PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Ce devrait être le grand soir. Jeudi 6 septembre, à 22h10 (4h10 vendredi en France), le président américain, Barack Obama, investira la scène de la convention démocrate de Charlotte (Caroline du Nord). Il entamera ainsi la dernière ligne droite de sa campagne pour l'élection présidentielle américaine du 6 novembre.
Avant ce grand discours, son épouse et diverses personnalités politiques se sont succédé à la tribune. Car cette convention, savamment orchestrée, doit avant tout permettre à Barack Obama de remonter dans les sondages. Démocrates, mais aussi républicains, auront vendredi les yeux rivés sur l'éventuel rebond des intentions de vote en faveur du président sortant. FTVi vous détaille la stratégie que Barack Obama a adoptée pour y parvenir.
Un maire hispanique pour séduire la communauté latino
Charismatique maire démocrate, d'origine mexicaine et âgé de 37 ans, Julian Castro s'est distingué comme "l'atout latino" de Barack Obama, lors de cette convention démocrate. Un "grand orateur" qui doit attirer le vote des Hispaniques, la plus importante minorité des Etats-Unis.
Julian Castro a bénéficié d'une place de choix. Le maire de San Antonio (Texas) s'est vu attribuer le keynote speech, l'un des discours phares de toute convention, traditionnellement réservé à la génération montante d'un parti. Il a pris la parole mardi soir, juste avant la Première dame, devenant ainsi le premier Hispanique à intervenir sur ce créneau. En 2004, c'est un certain Barack Obama, alors jeune élu de l'Illinois, qui s'était distingué à cette place, en électrisant la foule.
La comparaison entre les discours des deux hommes était donc attendue. Plusieurs médias, comme l'édition américaine de l'hebdomadaire The Week (lien en anglais), se sont prêtés au jeu des sept différences. Barack Obama avait prononcé un discours mémorable, de l'avis du site About.com, le défi pour Julian Castro était donc de taille. Il a finalement réussi à galvaniser les troupes. Surtout, "il a raffermi un des piliers du cœur de cible de l'électorat de Barack Obama, les Hispaniques", analyse André Kaspi, spécialiste de l'histoire des Etats-Unis, contacté par FTVi.
Julian Castro, le maire de San Antonio (Texas), pendant son discours le 4 septembre 2012 à la convention démocrate à Charlotte (Caroline du Nord).
(STAN HONDA / AFP)
Raviver la flamme, l'objectif de la Première dame
Barack Obama est "le même homme" qu'en 2008, a martelé mardi soir Michelle Obama. La Première dame des Etats-Unis a tenté de recréer la magie qui avait opéré il y a quatre ans. Elle a affirmé que les années passées à la Maison Blanche n'avaient pas changé son mari, puis insisté sur le rêve américain "qu'il a vécu". Elle s'est montrée passionnée, les yeux parfois brillants pour signifier son émotion et insister sur les bons sentiments.
Populaire, en particulier chez les femmes américaines, un autre cœur de cible de l'électorat d'Obama, la Première dame est un "atout considérable" pour le président américain, estime André Kaspi. "Elle permet à Obama, froid et parfois maladroit dans ses discours, de se rapprocher des électeurs", précise-t-il. "Elle est une machine de communication à elle seule", ajoute sur Le Plus Aurore Gorius, chroniqueuse politique.
La "valeur ajoutée" : un ancien président à la tribune
Bill Clinton superstar de la convention démocrate. Les militants du parti ont ovationné et longuement applaudi l'ancien président américain mercredi soir, après une heure de discours. Faisant rire la salle, s'éloignant régulièrement de son texte, il a mis tout son poids dans la balance pour convaincre les Américains que le président saurait restaurer l'économie s'il était réélu. "Bill Clinton est de retour pour sauver le 'soldat' Obama", affirme Le Figaro. Le quotidien précise que l'ancien président bénéficie toujours de 66% d'opinions favorables aux Etats-Unis.
Mercredi soir, Bill Clinton était aussi chargé de désigner formellement Barack Obama comme le candidat démocrate à la présidentielle du 6 novembre. Celui-ci l'a rejoint à la fin de son discours, et les deux hommes se sont serrés dans les bras. L'image était d'autant plus réussie que Bill Clinton avait fait campagne pour sa femme, Hillary, lorsqu'elle était candidate à la primaire démocrate en 2008. "A voir l'égo le plus radiant de l'histoire politique reconnaître 'qu'aucun président, pas même moi, n'aurait pu réparer une économie aussi dégradée en si peu de temps', on ne peut qu'admirer le chemin parcouru depuis 2008 par les deux ennemis d'hier", résume Philippe Coste, le correspondant de L'Express aux Etats-Unis.
"Bill Clinton est une grande valeur ajoutée, estime André Kaspi. Aujourd'hui le scandale avec Monica Lewinsky est oublié. Pour les Américains, il évoque seulement une époque pendant laquelle les Etats-Unis ne connaissaient pas la crise, une période de prospérité."
Incarner le président du possible
"Le progrès est difficile. Le changement peut être lent", a reconnu Barack Obama dans ses derniers discours. Une façon d'adapter son slogan de campagne de 2008, "Change we can believe in" ("Nous pouvons croire au changement"). Le président sortant doit à la fois assumer un bilan qui a déçu certains électeurs de 2008 et continuer à incarner le changement.
L'équation est difficile, mais il doit y parvenir pour être réélu. "Dans son discours de clôture de la convention démocrate, Barack Obama doit promettre beaucoup et montrer qu'il est le seul capable de redresser l'économie américaine. Il va certainement aussi 'taper' sur son adversaire : c'est une stratégie politique importante aux Etats-Unis", analyse André Kaspi. "Il fera probablement de grandes envolées sur le rêve américain et vous serez ému(e)", conclut l'historien. Barack Obama peut ainsi espérer clore en beauté la convention démocrate.
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