العريض), né le 15 août 1955 à Médenine, est un homme politique tunisien.
Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Hamadi Jebali, il est désigné comme chef du gouvernement le 22 février 2013 par le président de la République, Moncef Marzouki.
Militantisme politique
Ingénieur de la marine marchande tunisienne, Ali Larayedh est l'un des principaux dirigeants du parti islamiste Ennahda, qu'il dirige en tant que secrétaire général jusqu'à son arrestation en décembre 1990. À partir de 1981, il est sous la pression et le harcèlement policier1. Condamné par le tribunal militaire à quinze ans de prison en 19922, il passe dix ans de sa peine à l'isolement.
À sa sortie de prison, on le voit intervenir dans de nombreuses émissions politiques sur des médias étrangers, notamment Al Jazeera, avec des contributions axées sur la question des droits de l'homme.
Ministre de l'Intérieur
La révolution de 2011, qui chasse le président Zine el-Abidine Ben Ali du pouvoir le 14 janvier, conduit à l'élection d'une assemblée constituante le 23 octobre puis à la formation d'un gouvernement de coalition tripartite où Ennahda domine. Le 23 décembre, Larayedh figure comme ministre de l'Intérieur sur la liste du gouvernement présentée par le Premier ministre Hamadi Jebali ; il prête serment avec le reste des ministres le 24 décembre et entre en fonction le 26 décembre, après la passation des pouvoirs avec son prédécesseurHabib Essid. Il quitte le bureau politique d'Ennahda et se voit remplacé par Fathi Ayadi. L'un des principaux problèmes que doit affronter Larayedh est la situation sécuritaire du pays3.
Le 9 avril 2012, plusieurs milliers de personnes manifestent à l'occasion de la Fête des martyrs, malgré l'interdiction du ministère de l’Intérieur communiquée le 28 mars. Le jour même, alors que la manifestation commence sur l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis, la police attaque les manifestants avec du gaz lacrymogène, alors que des « barbus » se mettent à les attaquer par des jets de pierres. Des journalistes, personnalités et hommes politiques sont présents, comme Hamma Hammami, Radhia Nasraoui, Khemaïs Ksila, Emna Menif, etc. La manifestation devient de plus en plus violente, alors que les forces de l'ordre et des milices extrémistes tentent de faire reculer les protestataires4. Ces évènements déclenchent une vive réaction sur la scène politique : l'assemblée constituante crée une commission d'enquête.
Le 14 septembre, des salafistes attaquent le siège de l'ambassade américaine et la prennent d'assaut, s'attaquant aux équipements, tout en retirant le drapeau américain pour hisser l'étendard noir des salafistes. Ils détruisent aussi l'école américaine tandis que des confrontations entre les forces de l'ordre et les salafistes ont lieu devant l'ambassade5. Ce n'est que grâce à la garde spéciale de la présidence de la République que les dégâts sont limités. Ces affrontements font deux morts et 27 blessés6. Le ministre de l'Intérieur déclare alors : « nous les attendions par devant, ils sont venus par derrière ». L'une des personnes impliquées dans ces attaques est Abou Iyadh, désormais recherché par les forces de l'ordre mais qui échappe à maintes reprises à celles-ci, notamment lors de sa fuite de la mosquée El Fath à Tunis7.
Le 18 octobre, suite à une manifestation violente déclenchée par des membres des Ligues de protection de la révolution, le coordinateur de l'Appel de la Tunisie à Tataouine, Lotfi Nagdh, est grièvement blessé avant de rendre l'âme, ce qui en fait le premier assassinat politique depuis la révolution. Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l'Intérieur, annonce que le décès a été causé par une crise cardiaque, ce qui est contredit par l'autopsie qui prouve que Nagdh a été tué.
Le 26 novembre, les habitants du gouvernorat de Siliana protestent devant le siège du gouvernorat, réclamant notamment le développement de la région, de l'emploi et le départ du gouverneur Ahmed Zine Mahjoubi. Mais la manifestation dégénère rapidement pour se transformer en affrontements avec les forces de l'ordre, qui font d'abord une vingtaine de blessés, attaqués à la chevrotine. Le nombre se monte à 150 ou 220 blessés, suscitant de nombreuses réactions au sein de l'opposition et de la troïka. En signe de protestation, Siliana observe une grève générale et entame un début de marche vers la capitale pour réclamer la chute du gouvernement.
Le 6 février 2013, Chokri Belaïd, un opposant politique, est assassiné en quittant en voiture son domicile du quartier d'El Menzah VI8,9. Ce meurtre déclenche alors de nombreuses manifestations dans tout le pays. En signe de protestation contre cet assassinat, les bureaux d'Ennahda à Sfax, Monastir, Béja, Gafsa et Gabès sont brûlés et saccagés10, les manifestants demandant le départ du gouvernement ainsi que de la troïka, en dénonçant leur incompétence. Son frère accuse le parti au pouvoir, Ennahda, d'avoir fomenté cet assassinat, vu que Belaïd parlait de violence politique et disait qu'il était menacé et sur écoute11.
Le soir même, Hamadi Jebali annonce la dissolution du gouvernement, son remplacement par un autre gouvernement de technocrates, et fait part de l'organisation d'élections à aussi brève échéance que possible12,13. Le lendemain, Ennahda désavoue son numéro deux et refuse le gouvernement de technocrates14,15. Le 7 février, l'Union générale tunisienne du travail déclare une grève générale pour le 8 février sur tout le territoire tunisien16. Le même jour, Belaïd est transporté de la maison de la culture de Djebel Jelloud au cimetière du Djellaz en présence de centaines de milliers de personnes17.
Chef du gouvernement
Suite à l’échec de l'initiative de Jebali appelant à la constitution d'un gouvernement de technocrates, ce dernier présente sa démission au président de la République, Moncef Marzouki. Le Conseil de la Choura d'Ennahda propose plusieurs candidats et finit par choisir Larayedh comme nouveau chef du gouvernement. Celui-ci est officiellement nommé par Marzouki, qui le charge de former un gouvernement dans les quinze jours, avant de le soumettre au vote de confiance de l'assemblée constituante18.
Vie privée
Ali Larayedh est marié2 et père d'une fille et de deux garçons.
Il est le frère d'Amer Larayedh, élu Ennahda à l'assemblée constituante, représentant la circonscription
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La rédaction