dimanche 9 septembre 2012

Les 2 guerres mondiales et la guerre de la mondialisation

Les 2 guerres mondiales et la guerre de la mondialisation
Rapprochement surprenant tant les faits correspondants sont incomparables aussi bien du point de vue de leur nature que de celui de l’ampleur en termes de drames humains. Pour autant il est des aspects qui rassemblent ces deux types d’événements.


La Chute de Babylone, Marie-Hélène Fournier
Le premier est celui des déficits publics, de la dette correspondante devenue abyssale dans l’un et l’autre cas, et de sa gestion au terme d’un moment que l’on peut appeler effondrement.
Le second lui est lié , il s’agit de la plus ou moins grande conscience du fait monétaire lui-même : quel degré de liberté, quel recul, ces événements introduisent-ils dans l’aliénante loi d’airain de la monnaie ?
Au-delà, la légitimité d’un rapprochement suppose celle de l’expression de guerre de la mondialisation. Comment parler de guerre si ces organisateurs traditionnels des conflits que sont les Etats se dissolvent dans un marché mondial? La réponse est évidemment très simple et nous savons que la mondialisation n’est qu’une phase spécifique de l’aventure étatique : il n’existe pas de dissolution mais une simple déformation de structures qui non seulement restent granitiques (Chine, USA, etc.) mais au surplus se multiplient par fragmentation ou recomposition (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Soudan, etc.).
La guerre de la mondialisation est ainsi une guerre économique dans laquelle les Etats sont pleinement impliqués dans des fonctions logistiques organisationnelles ou d’ intendance, et fonctions qui ne sont pas complètement étrangères à celles validées dans les guerres classiques.
Enfin le rapprochement est intéressant en ce que les dettes publiques susvisées, dans l’un et l’autre cas, disparaissent souvent – totalement ou partiellement – soit de façon involontaire (inflation) soit de façon négociée (« Hair-cut » apparaissant sous la forme d’un traité : Allemagne 1953, Grèce 2012, etc.)
Les déficits publics relatifs aux deux guerres mondiales ne sont pas des problèmes mais des solutions face aux exigences engendrées par le caractère total de ces 2 conflits. Solutions qui mettront en évidence l’aspect aisément dépassable de la loi d’airain de la monnaie. La production des moyens de production de la guerre ne suppose aucune ressource financière préalable : elle se contente d’une sur-mobilisation de moyens techniques et humains. Personne n’a jamais évoqué, ou ne s’est soucié, du coût financier de la gigantesque mobilisation de moyens humains et matériels représentée par les impératifs du débarquement du 6 juin 1944. A l’inverse du vécu des Despotes de l’Antiquité qui, victimes de la loi d’airain de la monnaie, devaient limiter la violence à l’intérieur de contraintes fixées par les limites d’un stock de métal.
L’Argent cesse en 1914 et en 1939 d’être le nerf de la guerre. Découverte majeure que les contemporains de l’époque n’ont pas toujours compris.
Et parce que la loi d’airain de la monnaie est au moins partiellement et provisoirement éloignée des croyances humaines, les immenses efforts de reconstruction peuvent aussi s’opérer sans de grandes difficultés de financement. Cela signifie que les suites de l’effondrement militaire permettent, et la reconstruction, et la relative gestion de la dette. Coût des guerres mondiales et coût des reconstructions sont exemptés de la camisole de la loi d’airain, et les responsables politiques, bénéficient d’un prêteur en dernier ressort aux possibilités illimitées : les banques centrales sont au-delà des apparences dans les mains des Trésors.
L’effondrement financier actuel présente une dimension planétaire : parti des USA en 2007, son essaimage n’a fait que se développer depuis 5 années et plus personne n’oserait aujourd’hui évoquer – comme cela était encore le cas en 2009 et 2010 – la grande solidité du secteur bancaire espagnol ou italien. Essaimage spatial, mais aussi qualitatif, et les Etats furent rapidement contaminés pour aboutir à une situation d’insolvabilité qui n’est plus aujourd’hui contestée. C’est l’effondrement financier, et non plus la guerre qui développe de gigantesques déficits publics.
Mais l’effondrement financier n’est que la conséquence de la guerre de la mondialisation déclarée depuis une trentaine d’années.
Ce sont les dysfonctionnements du paradigme fordien qui vont accélérer – dans des conditions inouïes – une violence sur les marchés que ce même paradigme, dans sa phase d’épanouissement, avait si bien contenu : la concurrence très organisée et limitée jusqu’ici, ne connait plus de barrières. Le basculement vers la mondialisation ne permet plus de garantir un équilibre entre offre globale et demande globale nationale. Chaque marché devenant mondial, les coûts de production cessent d’avoir pour contrepartie, des débouchés pour un même montant : ils ne sont plus que des coûts à comprimer drastiquement. D’où aussi l’urgente nécessité d’une bonne stabilité des prix, et donc la mise en place d’outils de désinflation.
La mondialisation débouche sur une concurrence entre Etats chargés d’assurer la bonne insertion d’un appareil productif dans un espace mondial. Et parce qu’elle développe une surproduction mondiale au regard de normes de consommation à réduire drastiquement, la violence de la concurrence, donc la dureté de la guerre économique ne fait que se développer.
La dislocation de la vieille cohérence fordienne peut momentanément être contenue par le développement de la finance. Les déficits extérieurs peuvent être financés par création monétaire et ce d’autant plus facilement qu’existe une monnaie de réserve (dollar) permettant un “déficit sans pleurs“. On peut même multiplier les monnaies de réserves, en inventant des monnaies uniques, libérant chaque Etat du souci du solde extérieur (Euro). Ces déficits s’approfondissent avec l’affermissement de la mondialisation et correspondent à la création d’une pyramide de dettes…comme au vieux temps des guerres mondiales.
Mais cette dislocation qui entraine aussi la fin de la « moyennisation » des sociétés ayant rencontrées le fordisme et développe la sous-consommation de ceux qui vont – guerre de la mondialisation oblige – connaitre des revenus comprimés ou bloqués, peut être aussi retardée par le développement du crédit, donc de la finance. Encore un empilement de dettes issues de la guerre de la mondialisation.
C’est donc la mondialisation qui développe une hypertrophie financière, laquelle tel un air-bag vient adoucir le choc de la violence de la guerre économique.
Ce sont les lois mêmes du fonctionnement de la guerre de la mondialisation qui développe les dettes et à terme l’insolvabilité privée et publique. Avec cette fausse conclusion- largement diffusée dans les vieux pays fordiens – qu’on ne peut plus continuer à vivre à crédit.
C’est donc finalement la guerre, ici économique, qui débouche comme pour les deux guerres mondiales, sur des déficits et une dette publique gigantesque accumulée depuis le virage vers la mondialisation.
Mais alors que les dettes publiques n’étaient au fond que largement virtuelles, lors des deux guerres mondiales, en raison de la fin de la camisole de la loi d’airain, la situation est complètement inversée avec la guerre de la mondialisation.
Alors que les guerres mondiales de par leur caractère illimité ont fait inventé l’illimitation du préteur en dernier ressort (banque centrale dans les mains du Trésor), la guerre de la mondialisation , elle-même tout aussi illimitée ( la fameuse « concurrence libre et non faussée ») devait se nourrir du retour à la loi d’airain de la monnaie. La concurrence libre et non faussée, c’est aussi l’indépendance des banques centrales par rapport à leurs Etats, acteurs de la guerre de la mondialisation.
Cette situation complètement inversée, ne permet pas avec l’effondrement financier de trouver les moyens d’une reconstruction. Ainsi les pays du sud de la zone euro, victimes d’une loi d’airain particulièrement sévère en raison de la très stricte indépendance de la BCE, ne trouveront pas au terme de l’effondrement les moyens d’une reconstruction. Grèce, Espagne, Portugal, etc. sont irrémédiablement condamnés dans le paradigme de la mondialisation.
Ajoutons à cette constatation que l’effondrement, c’est-à-dire la crise financière n’a rien à voir avec un effondrement militaire qui, en 1918 et en 1945, mettait fin à la guerre et ouvrait une période de reconstruction. La guerre de la mondialisation est en principe – sauf changement radical de paradigme – une guerre continue se pérennisant bien au-delà de tel ou tel effondrement particulier. De ce point de vue , demander aux pays de l’Europe du sud de rester dans l’espace mondialisé, c’est un peu comme si on avait demandé à l’Allemagne, ou au Japon, de continuer la guerre après leur effondrement militaire.
Face à une telle impasse , les entrepreneurs politiques continueront d’essayer de retarder les échéances et ce d’autant que l’effondrement du système financier ne saurait se limiter aux seuls pays du sud. D’où la pression qui sera croissante sur les banques centrales et en particulier la BCE.
LA CRISE DES ANNEES 2010

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