Chacun en Russie connaît dès l’enfance « ce nom joyeux de Pouchkine », grand poète russe dont l’anniversaire est célébré tous les ans partout dans notre pays.
Au début de l’été les villes, les domaines, les villages, les musées, les lieux qu’il a visités ou où il n’a jamais été sont pénétrés de son œuvre. L’esprit d’art élevé règne partout. C’est ce qui nous inspire, nous réjouit, nous instruit, nous pousse à réfléchir et à rêver.
On n’oublie pas non plus le jour de la mort d’Alexandre Pouchkine.
Notre émission est consacrée à cette date.
Blessé le 8 février 1837 en duel contre Georges Dantès, Alexandre Pouchkine ayant subi d’immenses tourments décède le 10 février à Saint-Pétersbourg, dans un appartement sur le quai de la Moïka où se trouve maintenant le musée mondialement connu.
Les Pétersbourgeois restent jour et nuit pendant deux jours sur le quai, devant ses fenêtres en espérant un miracle. Or, le miracle ne se produit pas, le poète est mort mais le miracle du génie d’Alexandre Pouchkine n’a pas disparu.
Il a écrit beaucoup d’œuvres en prose. Ses poésies, ballades, son roman en vers Eugène Onéguine sont musicaux et c’est pour cela que des romances et des opéras ont été créés sur ses vers : La Dame de pique, Rouslan et Ludmila, Le Coq d’or.
Il est possible de traduire la prose de Pouchkine en exprimant le « pouls » de l’auteur mais il est pratiquement impossible de reproduire en langue étrangère sa poésie : profondément populaire, originale, parfois ironique, souvent tragique qu’on lit avec le cœur. Est-ce vraiment possible de traduire le cœur ?
Or, il existe parmi ses multiples poésies celles qu’il ne faut pas traduire en français.
Oui ! Pouchkine a écrit des vers en français. Quelques-uns seulement mais ils existent et nous vous offrons, chers auditeurs, la possibilité de ressentir la poésie vivante de Pouchkine.
MON PORTRAIT
Vous me demandez mon portrait,
Mais peint d’après nature;
Mon cher, il sera bientôt fait,
Quoique en miniature.
Je suis un jeune polisson,
Encore dans les classes ;
Point sot, je le dis sans façon
Et sans fades grimaces
Oui, il ne fut de babillard,
Ni docteur en Sorbonne –
Plus ennuyeux et plus braillard,
Que moi-même en personne.
Ma taille à celles des plus longs
Las ! n’est point égalée
J’ai le teint frais, les cheveux blonds
Et la tête bouclée.
J’aime et le monde et son fracas,
Je hais la solitude
J’abhorre et noises et débats,
Et tant soit peu l’étude.
Spectacles, bals me plaisent fort,
Et d’après ma pensée.
Je dirais ce que j’aime encore...
Si je n’étais au Lycée.
Après cela, mon cher ami,
L’on peut me reconnaître:
Oui ! tel que le bon Dieu me fit
Je veux toujours paraître.
Vrai démon pour l’espièglerie,
Vrai singe par sa mine,
Beaucoup et trop d’étourderie.
Ma foi, voila Pouchkine.
Cette poésie est écrite en 1814 par un lycéen tout jeune. C’est au Lycée qu’Alexandre Pouchkine mérite le nom de « Français » parce qu’il connaîssait cette langue mieux que les autres.
Pouchkine a grandi dans un milieu culturel où l’on parlait français parfois mieux que la langue maternelle, où on lisait la poésie française, où l’on écrivait les lettres en français, où l’on s’initiait à la littérature étrangère en lisant les œuvres traduites en français. La culture française est pour Pouchkine le milieu où il se sent parfaitement à son aise.
Nous proposons à votre attention encore une poésie écrite également en 1814.
STANCES
Avez-vous vu la tendrе rose,
L’aimable fille d’un beau jour,
Quand au printemps à peine éclose,
Elle est l’image de l’amour ?
Telle à nos yeux, plus belle encore,
Parut Eudoxie aujourd’hui;
Plus d’un printemps la vit éclore,
Charmante et jeune comme lui.
Mais, hélas ! Les vents, les tempêtes,
Ces fougueux enfants de l’hiver,
Bientôt vont gronder sur nos têtes,
Enchaîner l’eau, la terre et l’air.
Et plus de fleurs, et plus de rose !
L’aimable fille des amours
Tombe fanée, à peine éclose
Il a fui, le temps des beaux jours !
Eudoxie ! Aimez, le temps presse.
Profitez de vos jours heureux !
Est-ce dans la froide viellesse
Que de l’amour on sent les feux ?
C’était une émission en mémoire du grand poète russe. /L
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La rédaction