vendredi 11 janvier 2013

Nicolas Sarkozy en difficulté dans l’affaire Karachi


Nicolas Sarkozy en difficulté dans l’affaire Karachi

En politique, une règle bien connue veut que l’on fasse feu de tout bois… et nous pouvons dire que la sphère politicienne française est probablement l’une des plus féroces qui soit. Le monde a assisté hilare il y a quelques mois à la déconfiture totale de DSK. Nous assistons depuis quelques semaines à des tentatives similaires contre l’ancien président français. Nicolas Sarkozy pourrait se trouver en très mauvaise posture après le nouveau rebondissement dans l’affaire Karachi.

Tout part d’une série de plaintes de plusieurs familles des victimes de l’attentat de Karachi contre l’ancien président français. Elles furent déposées le 18 juin 2012, tout juste quelques semaines après le départ de Nicolas Sarkozy. Les familles mettaient en exergue un texte de l’Elysée daté de septembre 2011 où il était affirmé que le nom du chef de l’Etat ne figurait pas dans les éléments du dossier. Ce petit fait anodin serait toutefois considéré comme une violation du sacro-saint principe d’indépendance de la justice, l’Elysée n’étant pas censé être au courant de la teneur des pièces d’un dossier judiciaire… 


Dans un premier temps, les juges ont contrecarré les réquisitions du parquet, le Président étant protégé par l’article 67 de la Constitution qui stipule l’immunité pour « des actes accomplis en qualité de Président de la République ». Trois juges, Sylvia Zimmermann, Sabine Kheris et Camille Palluel sont toutefois sortis du bois pour s’emparer de l’affaire et déclarer que les fonctions de Président de la République étaient incompatibles avec l’ingérence dans les affaires de la justice en vertu du principe de la séparation des pouvoirs et pour des raisons démocratiquement évidentes. 


Pour le quotidien français Le Monde,la plainte pourrait s’étendre et viser les collaborateurs proches du Président, notamment Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement de l’époque, et Franck Louvier, un des membres du cabinet présidentiel, qui seraient eux-mêmes désignés comme ayant pris part à ce qui pourrait être considéré comme une entrave à la justice. Les médias, largement relayés par les internautes, avaient menacé de s’en prendre au Président Sarkozy dès avant sa défaite électorale. Il semble bien que cette fois, le piège se referme sur l’ancien Président mis en difficulté. 


L’affaire évoque évidemment certains précédents. Si François Mitterrand avait vécu ne serait-ce que quelques années de plus, il est probable que la Justice aurait eu fort à faire avec lui, et nous nous souvenons aussi de son successeur, Jacques Chirac, qui une fois ses mandats accomplis fut finalement rattrapé dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris. Quant à François Hollande, dès le début de son mandat, ses interférences dénoncées avec le pouvoir judiciaire à propos de sa compagne, prompte à porter des plaintes, ont déjà défrayé la chronique. De mémoire de républicains, sous la Vème République, du moins depuis Georges Pompidou non compté, les interférences et les chocs entre les pouvoirs ont été nombreux. L’intervention des juges prouve à la fois que la Démocratie fonctionne, mais aussi qu’elle est malade et que les garde-fous ne sont pas superflus pour limiter la soif de pouvoir des élus, même au plus haut niveau de l’Etat. 


La difficulté dans ce genre d’affaires, au-delà de l’aspect technique et judiciaire, réside dans les dommages collatéraux infligés aux différents acteurs. Derrière les acharnements médiatiques, il se cache quelques évidences. La duplicité et la malhonnêteté d’un Président comme François Mitterrand ne fait toujours pas l’unanimité malgré les preuves évidentes qui ont émergé. C’est que l’homme est passé du statut de Président à celui de symbole, et la mort qui gomme ou qui au contraire met à jour des faits n’est pas républicaine au sens de l’Egalité. La politique politicienne et les partis pris sont trop à vifs, trop acérés et acerbes pour que la vérité puisse être établie, parfois même à travers l’histoire, elle-même manipulée et traversée de courants politiques divergents. 


Faut-il en conclure que toutes les affaires de ce genre ne sont que des manipulations, des chausse-trappes politiciennes savamment orchestrées ? Nous savons que ce n’est pas toujours le cas, mais force est de constater que, bien souvent, ces affaires arrivent à point nommé pour déclencher un raz-de-marée providentiel ou faire un croc-en-jambe à un adversaire gênant ou ayant un genou à terre. Il est probable que les politiques de l’époque de Jacques Chirac n’avaient pas non plus mesuré que le passage au quinquennat multiplierait les batailles médiatiques électorales et que la société française, déjà bien malade, serait en proie à d’intenses écartèlements et batailles verbales fratricides. 


La multiplication des réseaux sociaux et le succès d’Internet montrent bien à travers les petits commentaires attachés aux pseudos, ou même les commentaires déposés sous les articles, que les Français sont de plus en plus confrontés les uns aux autres. Depuis les effroyables moments ou comme Saturne, la Révolution française dévorait ses enfants, la société politique républicaine a fait son chemin. Il n’y a plus de guillotine pour les opposants malheureux au parti dominant, Dieu merci ! Mais force est de constater que les combats politiques dont la France se rappelle quelques artistes, dont le fameux « Père la victoire » aussi dénommé « le Tigre » ou le « tombeur de ministères », Georges Clemenceau, que ces combats sont loin de s’apaiser. Au contraire, ils se sont démocratisés et ils sont descendus dans la société. 


De haut en bas, du Président de la République au simple citoyen, la pyramide sociétale française nous donne l’image d’une société torturée. La succession des « affaires » dans les médias est un signe qui ne trompe pas. D’aucuns diront que c’est un signe de bonne santé, nous aurions tendance à dire qu’au contraire les divisions sont de plus en plus fortes, de plus en plus tenaces, véhiculant la haine et le mépris de l’autre, de « l’ennemi politique », au point que nous entendons de plus en plus de Français déclarer ne pouvoir fréquenter d’autres gens que ceux qui professent les mêmes opinions. Nicolas Sarkozy avait parlé de réconciliation des Français. François Hollande a repris ce thème à sa manière, c’est une préoccupation désormais de plus en plus constante de certains Français qui expriment leurs inquiétudes en partie par l’abstention. 
Si Nicolas Sarkozy était rattrapé lui-aussi par l’histoire et par la justice, les Français auraient le triste privilège d’aligner successivement cinq présidents mis en cause, et un sixième déjà sur les rangs. La présidence se trouve donc désacralisée, réduite à sa simple expression de fonctionnaire de l’Etat. Mais au-delà, c’est toute la République qui est discréditée et avec elle toutes les institutions, apportant son lot de doutes, de rancunes, de haines et de représailles. Cet ultime événement d’une affaire parmi d’autres, démontre aussi la nécessité absolue non pas d’une réforme de la Constitution, mais de la création d’une nouvelle pour prendre en compte les évolutions politiques et historiques d’une France qui n’est plus celle de 1958 

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