Les policiers de Benghazi refusent de servir sous les ordres de l'homme nommé par le gouvernement pour superviser la sécurité dans la grande ville de l'Est libyen depuis l'attaque qui a coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis le 11 septembre.
Salah Doghman, nommé par le gouvernement de Tripoli pour remplacer à la fois le chef de la police de Benghazi et le vice-ministre de l'Intérieur en charge de la Cyrénaïque, l'est du pays, a prévenu mercredi à Reuters qu'il ferait appel à l'armée s'il n'est pas en mesure de faire son travail.
Les deux responsables, le policier Hussein bou Ahmeida et le vice-ministre Wanis al Charif, ont été limogés par le ministère de l'Intérieur après l'attaque du consulat américain dans laquelle l'ambassadeur et trois autres Américains ont trouvé la mort. Mais l'un comme l'autre n'ont pas quitté leur poste.
Les policiers locaux estiment que les deux hommes sont des boucs émissaires et menacent de démissionner en masse s'ils sont contraints au départ.
"C'est la pagaille", a déclaré Salah Doghman. "Quand on va au siège de la police, on découvre qu'il n'y a pas un seul policier. Les personnes en charge ne sont pas à leur bureau. Ils refusent de me laisser prendre mes fonctions."
"J'ai un document. J'ai une déclaration du ministre lui-même. Si je ne prends pas ces deux postes, les gens ne respecteront pas le gouvernement", a-t-il ajouté.
"J'ai téléphoné au ministère de l'Intérieur. Je leur ai dit d'agir, même de recourir à l'armée s'il le faut."
Benghazi, berceau de la révolution libyenne de 2011 à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli, abrite de nombreux groupes armés, y compris des islamistes qui proclament ouvertement leur hostilité à la démocratie et à l'Occident.
Certains miliciens ont été identifiés par des habitants comme ayant participé à l'assaut contre le consulat la semaine dernière, traité par Washington comme une attaque terroriste.
Des responsables américains venus enquêter à Benghazi n'ont pas encore été en mesure de visiter le bâtiment calciné de la mission où a péri l'ambassadeur, en raison du chaos ambiant.
Un haut responsable de l'antiterrorisme américain a déclaré mercredi qu'à ce stade de l'enquête, rien n'indiquait que l'attaque avait été planifiée pour le 11e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, évoquant plutôt une attaque "opportuniste" qui a évolué au cours des heures.
En pleine campagne électorale en vue de la présidentielle du 6 novembre, un débat s'est ouvert aux Etats-Unis sur le fait de savoir si le consulat avait été correctement protégé.
Selon des assistants parlementaires souhaitant rester anonymes, cinq agents de sécurité civils américains travaillaient dans la mission.
Le département d'Etat a d'autre part indiqué qu'il avait chargé une société privée basée en Grande-Bretagne, Blue Moutain Group, de recruter des Libyens pour assurer les tâches de sécurité quotidiennes telles que le passage au détecteur de métal ou la fouille des véhicules.
Howard McKeon, président républicain de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, s'est étonné au sortir d'une réunion à huis clos avec des responsables du Pentagone qu'aucun militaire américain n'ait été affecté à la sécurité de la mission, alors que le consulat avait déjà été visé cette année par une attaque.
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a tenté par avance de parer aux critiques en déclarant mardi que la sécurité des Américains à Benghazi comprenait "une unité des forces de sécurité du pays d'accueil ainsi qu'une garde locale semblable à celles sur lesquelles nous nous appuyons dans de nombreux pays".
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La rédaction