Comment sortir de cette difficile situation ? Quand et de quelle manière devront se dérouler les prochaines élections en Égypte ? C’est à ces questions qu’a répondu Amr Moussa, célèbre homme politique égyptien, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de la Ligue arabe, dans un entretien exclusif à La Voix de la Russie.
Après la destitution d’Hosni Moubarak en 2011, Amr Moussa avait fondé, avec des amis politiques, le Front de Salut National (FSN), dont il est toujours un des dirigeants. Cette organisation a beaucoup critiqué les islamistes ces derniers temps et, pour beaucoup, elle pourrait maintenant remporter un succès aux prochaines élections parlementaires en Égypte.
- Selon vous, une sortie de l’actuelle crise politique est-elle possible ?
L’Égypte sortira forcément de cette crise politique. Il faut bien comprendre qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Cela veut dire que l’ancien président Morsi a quitté son poste pour toujours. Il ne reviendra pas. Si nous arrivons à nous comprendre sur ce point, alors nous pourrons discuter de tout le reste. Pour que nous allions tous de l’avant, il faut parvenir à un accord. Et, surtout, mettre fin aux violences.
- Mais les Frères musulmans et leurs partisans continuent à manifester contre la destitution de Morsi.
C’est de cela qu’il s’agit. Il faut d’abord mettre fin aux violences. L’État ne peut pas tolérer les violences, et encore moins la terreur. En ce qui concerne le retour de Morsi à la présidence, je ne vois aucune possibilité que cela se produise. C’est impossible. Morsi ne sera plus jamais président de l’Égypte.
- Que conseilleriez-vous aux partisans islamiques qui se rassemblent dans les places de la ville ? De rentrer chez eux ?
Bien sûr. C’est justement ce qu’il faut faire maintenant. Il faut que les gens rentrent chez eux et restent calmes. La situation s’améliorera rapidement. Il faut que les manifestations cessent en Égypte, et les violences qui les accompagnent aussi.
Les Frères musulmans, comme tous les citoyens, ont le droit d’exprimer leur opinion. Ils ont incontestablement le droit de se rassembler et de manifester pacifiquement. Mais pas avec ce genre de manifestations, durant lesquelles il y a violences et destructions. Et pas d’une façon qui trouble le cours normal de la vie des autres citoyens égyptiens.
- Comment les événements vont-ils évoluer par la suite ? Que va-t-il se passer concernant la constitution et les élections ?
Une commission (composée de dix personnes, ndlr), qui travaille actuellement sur la nouvelle constitution, devrait se prononcer à la fin du mois d’août. Ensuite, le projet sera examiné par une autre commission, plus élargie, de 50 membres. Elle préparera le projet final de constitution, qui sera proposé aux autorités pour examen et fera l’objet d’un référendum.
Ainsi, l’Égypte aura sa feuille de route et pourra aller de l’avant. Et les partis politiques les plus variés sont d’accord. Le problème, ce sont les Frères musulmans seulement. Nous pouvons aller de l’avant tous ensemble.
- Alors, quand pourrait avoir lieu une élection présidentielle en Égypte ?
Début 2014.
- Serez-vous candidat ? Vous avez récemment laissé entendre que c’était peu probable, mais vous avez peut-être changé d’avis.
J’ai en effet pris la décision de ne pas participer à cette élection. Bien que, pour être franc, il y a des personnes qui essaient encore de me convaincre de me présenter. Mais je ne changerai pas d’avis.
- En tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de la Ligue arabe, que pensez-vous de l’initiative commune de la Russie et des États-Unis d’organiser à Genève une conférence pour débloquer la situation en Syrie ?
Je pense que cela ne sera pas efficace. La conférence de Genève ne donnera pas de résultats. Cela fait plusieurs mois qu’elle doit avoir lieu, et nous l’attendons toujours. Et maintenant, une rencontre à New York dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU est prévue. Tout cela est inutile. La question syrienne doit être résolue au Conseil de sécurité de l’ONU.
- Que pourrait proposer le Conseil de sécurité ?
Je pense que des accords concernant la Syrie pourraient être conclus, entre la Russie et les États-Unis surtout. Mais ces accords doivent être négociés au Conseil de sécurité de l’ONU, et pas à une conférence quelque part à Genève. /N
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La rédaction